Le journaliste Olivier Dubois, otage pendant près de deux ans de jihadistes au Mali, a quitté mardi matin le Niger pour Paris après sa libération survenue en même temps que celle d’un autre otage américain retenu lui pendant plus de six ans.
Olivier Dubois est parti de Niamey, a confirmé la présidence, indiquant qu’Emmanuel Macron accueillera l’ex-otage à la base aérienne de Villacoublay, près de Paris vers midi (11h00 GMT).
[A LA UNE A 18H00]
Le journaliste français Olivier Dubois a été libéré près de 2 ans après son enlèvement par des jihadistes au Mali et est arrivé à l’aéroport de Niamey au Niger, aux côtés de l’otage américain Jeffery Woodke, retenu depuis 2016 #AFP 1/5 pic.twitter.com/DNXbY6bzka— Agence France-Presse (@afpfr) March 20, 2023
Le journaliste est apparu souriant et visiblement ému lundi après-midi à sa descente de l’avion à l’aéroport de Niamey où il était accompagné de Jeffery Woodke, humanitaire américain qui avait été enlevé le 14 octobre 2016 au Niger. « Je me sens fatigué mais je vais bien », a déclaré le journaliste de 48 ans, après avoir fait de brèves accolades aux reporters présents.
Olivier Dubois, journaliste indépendant, avait été enlevé le 8 avril 2021 à Gao, dans le nord du Mali, par le GSIM, principale alliance jihadiste au Sahel, liée à Al-Qaïda. Il collaborait notamment avec le quotidien Libération et le magazine Le Point, et vivait et travaillait au Mali depuis 2015 lorsqu’il a été kidnappé.
Hommage rendu au Niger, à la France et aux État-Unis
Olivier Dubois, dont on ignore s’il est resté ou non au Mali pendant toute sa détention, était le dernier connu comme retenu en otage par une organisation autre qu’un État depuis la libération en octobre 2020 de Sophie Pétronin, également enlevée au Mali. « C’est énorme pour moi d’être là, d’être libre, je voulais rendre hommage au Niger pour son savoir-faire dans cette mission délicate et rendre hommage à la France et à tous ceux qui m’ont permis d’être là aujourd’hui », a-t-il déclaré lundi.
Le président Emmanuel Macron a exprimé lundi son « immense soulagement » et a témoigné de sa « grande reconnaissance au Niger pour cette libération », après s’être entretenu au téléphone avec le journaliste.
Au côté d’Olivier Dubois, Jeffery Woodke, cheveux blancs et soutenu par une canne, a souhaité lundi « remercier les gouvernements nigérien, américain et français ». « Vive la France », s’est exclamé celui qui avait été enlevé alors qu’il venait en aide depuis une trentaine d’années à des populations nomades avec une ONG à Abalak, dans le centre du Niger.
Le président américain Joe Biden s’est dit « heureux qu’il soit bientôt au côté de sa femme, Els, et de leur famille », selon un communiqué. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui était en déplacement à Niamey la semaine dernière, a remercié le gouvernement nigérien pour son « aide importante » dans la libération de M. Woodke.
« C’est quelque chose qu’on attendait depuis deux ans »
Les circonstances de leur libération restent pour l’heure inconnues. « Les otages ont été récupérés sains et saufs par les autorités nigériennes avant d’être remis aux autorités françaises et américaines », a déclaré lundi à l’aéroport le ministre de l’Intérieur nigérien Hamadou Souley.
Pendant ses 711 jours de détention, seules deux vidéos d’Olivier Dubois avaient été publiées sur les réseaux sociaux. La première le 5 mai 2021 où il annonçait lui-même son enlèvement et une autre, après quasiment un an de silence, diffusée le 13 mars 2022, sans indication sur la date à laquelle les images avaient été tournées.
Après 23 mois de captivité,
notre fils et frère #OlivierDubois est LIBRE !!!!! pic.twitter.com/MW8n7LAbcZ— Famille Olivier Dubois Journaliste (@O_DuboisFamille) March 20, 2023
« C’est juste incroyable, c’est quelque chose qu’on attendait depuis deux ans. Pour lui le cauchemar est terminé, et pour sa famille aussi. Il va pouvoir reprendre sa vie, même si ce sera difficile pour lui d’oublier ça », a déclaré à l’AFP la sœur d’Olivier Dubois, Canèle Bernard. La rédaction de Libération a également fait part de sa « joie immense ».
Le Mali, comme ses voisins le Niger et le Burkina Faso, traverse une grave crise sécuritaire avec des attaques jihadistes récurrentes. Les enlèvements sont l’un des graves dangers encourus par les journalistes et les humanitaires, locaux comme étrangers, au Sahel. Deux employés de la branche malienne du Comité international de la Croix-Rouge kidnappés entre Gao et Kidal, dans le nord du Mali il y a deux semaines, ont par ailleurs été libérés dimanche soir. Au moins trois otages occidentaux sont encore détenus au Sahel : le chirurgien australien Arthur Kenneth Elliott, enlevé au Burkina Faso le 15 janvier 2016, et l’officier de sécurité roumain Iulian Ghergut, enlevé le 4 avril 2015 au Burkina Faso. Un religieux allemand, le père Hans-Joachim Lohre, dont on est sans nouvelles depuis novembre 2022, est considéré comme ayant été enlevé au Mali.
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