Assurant que les Chinois avaient promis d’acheter entre 40 et 50 milliards de dollars de produits agricoles, Donald Trump a déjà encouragé les fermiers américains à se préparer à un sursaut de commandes. Mais les acteurs du secteur attendent plus de détails avant de s’enthousiasmer.
Juste après l’annonce d’un accord commercial de principe entre les deux premières puissances économiques mondiales vendredi, le locataire de la Maison Blanche a même, sur le ton de la plaisanterie, recommandé aux agriculteurs « d’acheter plus de terres et des plus gros tracteurs ».
Contacté par l’AFP lundi, le principal syndicat agricole du pays, le Farm Bureau, n’a toutefois pas souhaité s’exprimer tant qu’il n’aurait pas plus d’informations concrètes sur l’accord mentionné par le président américain.
My deal with China is that they will IMMEDIATELY start buying very large quantities of our Agricultural Product, not wait until the deal is signed over the next 3 or 4 weeks. THEY HAVE ALREADY STARTED! Likewise financial services and other deal aspects, start preparing….
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 13 octobre 2019
« Bien que nous soyons heureux de constater une détente dans cette guerre commerciale qui n’en finit plus, les avantages tangibles pour les familles d’agriculteurs et les éleveurs américains n’apparaissent pas encore clairement », a pour sa part commenté le président du syndicat National Farmers Union, Roger Johnson.
En particulier, « sur quelle période les 50 milliards de dollars d’achats agricoles, soit le double du pic de nos exportations agricoles annuelles vers la Chine, auraient-ils lieu ? », s’est-il interrogé dans un communiqué vendredi soir.
Le pic d’exportations en 2012-2013 – 26 milliards de dollars
Au pic des exportations en 2012 et 2013, quand une sécheresse aux Etats-Unis avait fait bondir les prix des produits agricoles à des records, les exportations vers la Chine avaient grimpé jusqu’à 26 milliards de dollars.
La Chine importait encore en 2017 pour 19,5 milliards de dollars de produits agricoles américains, un nombre tombé à un peu plus de 9 milliards en 2018 après l’imposition par Pékin de lourdes taxes à l’importation en représailles à des mesures américaines similaires.
« Les agriculteurs du Wisconsin, du Minnesota, du Texas et d’ailleurs se lèvent encore chaque matin avec la perspective de taxes à deux chiffres imposées par l’un des marchés les plus importants des Etats-Unis », a relevé vendredi Brian Kuehl, responsable de l’organisation des « Agriculteurs pour le libre-échange », dans un communiqué.
L’administration Trump a d’ailleurs dû débloquer 28 milliards de dollars d’aide fédérale pour atténuer les pertes des fermiers touchés par les nouvelles barrières douanières.
« Depuis le début de la guerre commerciale, on promet aux agriculteurs que leur patience sera récompensée. Ce n’est pas encore le cas », a-t-il déploré.
Les marchés boursiers sont loin d’être euphorique
A la Bourse de Chicago, où des courtiers parient sur l’évolution des cours des produits agricoles, le marché était loin d’être euphorique. Les prix du soja par exemple s’affichaient en hausse d’environ 0,4% vers 16H30 GMT. Les producteurs américains d’oléagineux seraient pourtant les premiers à bénéficier d’un regain de commandes chinoises.
La Chine importait encore en 2017 pour 12 milliards de dollars de soja, ce qui représentait environ 57% des exportations américaines de soja. Ce montant est tombé à 3 milliards de dollars en 2018 après les nouvelles taxes et une épidémie de peste africaine porcine ayant décimé les élevages chinois.
« La réaction discrète du marché reflète sans doute un certain scepticisme, le sentiment que même si l’annonce de Donald Trump se concrétisait, cela ne ferait que modifier à nouveau les flux d’échanges » entre les divers pays, estime Bill Nelson du cabinet Doane Advisory Services.
La Chine s’est en effet massivement tournée vers le Brésil et l’Argentine pour se fournir en soja, poussant d’autres acheteurs comme le Mexique ou des pays de l’Union européenne à se tourner vers les Etats-Unis.
« On ne peut pas soudainement faire apparaître 20 milliards de dollars de demande supplémentaires », remarque le spécialiste. « Il faudrait de nouveau faire volte-face sur tous ces échanges ». Pour compenser les pertes dues à l’épidémie de peste porcine, les Chinois ont déjà largement augmenté leurs commandes de porcs ces dernières semaines.
Ils ont aussi commandé pour environ 3,7 millions de tonnes de soja entre début septembre et début octobre.
« Cela peut paraître impressionnant aux non-initiés mais c’est un montant très limité par rapport à ce qu’on pouvait avoir il y a encore trois ou quatre ans », remarque M. Nelson.
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