Les Nations unies et leurs États membres ont récemment adopté, avec le soutien de la Chine, un accord historique visant à conférer à l’ONU davantage de pouvoir et d’influence dans les affaires mondiales.
Cet accord controversé, connu sous le nom de « Pacte pour l’avenir », définit 56 mesures que les gouvernements et les institutions internationales devront prendre au cours des prochaines années.
L’une des principales dispositions consiste à « transformer la gouvernance mondiale » et à renforcer le pouvoir des institutions internationales dans certains domaines, notamment « le développement durable et le financement du développement », ainsi que « les sciences, la technologie, l’innovation et la coopération numérique ».
Le Pacte comprend un Pacte numérique mondial visant à restreindre la « mésinformation » et la « désinformation », ainsi qu’une déclaration sur les générations futures qui englobe les objectifs climatiques de l’agenda 2030, dont l’élimination progressive des combustibles fossiles.
Il s’inscrit également dans le cadre de la transformation de l’ONU en ce que cette organisation présente dans ses publications promotionnelles comme « ONU 2.0 ».
Les dirigeants de l’ONU et les hauts responsables du Parti communiste chinois (PCC) ont accueilli à bras ouverts le Pacte comme un effort historique pour créer un meilleur avenir pour l’humanité et renforcer la coopération mondiale sur les problèmes internationaux.
« Nous ne pouvons pas créer un avenir digne de nos petits-enfants avec des systèmes construits pour nos grands-parents », a déclaré António Guterres, secrétaire général de l’ONU.
Après environ neuf mois de négociations et malgré l’opposition provenant de différentes parties qui critiquaient l’accord comme une tentative de saper la souveraineté et la liberté nationales, les 193 membres de l’ONU ont adopté le Pacte par consensus le 22 septembre lors du Sommet de l’avenir organisé dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations unies.
L’État-parti chinois, qui joue un rôle de plus en plus important au sein de l’ONU, s’est vanté de son rôle important dans l’élaboration du Pacte.
S’exprimant au siège de l’ONU, Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères de Pékin, a décrit le Pacte comme un effort visant à « galvaniser nos efforts collectifs en faveur de la paix et du développement dans le monde, et à tracer l’avenir de l’humanité ».
M. Wang a soutenu l’accroissement de la « gouvernance mondiale ».
De son côté, le gouvernement argentin a officiellement pris ses distances avec le Pacte et l’ONU en général.
« L’Argentine veut avoir la liberté de se développer elle-même, sans être soumise à porter un poids excessif de décisions qui sont étrangères à nos objectifs », a souligné Diana Mondino, la ministre des Affaires étrangères de ce pays, ajoutant que les autorités argentines poursuivaient une politique de liberté.
Dans son discours à l’Assemblée générale des Nations unies, le président argentin Javier Milei a qualifié cette organisation de « Léviathan à plusieurs tentacules qui cherche à décider ce que chaque État-nation doit faire et comment les citoyens du monde doivent vivre ».
L’ONU, « née pour défendre les droits de la personne, a été l’un des principaux promoteurs de violations systématiques des libertés, comme les quarantaines mondiales de 2020, qui devraient être considérées comme un crime contre l’humanité », a lancé M. Milei, en référence aux confinements imposés lors de la pandémie du virus de Covid-19 d’origine chinoise.
Il a également qualifié l’Agenda 2030 de l’ONU, qui occupe une place importante dans le Pacte pour l’avenir, de « programme gouvernemental socialiste supranational visant à résoudre les problèmes de la modernité avec des solutions qui menacent la souveraineté des États-nations ».
Le nouveau pacte prend des engagements pour accélérer la mise en œuvre de l’Agenda 2030 de l’ONU, aussi connu sous le nom des 17 Objectifs de développement durable.
