Le Hamas cède le contrôle des frontières mais garde ses armes

1 novembre 2017 11:51 Mis à jour: 1 novembre 2017 11:55

Contrairement au Fatah, représenté par l’Autorité palestinienne qui reconnait Israël et est reconnu comme interlocuteur par Israël et la communauté internationale, le Hamas, lui, est considéré comme un groupe terroriste. Non seulement, ce groupe islamiste ne reconnait pas Israël mais il a comme objectif la destruction de l’État hébreu.

Aux termes d’un accord négocié par l’Égypte, l’Autorité palestinienne, entité internationalement reconnue supposée préfigurer un État palestinien indépendant, doit prendre d’ici au 1er décembre le contrôle total de Gaza.

Lors d’une cérémonie mercredi matin avec son homologue du Hamas, Nazmi Mouhanna, principal responsable de l’Autorité palestinienne pour les postes-frontières, a formellement pris le contrôle des points de passage de Rafah avec l’Égypte et de Kerem Shalom avec Israël.

Des drapeaux palestiniens et égyptiens flottaient au-dessus du terminal, avec de grandes photos du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et de son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

à un autre point de contrôle, entre la bande de Gaza et Israël, un photographe de l’AFP a également vu des installations du Hamas être démantelées.

Le ministre de l’Habitat de l’Autorité palestinienne a déclaré lors d’un bref discours que le Hamas avait cédé le contrôle de toutes les frontières.

« Nous avons commencé aujourd’hui, sous la directive du Premier ministre (palestinien Rami Hamdallah), à exercer nos fonctions en prenant (le contrôle de) tous les points de passage », a dit Moufid al-Hasayneh.

La question cruciale reste le dépôt des armes de la faction armée du Hamas qui marquera ou non la véritable allégeance du Hamas à l’Autorité palestinienne.
Photo: Des combattants « du Mouvement du Jihad islamique en Palestine » se tiennent devant l’hôpital al-Aqsa à Deir el-Balah, dans le centre de Gaza, le 31 octobre 2017, lors des funérailles de leurs combattants tués dans une opération israélienne pour éliminer un tunnel clandestin entre Gaza et Israël.
(MAHMUD HAMS/AFP/Getty Images)

Le Hamas avait pris le pouvoir par la force dans l’enclave palestinienne en juin 2007, au terme d’une quasi-guerre civile avec les membres du Fatah, son rival politique.

Le transfert du contrôle des points de passage devait être effectué au plus tard ce mercredi et était considéré comme un premier un test pour le nouvel accord, après l’échec de multiples tentatives de réconciliation ces dix dernières années.

« Il n’y a pas de jaune ou de vert. Tout le peuple palestinien (réuni) sous le drapeau palestinien », a affirmé le ministre Hasayneh, faisant allusion aux couleurs des drapeaux des partis politiques rivaux.

L’Égypte impose un blocus à la bande de Gaza depuis une décennie. Le point de passage de Rafah n’avait pas été rouvert mercredi malgré le transfert de son contrôle à l’Autorité palestinienne, mais le Hamas espère qu’il le sera dans les prochains jours ou les prochaines semaines.

Israël  a de son côté aussi largement fermé sa frontière avec l’enclave palestinienne, citant la nécessité de contrôler le Hamas, considéré par l’Union européenne et les États-Unis – comme une organisation terroriste.

Les deux millions d’habitants de la bande de Gaza souffrent d’une situation humanitaire qui ne cesse d’empirer, avec seulement quelques heures d’électricité par jour et des pénuries d’eau potable.

L’accord de réconciliation palestinienne a fait naître l’espoir qu’une ouverture plus régulière de la frontière égyptienne qui pourrait atténuer les souffrances de la population.

Robert Piper, le plus haut responsable humanitaire des Nations Unies pour les territoires palestiniens, a déclaré qu’il se rendrait mercredi à Gaza pour y discuter des conditions humanitaires.

Les principales factions palestiniennes doivent se rencontrer au Caire à la fin du mois pour discuter de la formation d’un gouvernement d’unité.

Israël a déclaré qu’il rejetterait tout gouvernement d’unité comprenant le Hamas dans lequel le mouvement islamiste ne désarmerait pas et ne reconnaîtrait pas le droit à l’existence d’Israël.

Principales dispositions et points laissés en suspens de l’accord signé le 12 octobre au Caire

– L’Autorité palestinienne, dominée par le Fatah et basée en Cisjordanie occupée, reprendra le contrôle total de la bande de Gaza, dont elle avait été chassée en juin 2007, au plus tard le 1er décembre.

– Tous les grands mouvements palestiniens, dont le Fatah et le Hamas, se réuniront en novembre au Caire pour des discussions en vue de former un gouvernement d’unité nationale.

– Le problème des dizaines de milliers de fonctionnaires employés par le Hamas sera résolu d’ici février 2018.

– Les mesures punitives prises par l’Autorité palestinienne contre le Hamas à Gaza, notamment la réduction des paiements pour l’électricité, doivent être levées.

– Le sort des 25.000 hommes de la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, n’a été évoqué dans aucune déclaration publique. Israël a assuré qu’il rejetterait tout accord dans lequel le Hamas –contre lequel il a mené trois guerres depuis 2008– ne serait pas démilitarisé. Les États-Unis ont aussi exigé le désarmement du Hamas.

– La reconnaissance d’Israël n’a pas non plus été mentionnée. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) dirigée par M. Abbas a reconnu Israël, contrairement au Hamas.

Ce dernier est classé comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne et les diplomates occidentaux assurent qu’ils n’accepteront pas un gouvernement avec des membres du Hamas si ce dernier ne reconnaît pas Israël.

 

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