Des agents du Parti communiste chinois qui manipulent les dirigeants politiques; des violences physiques et verbales à l’encontre de pratiquants du Falun Gong au Canada; et des médias qui se font l’écho, au Canada, de la propagande haineuse du régime communiste chinois. Voilà quelques-uns des défis auxquels sont confrontés les pratiquants canadiens du Falun Gong, a-t-on appris le 27 mars lors de la commission d’enquête sur l’ingérence étrangère.
Les représentants de diverses diasporas au Canada qui affirment être ciblées par des puissances étrangères ont ouvert une nouvelle série d’audiences, dans le cadre de l’enquête publique sur l’ingérence étrangère dans les processus électoraux et les institutions démocratiques fédéraux, à Ottawa.
L’enquête vise à entendre des témoignages sur l’ingérence étrangère dans les élections fédérales canadiennes de 2019 et 2021. Toutefois, elle débute par l’audition de témoins issus de communautés ciblés de manière plus large par des acteurs étrangers et par la répression transnationale.
Grace Wollensak, s’exprimant au nom de la communauté du Falun Gong, a exposé ce qu’elle qualifie de « vaste campagne d’ingérence et de répression étrangère » menée au Canada par le Parti communiste chinois (PCC) au cours des deux dernières décennies.
Elle décrit le Falun Gong comme une pratique méditative associée à des enseignements moraux, et introduite en Chine en 1992. En 1999, cette discipline méditative avait acquis une grande popularité, ce qui, selon Mme Wollensak, explique en partie les raisons de sa persécution par le PCC.
Les principes d’authenticité, de compassion et de tolérance qui sous-tendent la pratique du Falun Gong sont « incompatibles avec l’idéologie communiste athée », a déclaré Mme Wollensak. Elle ajoute que le dirigeant du PCC de l’époque, Jiang Zemin, qui a été à l’origine de la campagne visant à éradiquer le groupe, considérait la popularité de cette pratique comme une menace à son pouvoir.
La campagne de persécution du Falun Gong en Chine, qui inclut la diffamation, l’emprisonnement, le travail forcé, la torture et les prélèvements forcés d’organes, s’étend au Canada, par le biais d’une série de tactiques, a-t-elle déclaré. Par exemple, des agents du régime chinois envoient des courriels offensants et frauduleux à des dirigeants politiques, se faisant passer pour des pratiquants du Falun Gong, afin de les discréditer.
À un moment donné, elle a été contactée par la Gendarmerie royale, la GRC, après que des députés se soient plaints d’avoir reçu des courriels suspects d’une personne se faisant passer pour un pratiquante du Falun Gong.
« Il s’agit d’une attaque systématique orchestrée par des mandataires du PCC ou par le PCC lui-même pour tenter de discréditer les pratiquants du Falun Gong [au Canada] », a déclaré Mme Wollensak.
Des agents du PCC ont également agressé physiquement et verbalement de manière « persistante », ainsi qu’harcelé des pratiquants du Falun Gong au Canada, a-t-elle déclaré. Un pratiquant a notamment été « menacé avec une arme à feu » alors qu’il manifestait devant le consulat chinois de Vancouver.
Lors d’un autre incident, des agents du PCC se sont présenté au domicile d’une pratiquante de Falun Gong à Toronto et ont menacé de faire disparaître ses enfants. Cette pratiquante avait précédemment demandé publiquement la libération de sa sœur et de son beau-frère, emprisonnés illégalement en Chine, en raison de leur croyance envers le Falun Gong.
« À une autre occasion, les vitres de sa voiture ont été brisées et son balcon recouvert d’excréments humains », a-t-elle déclaré.
Mme Wollensak a également décrit la mainmise du PCC sur les médias en langue chinoise au Canada et leur campagne visant à diaboliser le Falun Gong. Selon elle, il arrive que les médias canadiens soient parfois induits en erreur et reprennent la rhétorique du PCC pour décrire les pratiquants de Falun Gong.
La situation s’est améliorée après que des plaintes ont été déposées auprès des médias en question, a déclaré Mme Wollensak, mais la situation demeure désastreuse concernant les médias de langue chinoise au Canada, généralement contrôlés par le PCC, dit-elle.
Mme Wollensak a également raconté comment des responsables municipaux canadiens, après s’être rendus en Chine, avaient retiré leur soutien au Falun Gong ou pris des dispositions pour étouffer les protestations des pratiquants du Falun Gong contre le régime chinois.
En 2006, Sam Sullivan, alors maire de Vancouver, a intenté une action en justice pour faire cesser une manifestation de longue date de pratiquants du Falun Gong devant le consulat chinois. « Quand je vais en Chine, ils me traitent comme un empereur », avait déclaré M. Sullivan au Vancouver Sun la même année.
Mme Wollensak est devenue émotive en relatant les efforts déployés par les fonctionnaires de la ville d’Ottawa pour réduire l’empreinte d’une manifestation qu’elle avait organisée devant l’ambassade de Chine. Selon elle, il s’agit d’un exemple d’influence de Pékin sur les autorités locales. Après de nombreuses négociations, la situation a été résolue, mais la communauté du Falun Gong ne devrait pas être confrontée à de telles situations, a-t-elle déclaré.
