Le Nord, une terre traditionnellement rouge vif, bascule vers le RN

Par Epoch Times
1 juillet 2024 16:10 Mis à jour: 1 juillet 2024 16:12

Ouvrier à la retraite, Richard a voté communiste, par tradition, même s’il n’aime pas cette gauche « trop pour les migrations ». D’autres, en masse, ont choisi le RN. Et fait basculer dès le premier tour la vingtième circonscription du Nord, celle de Fabien Roussel, rouge depuis six décennies, vers l’extrême droite.

« Comme mon père, j’ai toujours voté pour les communistes. Mais là, ce n’est plus la gauche d’avant », soupire le septuagénaire depuis le parking d’un supermarché de Bruay-sur-l’Escaut, où s’alignent maisons de briques et devantures de commerces parfois à l’abandon.

« Ils sont trop pour les migrations »

« Ils sont trop pour les migrations », poursuit-il. « Eux, c’est ouvrir les portes et ça c’est pas bon. Tout ce qui arrive de mauvais en France, ça vient des migrations. »

Sa fidélité au parti communiste semble ne plus tenir qu’à un fil, que 50,30% des électeurs de cette terre communiste ont choisi de couper dimanche, en élisant dès le premier tour des législatives le RN Guillaume Florquin, 31 ans, dont ce sera le premier mandat national.

Tant pis si le siège était occupé par des communistes sans discontinuer depuis 1962, et si le trentenaire faisait face à Fabien Roussel, chef du PCF et figure médiatique de la gauche.

Le sursaut de participation a largement profité au RN, qui engrange plus du double de voix par rapport au premier tour de 2022.

Accoudé au comptoir d’un bar de Saint-Amand-les-Eaux, autre ville de la circonscription, le nouvel élu, qui a rejoint le RN à 23 ans, enchaîne les interventions médiatiques, sans cacher sa « surprise ». Il explique sa victoire par un vote massif et une erreur stratégique de Fabien Roussel : l’« alliance avec Jean-Luc Mélenchon, qui a fait peur à beaucoup de personnes ».

Il assure : « Il y a énormément de faits d’insécurité dans la circonscription », où une fraction du bassin minier cohabite avec des territoires plus ruraux. « On le voit dans la presse quotidienne, dans toutes les villes de la circonscription. Même les villages, il y a énormément de cambriolages. »

Le jeune secrétaire général du groupe RN au conseil régional des Hauts-de-France, qui se destinait initialement à devenir directeur d’Ehpad, évoque aussi « le pouvoir d’achat ». « Il y a énormément de personnes mal logées, de personnes qui sont au chômage, en difficulté économique. »

Les Français ne sont « plus entendus »

À l’insécurité et au déclassement économique, les deux mamelle du vote RN, Vanessa Ghaitte, 35 ans, habitante de Bruay-sur-l’Escaut, ajoute le fait que les Français ne sont selon elle « plus entendus ». « Ce sont souvent les étrangers, quand ils arrivent ici, qui ont plus de boulot, plus d’aide et nous on en a marre », lâche cette mère de deux enfants handicapés, qui touche le RSA. Marre aussi « que ce soit Macron ». « Ca a toujours été un président riche, ça ferait du bien du changement », dit-elle.

Dans la rue principale, où elle ouvre son institut de beauté dans la grisaille du petit matin, Sandra Huet, 55 ans, s’inquiète de ce « nouveau monde qui ne va pas forcément (lui) plaire ». « Ce regroupement avec LFI, c’était pas une bonne chose. Ils se séparent, se rabibochent, ça ne fait pas sérieux », explique la commerçante, derrière son comptoir. Mais aujourd’hui, elle s’interroge : « Ça fait combien de fois qu’on ne vote pas par affinité mais pour éviter le pire ? »

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