Le 11 décembre, le sénateur américain J.D. Vance a suggéré que l’Ukraine cède son territoire afin d’obtenir un accord de paix avec la Russie.
« Cela se terminera de la même manière que presque toutes les guerres : lorsque les gens négocient et que chaque partie cède quelque chose qu’elle ne veut pas céder », a-t-il déclaré à la presse. « Personne ne peut m’expliquer comment cette guerre peut se terminer sans concessions territoriales par rapport aux frontières de 1991. »
M. Vance n’a apparemment pas entendu parler de la Seconde Guerre mondiale qui ne s’est pas terminée par des négociations, que ce soit en Europe ou dans le Pacifique. En outre, étant donné ce qu’il vient de dire à propos d’un accord de paix contre le territoire avec la Russie, ce sénateur ne sait probablement rien non plus des accords de Munich de septembre 1938 qui, avec l’accord de la France et du Royaume-Uni, ont permis à Hitler d’annexer une partie de la Tchécoslovaquie.
À peine six mois plus tard, l’Allemagne nazie a installé son contrôle sur ce qui restait de ce pays. Puis, en septembre 1939, le Troisième Reich d’Hitler, suivi par l’Union soviétique de Staline, ont envahi et partagé la Pologne en déclenchant la Seconde Guerre mondiale – et ce, à la suite d’un accord secret du partage d’Europe conclu entre les deux dictateurs une semaine avant le début de l’invasion de la Pologne.
M. Vance n’est pas le seul malavisé en Amérique et dans d’autres pays occidentaux. Des politiciens, des fonctionnaires et des législateurs de tout l’éventail politique sont devenus fous en pensant que leurs idées, qui plaisent aux foules mais qui sont vraiment abominables, n’auront pas de conséquences si elles sont mises en œuvre.
Commençons par le président américain Joe Biden qui pensait que le retrait précipité de ses forces d’Afghanistan en août 2021 n’aurait aucune conséquence néfaste.
Cette décision précipitée a entraîné la mort des soldats américains et l’abandon de 7,2 milliards de dollars d’équipement militaire. Le désastre ne s’est pas arrêté là. Une série de catastrophes se poursuit encore aujourd’hui.
Presque immédiatement après le retrait américain chaotique d’Afghanistan, le président russe Vladimir Poutine a commencé à planifier l’invasion de l’Ukraine qu’il a lancée en février suivant, après que la Chine a manifesté son soutien. Moins de trois semaines avant que les forces russes ne franchissent la frontière ukrainienne, M. Poutine a rencontré le dirigeant chinois Xi Jinping à Pékin. L’occasion a été marquée par une longue « déclaration commune » annonçant un « partenariat sans limites » entre les deux pays dans le cadre duquel il n’y a « aucun domaine de coopération prohibé ». Depuis lors, la Chine a manifesté, d’une façon ou d’une autre, son soutien à l’invasion russe.
Ensuite, la Russie et la Chine, directement ou par l’intermédiaire de seigneurs de la guerre, ont commencé à déstabiliser une grande partie de l’Afrique du Nord par le biais des insurrections qui ressemblent à des guerres. Moscou et Pékin alimentent désormais ce qui pourrait être le prochain grand conflit dans cette région : l’Algérie cherche à diviser le Maroc, ami de l’Occident, qui garde l’entrée ouest de la mer Méditerranée.
Puis l’Iran, par l’intermédiaire du Hamas, a attaqué Israël le 7 octobre dernier. La Chine a donné une couverture diplomatique aux atrocités commises par les terroristes du Hamas, a mobilisé son énorme appareil de propagande pour les soutenir et a financé l’Iran par d’importants achats de son pétrole. Depuis les premières attaques, les deux autres principaux acolytes de l’Iran – la milice houthie au Yémen et le Hezbollah au Liban – ont rejoint la guerre contre l’État hébreu. Tous ces trois acolytes de l’Iran utilisent des armes chinoises.
Ceux qui veulent que l’Occident soit impliqué dans ces conflits essayent de minimiser leur importance en les qualifiant de guerres « régionales ». Est-ce exact ?