En 2010, l’influence de Pékin s’est également fait sentir lorsque le maire d’Ottawa de l’époque, Larry O’Brien, à son retour d’un voyage en Chine, a retiré son soutien à une proclamation de la ville reconnaissant le 13 mai Journée mondiale du Falun Dafa, cela en raison d’un « engagement » qu’il avait apparemment pris, a rapporté le Ottawa Citizen. Le conseil municipal a toutefois par la suite contourné le maire et a approuvé à l’unanimité la proclamation rendant hommage au Falun Gong, et la ville d’Ottawa a continué d’offrir cette proclamation les années suivantes.
Mme Wollensak a fait référence à un rapport complet publié par l’Association Falun Dafa du Canada en octobre 2023, qui décrit les nombreuses tactiques de persécution menées par le PCC au Canada et émet des recommandations.
Ces recommandations incluent la condamnation publique de la persécution du Falun Gong par le PCC, la sanction de diplomates et fonctionnaires chinois impliqués dans des activités d’infiltration et de persécution, et la mise en place d’un registre d’agents étrangers.
« Le coût du militantisme »
Mehmet Tohti, directeur du Projet de défense des droits des Ouïghours (Uyghur Rights Advocacy Project), a également témoigné devant la commission d’enquête, à titre de représentant d’un groupe de la diaspora ciblé par Pékin.
Les Ouïghours, une minorité musulmane turque du nord-ouest de la Chine, sont depuis longtemps réprimés par Pékin et font l’objet de détentions arbitraires massives. Dans une motion (M-62) de 2021, la Chambre des communes reconnaît qu' »un génocide est actuellement perpétré par la République populaire de Chine contre les Ouïghours et d’autres musulmans turciques en Chine ».
M. Tohti a déclaré que le prix à payer pour la défense des droits de l’homme est élevé, relatant un appel qu’il a reçu de la police chinoise, lui annonçant que sa mère et ses deux sœurs étaient mortes. Cet appel a été reçu quelques semaines avant le vote par la Chambre des communes de la motion (M-62), qui appelait également à la réinstallation et l’entrée au Canada de 10.000 réfugiés Ouïghours ayant besoin de protection. M. Tohti a ensuite reçu la confirmation que sa mère était décédée dans un camp de concentration à l’âge de 76 ans.
Le régime chinois « envoie ce genre de message qui laisse entendre que c’est le prix à payer si l’on continue à militer », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il y a également « un manque de protection au Canada ».
Des représentants des communautés iranienne, russe et sikh ont également témoigné de leurs expériences et de leurs préoccupations au sujet de l’ingérence étrangère.
Divulgation d’informations
La séance du 27 mars a débuté par un résumé, de la commissaire Marie-Josée Hogue, de la première série d’audiences qui ont eu lieu en janvier et qui ont porté sur la manière dont la commission d’enquête devrait traiter les informations classifiées.
L’honorable Marie-Josée Hogue a déclaré que les auditions de janvier ont montré que la protection de certains types d’informations peut être essentielle à la sauvegarde de la sécurité nationale et au respect d’engagements internationaux.
D’un autre côté, la divulgation de certaines de ces informations peut aider le public à reconnaître les tentatives d’ingérence étrangère au Canada et à y répondre, a-t-elle ajouté.
La commissaire a déclaré que le fait que certaines des informations relatives à l’ingérence étrangère soient protégées et hautement classifiées n’a pas entravé l’enquête.
« Les impératifs de confidentialité ne nous ont pas empêchés jusqu’à présent de faire le travail qui nous a été confié », a-t-elle déclaré.
L’enquête publique sur l’ingérence étrangère dans les processus électoraux et les institutions démocratiques fédérales a été lancée après que les partis politiques ont tenu des négociations au cours de l’été pour décider du mandat et choisir un commissaire.
Le gouvernement libéral s’était initialement opposé à la tenue d’une enquête. Face à la multiplication des fuites d’information sur la sécurité nationale rapportées par la presse et à la pression politique croissante, le Premier ministre Justin Trudeau a nommé l’ancien gouverneur général David Johnston Rapporteur spécial sur l’ingérence étrangère en mars 2023.
Dans son rapport déposé en mai 2023, M. Johnston a conclu que, pour protéger les informations relatives à la sécurité nationale, une enquête sur l’ingérence étrangère ne devait pas être menée. Ce dernier a démissionné en juin sous la pression des partis d’opposition.
Les fuites du service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) publiées dans la presse ont décrit l’ingérence généralisée de Pékin dans le processus démocratique du Canada. Certaines des allégations publiées ont été abordées par M. Johnston dans son rapport.
Par exemple, M. Johnston a confirmé que les renseignements montrent qu’il y a eu des « irrégularités » dans la nomination libérale de Han Dong en 2019 dans la circonscription ontarienne de Don Valley North. « Il y a des soupçons bien fondés que les irrégularités étaient liées au consulat de la RPC de Toronto, avec lequel M.Dong entretient des liens », indique le rapport.
M. Trudeau a été informé des irrégularités, mais a choisi de laisser M. Dong à son poste.
En mars 2023, M. Dong a quitté le caucus libéral. Il a poursuivi le média Global News pour sa couverture initiale des renseignements, la qualifiant de diffamatoire.
Le député, qui siège désormais en tant qu’indépendant, a toute légitimité pour participer à l’enquête publique et témoignera à ce titre. M. Trudeau et d’autres représentants du gouvernement devraient également comparaître devant la commission d’enquête dans les jours à venir.
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