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Le Mémorial de la Shoah met « la grande Histoire » à portée de clics avec un millier de témoignages vidéo

novembre 27, 2024 12:36, Last Updated: novembre 27, 2024 12:36
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Le Mémorial de la Shoah met en ligne, à partir de mercredi, plus d’un millier de vidéos de témoins de la Shoah, une « autre manière de rentrer dans la grande Histoire » alors que les rescapés disparaissent peu à peu, explique à l’AFP Jacques Fredj, le directeur de l’institution.

« Nous avons un millier de témoignages que nous allons mettre progressivement à disposition du grand public » sur la chaîne YouTube du Mémorial de la Shoah, avec ces vidéos estampillées Les Voix des Témoins, précise Jacques Fredj.

La démarche débute deux mois avant le 80e anniversaire de la libération du camp nazi d’Auschwitz, le 27 janvier 1945. Rescapés, enfants cachés, résistants ou « justes », ces témoignages en français, d’un format long pouvant aller « pour certains jusqu’à quatre heures », étaient jusqu’à présent disponibles dans la salle de lecture du Mémorial.

« Dans la perspective du 80e anniversaire de la libération des camps, et au regard du climat d’explosion des actes antisémites, on s’est dit que ça pouvait être aussi intéressant de le mettre à la disposition du grand public », explique Jacques Fredj.

Sensibiliser les élèves

Car « l’avantage du témoignage, c’est qu’il permet de raconter une histoire personnelle, individuelle, familiale. C’est une autre manière de rentrer dans la grande Histoire, et certains élèves y sont plus sensibles », explique Jacques Fredj qui souligne l’impact des témoins lorsqu’ils se déplacent dans les écoles.

« À partir du moment où vous êtes capable de parler à quelqu’un, de le voir, de le toucher, d’obtenir des réponses, l’événement n’est pas si loin », ajoute-t-il.

Au fur et à mesure de la disparition des rescapés, « la difficulté va être de devoir enseigner sans les témoins » qui « disparaîtront malheureusement avec une partie de leur parole, de certaines histoires, d’anecdotes qu’ils ne nous ont pas livrées et que nous serons incapables de raconter ». « Donc on sera peut-être des relais des témoignages, mais on ne sera pas les témoins des témoins », affirme-t-il.

Avec cette démarche de collecte, qui a permis de recueillir le récit d’anciens déportés tels que Ginette Kolinka, Marceline Loridan-Ivens ou Victor Perahia entre autres, « nous avons voulu préserver la parole des témoins en mettant en place un processus d’enregistrement qui est patrimonial » et « neutre », pour « laisser le témoin parler, s’exprimer, raconter », explique-t-il.

L’objectif étant ensuite « de permettre une utilisation par des documentaristes, sur le plan pédagogique, pour travailler sur les témoignages dans le cadre d’une exposition. » « Globalement, la grande majorité des témoins a accepté en comprenant l’importance du témoignage » même si « il y a eu des gens un peu effrayés de voir leur visage et leur voix circuler sur les réseaux sociaux, d’autres pour qui ça a été douloureux d’accepter de témoigner », ajoute-t-il. Et puis il y a « des gens en mauvaise santé » et « qui n’étaient pas au mieux de leur forme et qui se voyaient mal témoigner », ajoute-t-il.

Une « expression du mal » banalisée

Dans un contexte où « on est aussi confrontés à un public qui manque de références historiques », le directeur du Mémorial appelle à « faire attention au sens des mots, parce que si tout est dans tout, on est en train de banaliser l’expression du mal, et sur des notions aussi graves qu’un génocide, c’est extrêmement compliqué ».

« C’est justement parce que c’est un moment compliqué que nous traversons aujourd’hui qu’il est nécessaire de mettre en valeur ces témoignages », ajoute Jacques Fredj qui voit toutefois un motif de satisfaction dans l’augmentation des visites au Mémorial.

Le Mémorial, qui fêtera en 2025 les 20 ans de sa création, compte poursuivre cette collecte : « ces dernières années, on en a enregistré une centaine par an. Car il y a encore des gens aptes à témoigner », notamment des enfants cachés, ajoute Jacques Fredj, qui espère un effet d’entraînement incitant d’autres témoins à contacter le Mémorial.

« Après, pour nous c’est juste un problème financier », ajoute Jacques Fredj, qui rappelle que recueillir un témoignage implique de se déplacer, de louer un local, une équipe de tournage…

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