« Aux 20e et 21e siècles, on pourrait dire qu’il n’y a, en fait, pas de guerres régionales, car elles impliquent toutes les grandes puissances, à un degré ou à un autre », explique Gregory Copley, président de International Strategic Studies Association. « Il n’y a pas un seul conflit important dans le monde qui n’a pas été déclenché par des acteurs extrarégionaux ou qui n’y ont pas été impliqués. »
Puisque la Chine et la Russie soutiennent activement de nombreux éléments perturbateurs dans le monde entier, il n’est pas étonnant que le monde soit passé d’une période de calme général à une période de turbulences constantes. « Les deux dernières années ont été marquées par le plus grand nombre de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », écrit Paul Poast, professeur associé à l’université de Chicago, dans un article intitulé « Not a World War But a World at War » (Pas une guerre mondiale, mais un monde en guerre) paru en novembre dans le magazine Atlantic.
Nous espérons tous que M. Poast a raison lorsqu’il nous dit qu’il n’y a pas encore de guerre mondiale. Toutefois, dans les années 1930, des conflits différents ont fusionné pour donner naissance à ce que nous appelons aujourd’hui la Seconde Guerre mondiale. Il est possible que la même dynamique se produise cette fois-ci.
En ce moment, la possibilité de fusion des conflits est bien élevée parce que Moscou, et surtout Pékin, profitent des nombreux différends actuels. « La Chine soutient désormais des agresseurs sur trois continents », constate Jonathan Bass, PDG de la société de conseil mondiale en énergie InfraGlobal Partners.
En d’autres termes, le régime chinois mène des guerres par procuration. « Des responsables israéliens, exprimant en privé leurs propres opinions et non la politique du gouvernement, affirment que la guerre du Hamas contre leur pays fait partie de l’offensive de la Chine contre l’Amérique », précise M. Bass qui est actuellement basé dans le golfe Persique.
« Les guerres par procuration peuvent, si l’on n’y prend garde, devenir des guerres directes entre grandes puissances », met en garde Gregory Copley. « La Première Guerre mondiale a commencé par un conflit régional alimenté par les mouvements indépendantistes serbes, soutenus par Moscou, qui ont tué l’héritier de la couronne austro-hongroise. La Seconde Guerre mondiale a commencé lorsque Hitler a continué à intensifier les petits conflits régionaux jusqu’à ce que les grandes puissances ont été obligées de réagir. »
Presque aucun responsable en Occident ne considère les conflits actuels comme faisant partie d’une guerre majeure ou comme un prélude à celle-ci. Joe Biden a complètement ignoré les conflits en Afrique du Nord et tente de gérer les guerres en Ukraine et à Gaza. Il cherche plus à éviter l’escalade qu’à gagner. Ne pas irriter les dirigeants totalitaires de Pékin et de Téhéran est apparemment devenu son principal objectif.
C’est une grave erreur stratégique. Prenons la guerre menée en Ukraine par Poutine. Il a déclaré à maintes reprises que l’Ukraine n’avait pas le droit d’exister. C’est un indice de l’avenir d’un accord de paix qui laisserait au maître du Kremlin le contrôle d’une partie ou d’une autre du territoire ukrainien. Poutine n’a pas été satisfait de l’annexion de la seule Crimée en 2014, et il ne sera satisfait d’aucun accord qui n’entraîne pas l’extinction de l’Ukraine en tant qu’État indépendant.
En outre, il est peu probable que Poutine s’arrête à ce pays assiégé. En adoptant explicitement le langage de Pierre le Grand, Poutine a clairement indiqué que la Russie avait le droit de s’étendre à des territoires qui appartiennent aujourd’hui aux États membres de l’OTAN. Les pays baltes, par exemple, sont manifestement menacés. Il en va de même pour une grande partie de l’Europe de l’Est.
De nombreux Occidentaux affirment que Poutine n’oserait pas attaquer un pays de l’OTAN. Cependant, l’incapacité de l’Occident à défendre l’Ukraine, un pays dont la souveraineté et les frontières ont déjà été garanties par le mémorandum de Budapest de 1994, pourrait convaincre Poutine qu’il n’a pas à s’inquiéter de l’Alliance atlantique ou de son membre le plus important, les États-Unis.
Le projet de Vladimir Poutine est de restaurer l’Empire russe et de régner, entre autres, sur tous les Slaves de l’Eurasie. Avec le soutien de la Chine et la faible opposition de l’Occident, tout peut arriver, surtout si Pékin commence à agir contre ses voisins ou à fermer les mers et le ciel proches de Chine continentale.
« Les grandes puissances perçoivent des opportunités lorsque de petites nations sont en conflit », explique Gregory Copley. « Ce qui semble être un cas facile pour ‘tirer profit d’un conflit’ devient rapidement une bataille armée incontrôlable. »
Il semble que la prochaine « bataille » pourrait impliquer la plupart des pays du monde.
Publié initialement par Gatestone Institute
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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