Le prix du paquet de Marlboro, la marque de cigarettes la plus vendue en France, atteindra la barre symbolique des dix euros le 1er mars, sous l’effet d’une hausse des taxes qui a fait reculer les ventes et vise à réduire le tabagisme dans l’Hexagone.
Publié au Journal officiel mardi, un arrêté ministériel daté du 31 janvier fixe les nouveaux prix, en hausse en raison de l’application du premier relèvement de taxes de 50 centimes, programmé cette année – le second étant prévu pour le 1er novembre par le gouvernement.
« Le gouvernement voulait atteindre un prix moyen du paquet de cigarettes à 10 euros en novembre 2020, mais là les marques les plus chères y sont déjà », explique à l’AFP un cigarettier ne souhaitant pas être identifié.
À compter du mois prochain le groupe Philip Morris, dont la part de marché est de 40% en France, dont 26% avec sa marque phare Marlboro, vendra désormais le paquet de Marlboro Red à 10 euros, contre 9,30 euros actuellement. Une autre de ses références les plus vendues augmente de 60 centimes: les Winston passent à 9,60 euros.
Le leader du marché a donc répercuté la hausse de 50 centimes, et augmenté par la même occasion, sa marge de 10 à 20 centimes par paquet.
Chez le concurrent Japan Tobacco International, le prix des Camel sans filtre passe à 9,80 euros contre 9,10 euros, soit là encore une hausse de 70 centimes.
Le paquet de Marlboro n’est toutefois pas le plus cher vendu dans l’Hexagone: les Gauloises brunes de Seita (filiale française du britannique Imperial Brands), qui coûtaient déjà 10 euros depuis le 1er novembre dernier, passent à 10,60 euros, et les Gitanes brunes à 11 euros, contre 10,50 euros auparavant.
En France, les industriels du tabac fixent leurs prix de vente, mais l’État peut inciter à des augmentations en faisant varier les taxes, qui représentent plus de 80% du prix. Chaque fabricant décide ensuite de maintenir, rogner ou augmenter ses marges, en fonction de la concurrence et de sa politique de prix.
Une hausse des prix avec le nouveau gouvernement
Après l’élection présidentielle de mai 2017, le gouvernement a mis fin à quatre ans de stabilité des prix, relevant nettement les taxes pour faire passer le prix du paquet aux alentours de 8 euros le 1er mars 2018, et procédant depuis à deux hausses annuelles de 50 centimes, programmées l’une en mars, l’autre en novembre, dans le but affiché de réduire la consommation de tabac.
Ces hausses de prix ont fait chuter les ventes de 9,32% en 2018 et de 7,2% l’an dernier.
Selon les cigarettiers, ce renforcement de la fiscalité fait exploser le marché parallèle. En attestent « des saisies douanières de tabac illicite de plus en plus nombreuses », dit à l’AFP Pascal Marbois, directeur des affaires publiques de British American Tobacco (BAT) France.
Parmi les produits phare de BAT, le prix des Lucky Strike Bleu Classic montera à 9,40 euros le 1er mars, contre 8,90 euros auparavant, et celui des Winfield Rouge passe à 9,60 euros.
La France en cavalier seul en Europe
« La France continue de faire cavalier seul avec une politique de choc de taxes déconnectée des pays voisins », estime M. Marbois, appelant « les autorités à une politique plus pragmatique axée sur la réduction des risques et la promotion du vapotage » qui « a fait ses preuves en termes d’alternative au tabagisme ».
Seita dit aussi craindre « une chute des livraisons de tabac dans les régions transfrontalières, qui souffrent du commerce parallèle: elles ont déjà baissé de 10 à 15% l’an dernier », dit Cyril Lalo, son responsable des relations institutionnelles.
Du côté des anti-tabac, on estime que la politique gouvernementale, qui associe une hausse des prix à d’autres mesures -remboursement des traitements antitabac, paquet neutre-, mais aussi l’essor du vapotage, a motivé un nombre important de personnes à arrêter la cigarette.
Première cause de mortalité évitable, le tabac tue quelque 75.000 Français chaque année.
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