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Le Pakistan refuse de confiner ses villes malgré un bond du coronavirus

mars 18, 2020 21:30, Last Updated: mars 18, 2020 21:49
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Le Pakistan, pays pauvre au système de santé en déshérence, refuse de confiner ses villes, alors que les cas de nouveau coronavirus se multiplient ces derniers jours et qu’une zone de quarantaine défaillante pourrait avoir favorisé la pandémie.

« La situation n’est pas la même que celle des Etats-Unis ou de l’Europe », a lancé mardi soir le Premier ministre Imran Khan lors d’une allocation télévisée.

Si des pays comme l’Italie, l’Espagne et la France ont ordonné à leurs citoyens de rester chez eux pour limiter la propagation de la maladie, un quart des Pakistanais vivent « dans une pauvreté extrême », a-t-il affirmé.

« Si nous confinons les villes, (…) nous sauverons (ses habitants) du coronavirus d’un côté, mais ils mourront de faim de l’autre », a déclaré le chef du gouvernement, ajoutant qu’une telle mesure avait été envisagée, puis rejetée.

Alors que les politiques de « distanciation sociale », c’est-à-dire isoler les gens les uns des autres, apparaissent comme les seules efficaces pour endiguer la progression de la pandémie, le Pakistan (207 millions d’habitants en 2017), a fermé stades et établissements scolaires.

Mais la crainte d’une contamination massive est grande dans un pays frontalier de la Chine, qui a vu naître le Covid-19, et de l’Iran, qui faisait état mardi de 1.192 morts et plus de 17.000 malades.

Deux premiers décès

Mercredi, le Pakistan, au système de santé défaillant après des décennies de sous-investissement, a connu ses deux premiers décès liés au nouveau coronavirus : un homme de 50 ans récemment revenu du pèlerinage de La Mecque, et un trentenaire ayant séjourné à Dubaï.

La culture de la poignée de mains et de l’accolade et un fort taux d’illettrisme risquent d’y favoriser la pandémie.

Le discours d’Imran Khan intervient alors que le nombre de malades du nouveau coronavirus a été quasiment multiplié par huit en quatre jours, pour passer à 241, dont 172 dans le Sindh (Sud), a indiqué mercredi le ministère de la Santé.

La province du Sindh a fait état quelques heures plus tard de 181 personnes infectées, dont 143, à Sukkur (Sud), venaient d’une zone de quarantaine que ses pensionnaires et anciens occupants accusent d’avoir favorisé la transmission de la pandémie.

Manque d’installations sanitaires

« Nous ne pouvons nous laver qu’une fois tous les trois jours environ » par manque d’installations sanitaires, a affirmé mardi à l’AFP Muhammad Sadatullah, qui rentrait d’un pèlerinage en Iran quand il a été conduit à cette quarantaine située au poste-frontière de Taftan (Sud-Ouest).

« Je porte le même masque depuis plus de sept jours maintenant », a dénoncé un autre pensionnaire requérant l’anonymat. « Ils ont vérifié notre température une seule fois. Il n’y a aucun suivi, aucun médecin »« Si je n’avais pas le virus quand je suis arrivé ici, je ne serai pas surpris de découvrir que je l’ai maintenant », a-t-il soupiré.

Les résidents portant des masques pour se protéger contre la diffusion du coronavirus COVID-19 dans une rue d’Islamabad le 17 mars 2020. (Photo : AAMIR QURESHI/AFP via Getty Images)

Des vidéos de la quarantaine de Taftan visibles sur les réseaux sociaux montrent ses occupants dormant par terre ou dans des couloirs, dans des conditions hygiéniques douteuses.

Plusieurs habitants interrogés par l’AFP ont fait état de manifestations lundi à Taftan pour demander de meilleures conditions de séjour. Certains ont fui, malgré des coups de feu de sommation des forces de sécurité, ont-ils indiqué.

La quarantaine de Taftan

« Il est grand temps de fermer (hermétiquement) Taftan pour les prochaines semaines, sinon il sera trop tard », a tweeté Arsalan Taj, un parlementaire du Sindh.

« Tous sont venus d’Iran. Ils ont été enfermés à Taftan et n’ont pas été autorisés à se disperser dans tout le pays. Ce n’est pas Taftan qui a un problème », lui a répondu Jam Kamal Khan, le Premier ministre de la province du Baloutchistan, dont Taftan fait partie.

Mardi soir, Imran Khan a « félicité » le gouvernement du Baloutchistan et l’armée pakistanaise, qui l’a aidé, pour leur « boulot difficile » réussi à Taftan, « dont la frontière est un désert ».

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