« Nous réaffirmons notre attachement sans faille à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de ses Objectifs de développement durable. Nous accélérerons d’urgence le rythme des progrès accomplis sur la voie de ces objectifs, notamment grâce à l’adoption de mesures politiques concrètes et à la mobilisation de financements supplémentaires importants », peut-on lire dans le Pacte.
Les Objectifs de développement durable, qualifiés par les dirigeants des Nations unies de « plan directeur pour l’humanité » lors de leur adoption en 2015, couvrent tous les domaines, de l’éducation à l’agriculture en passant par les soins de santé et l’environnement.
Après l’adoption de l’Agenda 2030, les organes de propagande du PCC dans le monde entier se sont vantés du fait que Pékin avait joué un « rôle crucial » dans sa création.
Cependant, la Commission d’examen de l’économie et de la sécurité entre les États-Unis et la Chine tire la sonnette d’alarme depuis des années.
« Depuis que la Commission États-Unis-Chine a commencé à suivre les fonctionnaires de la République populaire de Chine occupant des postes de direction dans les organisations internationales, l’influence de Pékin n’a fait que croître sur les principales agences de l’ONU responsables du financement et de l’élaboration des politiques sur un large éventail de questions importantes », a expliqué la Commission à Epoch Times.
« Contrairement aux normes de conduite des fonctionnaires internationaux, ils [les fonctionnaires chinois] utilisent ces postes [à l’ONU] pour poursuivre les objectifs de la politique étrangère de la Chine », a-t-elle précisé.
De son côté, Stéphane Dujarric, le porte-parole d’António Guterres, a défendu le Pacte : « Le Pacte pour l’avenir ne vise pas à instaurer un gouvernement mondial », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. « Il s’agit d’améliorer le fonctionnement d’une organisation composée d’États membres indépendants et souverains. »
« Ce n’est pas comme si quelqu’un accordait au secrétaire général l’autorité sur les gouvernements, bien au contraire », a ajouté M. Dujarric, en faisant référence à la Charte des Nations unies.
Il est important de renforcer la coopération mondiale, car « aucun pays ne peut faire face à la montée des eaux, aux pandémies mondiales ou au terrorisme international », a-t-il précisé.
Le renforcement de l’ONU et, en particulier, les efforts visant à ce que le secrétaire général de l’ONU dirige les réponses aux situations d’urgence, ont fait l’objet d’une attention particulière de la part des opposants de cette idée.
Comme l’a rapporté Epoch Times en avril dernier, l’un des principaux objectifs du Sommet de l’avenir était de faire de l’ONU la force centrale chargée de gérer les urgences internationales et les « chocs mondiaux complexes ».
Dans son document originel d’orientation sur la question, António Guterres a affirmé que tous gouvernements, les nations, entreprises et autres parties prenantes devaient reconnaître le « rôle primordial » des organes intergouvernementaux, notamment de l’ONU et de ses agences, dans la « prise de décision ».
Kevin Moley, l’ancien secrétaire d’État adjoint aux organisations internationales qui a supervisé les relations entre les États-Unis et l’ONU sous l’administration Trump, a indiqué à Epoch Times : « Permettre à l’ONU de s’occuper de cette question équivaut à confier au PCC la responsabilité des urgences mondiales. » Il a averti que la prise de contrôle des organisations internationales par Pékin représentait une menace potentiellement mortelle pour l’Occident.
Francis Boyle, professeur de droit international à la faculté de droit de l’université de l’Illinois, a expliqué à Epoch Times qu’on devait résister à ce qu’il décrit comme une « prise de pouvoir » aux proportions historiques.
« Le secrétaire général de l’ONU s’est arrogé des pouvoirs dictatoriaux […] par le biais de sa simple proclamation d’une ‘urgence’, comme il l’a définie lui-même », a-t-il souligné.
M. Boyle, qui a rédigé la législation américaine d’application de la Convention sur les armes biologiques et qui siège au conseil d’administration d’Amnesty International, a fait remarquer qu’en raison de l’implication des chefs d’État et de gouvernement, le nouveau pacte de l’ONU pourrait constituer un « traité » assorti d’«obligations juridiques » en vertu du droit national et international.
