Chef de la diplomatie syrienne depuis 14 ans, Walid Mouallem est décédé lundi à l’âge de 79 ans après avoir été un pilier du régime de Bachar al-Assad, conservant son portefeuille régalien durant la guerre et malgré plusieurs remaniements.
Visé par des sanctions américaines et européennes après le début du conflit en Syrie en 2011, le diplomate au verbe lent n’a eu de cesse d’accuser les Occidentaux d’ourdir des « complots » contre son pays pour expliquer une guerre complexe et dévastatrice ayant fait plus de 380.000 morts.
Sans divulguer les causes de son décès, le gouvernement a annoncé « avec tristesse » le décès à l’aube du « vétéran de la diplomatie » qui s’est fait connaître pour « ses positions patriotiques honorables », selon un communiqué diffusé par l’agence officielle Sana.
Les obsèques devaient avoir lieu dans l’après-midi à Damas, où il est né, a précisé l’agence.
Sa dernière apparition publique remonte à mercredi
La dernière apparition publique du ministre remonte à mercredi, à l’occasion d’une conférence organisée à Damas pour discuter du retour des millions de réfugiés chassés par le conflit.
L’air affaibli, le diplomate à la silhouette corpulente avait dû être épaulé par deux hommes pour faire son entrée dans la salle.
La Russie, soutien indéfectible du régime Assad dans le conflit et dans les arènes internationales, a salué « un diplomate expérimenté » et déploré la perte d’« un partenaire très fiable et un ami sincère ».
Mouallem « comprenait l’importance des relations syro-russes », a assuré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov.
Diplômé en économie, Walid Muallem a travaillé au ministère des Affaires étrangères dès 1964, où il a gravi les échelons, jusqu’à devenir un pilier du régime.
Tout au long des années de guerre déclenchée par la brutale répression de manifestations prodémocratie, il rappelait régulièrement que M. Assad restera à son poste. Et il a été l’un des premiers responsables syriens à qualifier les opposants au régime de « terroristes ».
Les gouvernements se succèderont, il conservera son portefeuille. En 2012, il est aussi nommé vice-Premier ministre.
Le régime salue ce mastodonte de la diplomatie
S’exprimant toujours d’un ton calme, d’une voix monocorde, ce mastodonte de la diplomatie martèle inlassablement la même rhétorique vis-à-vis des Occidentaux. Il les accuse d’avoir provoqué le conflit et de soutenir des « terroristes ».
En conférence de presse, il a habitué les journalistes à son sarcasme et à ses remarques acerbes. Interrogé en septembre 2019 sur le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, il répond: « Qui est Pompeo? Je ne le connais pas. »
Quelques mois après le début de la guerre, Washington a adopté des sanctions contre lui, l’accusant de répéter « la rengaine du complot international » et d’essayer « de masquer les actes horribles du régime ».
Auteur de quatre ouvrages d’Histoire
Muallem avait été ambassadeur à Washington de 1990 à 1999, selon Sana. A l’époque, il avait participé à des pourparlers entre la Syrie et Israël, qui n’ont jamais abouti.
Sa carrière prolifique de jeune diplomate l’aura mené notamment en Arabie saoudite, en Espagne et en Angleterre.
Mais tout au long de la guerre, ses visites officielles se limiteront principalement aux pays alliés, Russie et Iran en tête.
Marié et père de trois enfants, il est l’auteur de quatre ouvrages d’Histoire, notamment sur la Syrie ou le conflit palestinien.
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