L’attribution des portefeuilles des 27 commissaires – un par État membre – est un moment clé pour lancer les prochaines cinq années de mandat de la nouvelle Commission européenne.
Après des semaines de tractations, la présidente Ursula von der Leyen a dévoilé sa nouvelle équipe de commissaires, que l’on dit davantage marquée à droite et tournée vers la compétitivité de l’Europe.
Ursula von der Leyen a insisté sur l’objectif d’une économie « compétitive, circulaire et décarbonée », dans le sillage du récent rapport de Mario Draghi sur les difficultés économiques de l’Union européenne (UE).
Compétitivité : le Vieux Continent face à un « défi existentiel »
La Commission européenne, bras exécutif de l’UE
La Commission européenne est le bras exécutif de l’Union européenne et est installée à Bruxelles, où sont installés une grande partie de ses 32.000 collaborateurs. Ursula von der Leyen dirige le « collège des commissaires », composé de 27 membres – un par pays de l’UE, choisis par leur gouvernement, pour refléter en théorie la diversité politique de l’Europe.
Nommés pour cinq ans, leur poids est inégal, en partie corrélé à celui de leur pays. Chacun est en charge d’un portefeuille spécifique (affaires économiques, commerce, justice, concurrence, marché intérieur, agriculture, énergie…). S’ils donnent les grandes orientations, une grande partie du pouvoir se trouve au sein de l’appareil administratif organisé en directions générales qui supervisent des centaines d’experts.
La Commission participe à l’élaboration de la stratégie de l’UE. L’exécutif européen propose les législations, après avoir sondé l’opinion des pays membres et mené un long travail d’analyse et de consultation. Il est ensuite chargé de faire appliquer les textes qui auront été amendés et validés par le Parlement européen, réunissant les députés européens, et par le Conseil européen, réunissant les 27 chefs d’État.
L’arrivée des nouveaux commissaires
Dans le sillage du récent rapport Draghi sur la compétitivité, la Commission pourrait davantage afficher des priorités économiques, dans une Europe en difficulté face à la concurrence de la Chine et des États-Unis.
Trois mois après des élections européennes marquées par une poussée vers la droite, la gauche et les ONG redoutent que la réorientation de la Commission vers les enjeux économiques se fasse au détriment des ambitions climatiques du précédent mandat.
« Nous devons continuer à relever ce défi de la lutte contre le réchauffement climatique », mais « toujours dans le contexte de la compétitivité », a répondu Ursula von der Leyen. Mais avec moins d’élus verts et une droite plus nombreuse, le « Parlement est très différent de celui de 2019 ». Avec une quinzaine de portefeuilles pour le PPE, parti conservateur et première force au Parlement européen, il faudra voir « quelle influence ça va avoir sur le sujet ».
Quelques têtes du nouveau casting
Les noms des 27 membres de la nouvelle Commission européenne ont été rendus publics le 17 septembre à Strasbourg.
Kaja Kallas, l’ancienne Première ministre estonienne, 47 ans, avait déjà été nommée cheffe de la diplomatie européenne par les 27 en juin dernier. Elle serait une des meilleures alliées de l’Ukraine en Europe et a été placée par Moscou sur une liste de personnes recherchées.
La ministre socialiste espagnole de l’Écologie Teresa Ribera, 55 ans, a été nommée vice-présidente de la Commission européenne, chargée de la transition « juste, propre et compétitive ». Experte des questions environnementales, elle devra « s’assurer que nous gardons le cap par rapport aux objectifs fixés par le Pacte vert », précise la lettre de mission que lui a envoyé Ursula von der Leyen.
L’Italie « retrouve son rôle central » dans l’UE avec la nomination de l’Italien Raffaele Fitto, membre du gouvernement de Giorgia Meloni, a immédiatement réagi la dirigeante italienne, elle qui dénonçait fin juin le manque de démocratie au sommet de l’Europe dans les nominations des « Top Jobs ».
Piotr Serafin, l’homme de confiance à Bruxelles du Premier ministre polonais Donald Tusk se voit attribuer le portefeuille du Budget, un secteur clé avant les difficiles négociations qui s’annoncent pour fixer les perspectives financières à venir dans l’Union européenne.
Actuel commissaire européen à l’Élargissement, le Hongrois Oliver Varhelyi, 52 ans, est l’homme du Premier ministre Viktor Orban. Mme von der Leyen a décidé cette fois de lui confier le portefeuille de la Santé et du bien-être animal.
Le Lituanien Andrius Kubilius obtient quant à lui le nouveau poste de commissaire à la Défense et à l’Espace, créé par Ursula von der Leyen pour faire face à la menace russe et la guerre en Ukraine.
Pour la France, un jeu des chaises musicales entre Thierry Breton et Stéphane Séjourné
La veille de l’annonce des commissaires européens, le très influent commissaire sortant Thierry Breton démissionnait avec perte et fracas, après avoir été remercié par Ursula von der Leyen.
Officiellement candidat du président français, il a expliqué que la cheffe de l’exécutif européen avait demandé à la France de retirer son nom de la liste des commissaires. Il avait publiquement mis en cause l’éthique d’Ursula von der Leyen après la nomination fin janvier d’un émissaire proche du PPE, chargé des petites et moyennes entreprises, un poste hautement rémunéré au sein de la Commission. Il s’était aussi trop avancé en menaçant X de fermeture à la veille d’un débat avec Trump sur la plateforme, sans avoir l’aval de la Commission, ce qui avait fait réagir le Congrès américain, sur le respect de la liberté d’expression.
Pour le remplacer, Stéphane Séjourné, ministre démissionnaire des Affaires étrangères, que personne n’attendait à Bruxelles et qui hérite de la vice-présidence exécutive en charge du portefeuille dédié à la Prospérité et à la Stratégie industrielle.
Proche du président français Emmanuel Macron, l’homme de 39 ans connaît bien la « bulle » bruxelloise après avoir été le patron de Renew, la formation centriste au Parlement européen. Peu réputé pour sa connaissance des questions économiques, il devra désormais s’imposer au sein d’un collège où le portefeuille économique est aussi entre les mains de l’actuel vice-président de la Commission chargé du Commerce, Valdis Dombrovskis.
Le ministre était en déplacement en Arménie lorsque la présidence française a annoncé l’avoir proposé comme commissaire européen, « centré sur les enjeux de souveraineté industrielle, technologique et de compétitivité européenne ».
L’opposition française est, quant à elle, vent debout contre cette nomination. « Le clan avant tout. Une constance en Macronie », a déploré le député écologiste Benjamin Lucas, quand le député RN Laurent Jacobelli parlait de « la République des copains ».
La suite en décembre
Les commissaires choisis devront encore passer le cap des auditions dans les prochaines semaines et d’un vote du Parlement afin d’être officiellement nommés.
Plusieurs députés aimeraient par exemple faire tomber le candidat hongrois, Olivér Várhelyi, accusé d’être peu à l’écoute du Parlement européen et trop proche des positions du Premier ministre nationaliste Viktor Orban. L’organisation des auditions au Parlement et leurs rebondissements augurent d’une possible mise en place de la nouvelle équipe début décembre.
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