À partir du XIe siècle, les rois d’Angleterre et les rois de France se sont engagés dans une série de guerres apparemment interminables. Elles se déroulent tout d’abord en Europe, mais au fur et à mesure que les deux nations acquièrent des empires à travers le monde, ces conflits s’étendent à leurs possessions coloniales dans le monde entier. Les territoires de ce qui est aujourd’hui le Canada ont naturellement été pris dans ces luttes.
En 1710, dans le cadre de la guerre de Succession d’Espagne, les Britanniques s’emparent de la majeure partie de la colonie française d’Acadie, sur la côte atlantique de l’Amérique du Nord. Ils la rebaptisent Nova Scotia (Nouvelle-Écosse), bien que les habitants restent majoritairement des Français et des Micmacs mécontents de leurs nouveaux dirigeants. Les conflits armés entre les colons anglophones, les Acadiens francophones et les tribus autochtones, soutenus par les autorités françaises, sont fréquents. Les gouvernements français et anglais construisent d’impressionnantes fortifications pour contrecarrer les ambitions de l’autre dans la région. Les Britanniques établissent une base solide à Halifax, tandis que les Français érigent des forteresses à Louisbourg, sur l’île du Cap-Breton, et à Fort Beauséjour, au fond de la baie de Fundy.
Le père Jean-Louis Le Loutre, missionnaire catholique et agent provocateur français, encourage la résistance des autochtones et des Acadiens à la présence britannique et sert de lien entre les milices locales et l’armée française. Dans une lettre adressée au gouvernement français, Le Loutre explique : « Comme nous ne pouvons pas nous opposer ouvertement aux entreprises des Anglais, je pense que nous ne pouvons pas faire mieux que d’inciter les Micmacs à continuer la guerre contre les Anglais. Mon plan est de persuader les Micmacs de faire savoir aux Anglais qu’ils ne permettront pas que ceux-ci érigent de nouveaux établissements en Acadie. Je ferai de mon mieux pour que les Anglais croient que ce plan vient des Micmacs et que je n’y ai aucune part. »
À la fin des années 1740 et au début des années 1750, une période pendant laquelle la Grande-Bretagne et la France sont théoriquement en paix, Le Loutre mène une campagne de guérilla contre les colons et les forts anglais et conseille aux colons acadiens de quitter le territoire pour s’installer dans les possessions françaises.
Croyant que le fort Beauséjour est la clé de la menace militaire française dans les Maritimes, en juin 1755, une importante force de réguliers britanniques et de miliciens de la Nouvelle-Angleterre, sous les ordres du colonel Robert Monckton, entreprend le siège de la forteresse. En infériorité numérique et matérielle, la petite garnison française se rend après un bombardement intensif. Les autorités britanniques découvrent que des centaines d’Acadiens ont participé à la défense du fort, et s’inquiètent de la poursuite des actions de guérilla des Micmacs et des colons francophones.
C’est à ce moment-là que les autorités ont commencé à exiger que les Acadiens prêtent un serment d’allégeance à la Couronne britannique. Depuis plusieurs générations, ce peuple refusait de le faire, se disant pacifiquement neutre dans l’espoir que les militaires français reprennent le contrôle de leur territoire. En juillet 1755, les délégués acadiens rencontrent Charles Lawrence, le gouverneur de la Nouvelle-Écosse, qui les presse d’accepter sans réserve la souveraineté britannique, ce qu’ils refusent. Le mois suivant, Lawrence déclare aux francophones récalcitrants : « Que vos terres et propriétés, votre bétail de toutes sortes et vos animaux d’élevage de toutes sortes soient confisqués au profit de la Couronne, ainsi que tous vos autres effets, vos économies, votre argent et vos biens ménagers, et soyez vous-mêmes expulsés de cette province. »
De 1755 à 1764, plus de 10.000 Acadiens refusant de prêter serment sont déportés. Beaucoup d’entre eux voient leurs maisons et leurs récoltes brûlées pour les empêcher de revenir ; beaucoup sont emprisonnés dans l’attente de leur déportation. Des milliers d’autres s’enfuient vers divers territoires de la Nouvelle-France avant d’être appréhendés. Ils sont remplacés par des vagues de colons venus de la Nouvelle-Angleterre, ravis de se voir attribuer de riches terres agricoles, des champs et des vergers.
Appelée la Déportation des Acadiens, les personnes déplacées sont envoyées soit dans les colonies anglophones du sud, soit en Grande-Bretagne, soit en France. Leurs souffrances sont considérables : des milliers de personnes meurent à la suite de naufrages, de maladies ou de privations. Un certain nombre d’Acadiens ont rejoint la Louisiane, où leurs descendants sont connus sous le nom de « Cajuns » et où ils conservent une culture distincte jusqu’à aujourd’hui.
En 1764, à la fin de la guerre de Sept Ans, la Grande-Bretagne avait chassé la France de ses possessions nord-américaines et Londres a estimé qu’on pouvait autoriser les Acadiens à revenir dans la région. Ceux qui sont revenus ont constaté que leurs maisons et leurs fermes étaient occupées et se sont installés dans d’autres régions de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick ou de l’Île-du-Prince-Édouard.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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