Le parc naturel marin d’Iroise près de Brest (ouest) est souvent érigé en modèle mais malgré sa population de dauphins en hausse, il « ne protège pas grand chose », estiment des associations et un chercheur, critiques de la stratégie de la France.
« Là, un aileron! ». Ce parc, le premier créé en France en 2007, est régulièrement sillonnée par des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) armés de téléobjectifs et en quête de grands dauphins dont le décompte est constamment mis à jour.
« Chaque dauphin a un aileron spécifique. C’est un peu leur carte d’identité », explique à l’AFP Mickaël Buanic, un des agents, à bord d’un semi-rigide au large de l’île de Sein. « Celui-là, c’est le numéro 341, une femelle qui était avec son jeune », dit-il, en désignant un aileron marqué d’une encoche, sur l’écran de son appareil photo.
Tombée à trois spécimens dans les années 1970, la population de ces cétacés sédentarisés dans la zone du parc, n’a cessé d’augmenter pour atteindre 41 désormais.
« Suivre l’état général de la biodiversité locale
Le comptage des dauphins permet de suivre l’état général de la biodiversité locale : « comme c’est un des prédateurs supérieurs, en suivant cette population, on a une idée de l’état du milieu dans lequel il vit », ajoute M. Buanic.
Le parc national marin d’Iroise fonctionne avec un conseil de gestion, associant notamment élus, pêcheurs, plaisanciers et associations environnementales.
« Se débarrasser des hommes n’est pas dans notre objectif », décrit Philippe Le Niliot, directeur adjoint du parc dont le credo est de « faire cohabiter les hommes avec leurs ressources ». « On a de très, très bons rapports », insiste Philippe Perrot, pêcheur-ligneur et vice-président du parc. Les pêcheurs y exploitent le plus grand champ d’algues français.
Pour certains : une « aire marine protégée de papier » qui « ne protège pas grand chose »
Cette gestion ne fait cependant pas l’unanimité, les associations environnementales critiquant une « aire marine protégée de papier » qui « ne protège pas grand chose ».
« Tout est autorisé sauf quand, par hasard, c’est interdit », ironise Christophe Le Visage, de l’association Eau et Rivières de Bretagne au conseil de gestion.
La perspective de créer des « zones de protection forte » ne le convainc pas « tant la notion a été vidée de sa substance par le gouvernement » selon lui.
Une protection intégrale pour « à peu près 1,6% » d’aires marines protégées
« La France est extraordinaire, elle a déjà atteint l’objectif de 30% d’aires marines protégées », observe Joachim Claudet, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la durabilité des systèmes socio-écologiques côtiers et marins.
« Mais dans ces 30%, ce qui est en protection intégrale, donc les niveaux de protection qui peuvent fournir des bénéfices, c’est à peu près 1,6% », calcule-t-il.
Cette véritable protection correspond « essentiellement (à) des territoires lointains dans les terres australes et antarctiques françaises » mais ailleurs « il n’y a quasiment rien qui est réglementé ».
La France à la traîne
La France semble distancée par des pays qui « sont en train de faire beaucoup mieux » selon lui. « Des pays qui en faisaient très peu, s’y mettent. Par exemple, l’Allemagne a maintenant comme cible de faire 10% de protection intégrale.
Le Royaume-Uni et l’Irlande sont en train d’éliminer le chalutage de leurs aires marines protégées », détaille M. Claudet, et « les États-Unis ont beaucoup plus de protection intégrale que la France ».
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