« Cet arrangement totalitaire constitue une menace grave et immédiate pour la souveraineté et l’indépendance de tous les États membres des Nations unies », a-t-il martelé.
Liberté d’expression, liberté de la presse
L’un des principaux éléments du pacte de l’ONU, adopté en tant que son annexe, parle de la gouvernance par l’ONU de l’intelligence artificielle (IA). Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a annoncé que le régime chinois « soutient l’ONU en tant que principal canal de gouvernance de l’intelligence artificielle ».
Une autre préoccupation majeure des critiques est le ciblage de la liberté d’expression dans le Pacte numérique mondial, approuvé en tant qu’annexe au Pacte pour l’avenir.
Affirmant protéger « l’intégrité de l’information », le nouvel accord de l’ONU appelle à une intensification radicale des efforts pour lutter contre les « discours de haine », la « discrimination », la « désinformation » et bien d’autres choses encore.
Pour illustrer la menace que représentent ces mesures, les opposants ont cité en exemple la censure mondiale autour de la pandémie du Covid-19, lorsque YouTube supprimait les contenus qui allaient à l’encontre des déclarations de l’Organisation mondiale de la santé.
L’ONU est également devenue plus agressive sur ce front. En 2022, lors d’un événement sur le développement durable organisé par le Forum économique mondial, Melissa Fleming, secrétaire générale adjointe de l’ONU chargée de la communication, a annoncé un partenariat avec Google.
« Nous avons lancé ce partenariat lorsque nous avons été choqués de constater que, lorsque nous tapions ‘changement climatique’ sur Google, nous obtenions des informations incroyablement déformées en tête de liste », a-t-elle affirmé. « Nous devenons beaucoup plus proactifs. Nous possédons la science et nous pensons que le monde devrait la connaître, tout comme les plateformes elles-mêmes. »
Mme Fleming a également souligné qu’elle travaillait avec TikTok, lié au régime chinois, et qu’elle recrutait des « influenceurs » pour promouvoir les messages de l’ONU.
Interrogée sur le partenariat entre l’ONU et Google, Mme Fleming n’a pas souhaité faire de commentaire.
Le Pacte appelle à une « gouvernance d’Internet » qui doit avoir un « caractère mondial et multipartite ».
« Nous renforcerons la coopération internationale afin de remédier au problème que constituent la mésinformation, la désinformation et les discours de haine en ligne, et d’atténuer les risques de manipulation de l’information, et ce, dans le plein respect du droit international », indique le Pacte numérique mondial.
L’accent mis à plusieurs reprises sur les prétendus « risques » de la désinformation est l’un des éléments les plus inquiétants du Pacte, a souligné Reggie Littlejohn, fondatrice et présidente de Women’s Rights Without Frontiers (Droits des femmes sans frontières) et coprésidente de la Sovereignty Coalition (Coalition pour la souveraineté).
« Il suffit de se rappeler la pandémie pour voir que ces termes sont définis comme tout ce qui va à l’encontre du discours des Nations unies, de l’OMS et de leurs collaborateurs », a-t-elle expliqué à Epoch Times, en faisant référence à l’Organisation mondiale de la santé.
« Contrôler la narration en supprimant les voix dissidentes est une violation inconstitutionnelle de la liberté d’expression. C’est, de plus, une caractéristique du totalitarisme, qui commence par la censure et s’appuie sur elle. »
« En outre, la censure prive les individus et les nations de leur souveraineté », a poursuivi Mme Littlejohn. « Les personnes et les nations souveraines décident elles-mêmes de la manière dont elles se gouverneront. Elles sont privées de ce processus de prise de décision si on leur refuse l’accès aux faits réels sur lesquels elles fondent leurs décisions. »
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