Le navire Ocean Viking a accosté vendredi au port militaire de Toulon (sud de la France) et les 230 migrants rescapés ont commencé à débarquer, une première en France qui suscite de fortes tensions avec l’Italie.
« Le navire a accosté vers 08H50 et les personnes ont commencé débarquer », a indiqué le préfet Evence Richard lors d’une conférence de presse, insistant sur un accueil pensé « dans un souci de dignité et d’humanité ».
L’Italie, où le nouveau gouvernement a durci son discours contre les migrants, lui a refusé l’accès à ses ports, générant une crise diplomatique avec la France qui a décidé de l’accueillir « exceptionnellement » mais a critiqué vertement Rome d’être « très inhumaine ».
La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a dénoncé vendredi une réaction française « agressive, incompréhensible et injustifiée », rappelant que son pays a accueilli cette année près de 90.000 migrants alors que les pays européens qui s’étaient engagés à l’aider et à prendre en charge 8.000 personnes n’en avaient finalement accueilli que 117.
Une « zone d’attente internationale »
Les personnes débarquées de l’Ocean Viking seront transférées vers un centre de vacances sur la presqu’île de Giens à Hyères, une commune à une vingtaine de kilomètres à l’est de Toulon, déclaré « zone d’attente internationale » pour une vingtaine de jours.
Les rescapés « ne pourront pas sortir du centre administratif où on va les mettre et ne seront donc pas techniquement sur le sol français », avait indiqué le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin.
D’importantes forces de l’ordre étaient déployées à proximité du centre d’hébergement, a constaté un photographe de l’AFP et la presse n’a pas accès au port de débarquement.
Des contrôles effectués
Toutes ces personnes feront l’objet d’un suivi sanitaire, puis de contrôles de sécurité des services de renseignement, avant d’être entendues par l’Office français de protection des réfugiés (Ofpra), qui attribue le statut de réfugié et pourra réaliser jusqu’à 90 entretiens par jour dès samedi.
La procédure qui sera appliquée aux quatre migrants évacués en Corse jeudi en raison de la situation médicale de trois d’entre eux n’a pas été dévoilée.
Deux-tiers des personnes quitteront la France, puisqu’elles seront relocalisées dans neuf pays, a précisé le ministère, citant l’Allemagne qui doit en accueillir environ 80, le Luxembourg, la Bulgarie, la Roumanie, la Croatie, la Lituanie, Malte, le Portugal et l’Irlande.
Marine Le Pen dénonce un « laxisme »
En pleine présentation d’un projet de loi sur l’immigration en France, qui prévoit de réformer les procédures d’asile pour parvenir à expulser davantage, l’entourage de Gérald Darmanin a précisé que « ceux qui ne reçoivent pas l’asile seront éloignés directement depuis la zone d’attente vers leur pays d’origine ».
Des contacts ont déjà été pris avec les pays d’origine en vue de possibles expulsions, a indiqué Eric Jalon, directeur général des étrangers en France.
Leur arrivée en France crispe particulièrement l’opposition de droite qui a crié au « laxisme » par la voix de la cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen.
Tensions entre Paris et Rome
Le bras de fer autour de l’Ocean Viking a ravivé des tensions entre Rome et Paris sur l’accueil des migrants.
Gerald Darmanin avait annoncé jeudi la suspension « à effet immédiat » de l’accueil prévu de 3500 migrants actuellement en Italie.
Depuis juin, un système de relocalisation, qui avait déjà connu un premier volet en 2019, prévoit qu’une douzaine d’États membres, dont la France, accueillent de manière volontaire 8000 migrants arrivés dans des pays dits de « première ligne » comme l’Italie.
Mme Meloni a assuré vouloir trouver « une solution européenne ». « Ce n’est pas intelligent de se disputer avec la France, l’Espagne, la Grèce, Malte ou avec d’autres pays. Je veux chercher une solution commune », a-t-elle souligné.
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