Au cours de la dernière décennie, le Parti communiste chinois (PCC) a utilisé de multiples canaux médiatiques pour influencer et manipuler les communautés chinoises en Amérique. Le PCC a élargi ses canaux de communication avec la télévision en continu sur Internet, les médias sociaux et la messagerie WeChat.
Le chef du PCC, Xi Jinping, a parlé à plusieurs reprises des stratégies de convergence des médias de la Chine, affirmant que : « Nous devrions utiliser pleinement les nouvelles technologies et les nouvelles applications pour innover dans les méthodes de communication des médias et nous emparer du champ décisif que représente la diffusion de l’information » et « là où se trouvent les lecteurs et le public, notre propagande et nos rapports devraient y parvenir, et nos efforts et notre concentration sur le travail idéologique devraient s’y déployer ».
Un premier aperçu de cette stratégie a été communiqué lors d’une conférence en 2015 par He Yafei, directeur adjoint du Bureau des affaires étrangères de la Chine. Il a déclaré : « Le monde entre dans une période de transition entre l’ancien et le nouvel ordre international… pour faire un bon travail de communication de la Chine à l’étranger, nous devons concentrer nos avantages et briser le blocus des médias occidentaux ».
He Yafei a proposé d’utiliser la tendance à la mondialisation et de créer des « histoires chinoises » pour intégrer les idées et les concepts chinois au discours internationalement reconnu. L’idée est de « construire les valeurs caractéristiques de la Chine et son système de discours », pour lesquels il faut « créer des sites web multilingues, des stations de radio et de télévision en ligne, des applications de radio et de télévision mobiles, et des services de terminaux d’information pour former un modèle de communication à l’étranger », a-t-il expliqué. En bref, l’objectif est de « hisser le drapeau rouge [communiste] dans le monde entier ».
La présence médiatique du PCC aux États-Unis est importante. Par exemple, l’Amérique du Nord compte plusieurs grandes plateformes de télévision par internet (OTT), dont KyLin TV, Great Wall Platform, iTalkBB et Charming China. Le terme OTT désigne le contenu et les services mis en place sur l’internet pour que les utilisateurs puissent y accéder, généralement par l’intermédiaire d’un boîtier qui peut remplacer la télévision par câble et être utilisé avec le WiFi, sans frais d’abonnement mensuels.
En Chine, l’industrie de la télévision OTT est un secteur fortement réglementé, semblable à une zone militaire restreinte, alors qu’aux États-Unis, elle est largement ouverte. Ces plateformes ont été déployées pour la première fois en 2006 et sont désormais très populaires au sein de la communauté chinoise. Elles diffusent les principales chaînes officielles du PCC et des centaines de chaînes de télévision chinoises. Certaines plateformes ont également développé des applications mobiles, comme l’application KyLin TV pour iPad, l’application iTalkBB TV, et au moins 10 applications similaires disponibles sur l’Apple Store.
Un autre exemple est celui des nombreux réseaux Internet qui prétendent fournir des services d’information en chinois « tout-en-un » aux communautés des États-Unis. Les plus importants sont le réseau d’information chinois de New York (NYChinaRen.com), le réseau d’information chinois de Los Angeles (ChineseInLA.com), le réseau d’information chinois de la région de la baie de San Francisco (ChineseInSFBay.com) et le réseau d’information chinois de Vancouver (ChineseInVan.com). Le siège de ces réseaux ne se trouve pas aux États-Unis, mais à Tianjin, en Chine. Leurs sites web sont gérés par Tianjin Luoxun Network Technology Co., Ltd, tandis que Tianjin Xiwei Network Technology Co., Ltd gère les comptes WeChat, FaceBook, les mails et les applications pour téléphones portables.
Lorsque les clients ouvrent ces réseaux d’information chinois, ils voient 17 canaux desservant d’importantes communautés chinoises dans des villes hors de Chine, de Washington D.C. à Sydney et de Las Vegas à Seattle. Les clients de ces villes peuvent ne pas se rendre compte que le contenu de la chaîne est censuré en Chine. Ils traduisent et résument des documents produits par d’autres médias et ciblent spécifiquement les Chinois et les habitants de Hong Kong qui peuvent lire les caractères chinois simplifiés, afin de pouvoir continuer à leur laver le cerveau.
La mesure dans laquelle le PCC manipule les informations dans le monde entier peut être observée sur Baidu en recherchant « New York Chinese Information Network Editor-in-Chief Zhan Juan ». Cette recherche révèle comment les médias chinois d’outre-mer et du continent, tels que Observer, Tencent, Sohu et Phoenix, partagent tous le trafic et relient de manière transparente les articles utilisant des caractères chinois simplifiés.
La stratégie utilisée par le PCC pour laver secrètement le cerveau des étrangers consiste à acquérir des médias à l’étranger et à acheter des encarts publicitaires. La Chine manipule régulièrement le contenu des actualités qu’elle possède sur The News Break, une application d’actualités en anglais très répandue et une plateforme d’agrégation d’informations appartenant à la société chinoise ByteDance, qui possède également TikTok.
En 2011, Li Congjun, l’ancien président de l’agence de presse d’État Xinhua, a écrit un éditorial pour le Wall Street Journal intitulé « Building a New World Media Order » (Construire un nouvel ordre mondial des médias). Il a fait campagne en faveur de « nouvelles règles et d’un nouvel ordre » dans la manière dont l’information circule traditionnellement de « l’Ouest vers l’Est » et des pays « développés vers les pays en développement ». Selon lui, les anciennes règles sont dépassées et ne reflètent pas la façon dont les nouveaux développements politiques et économiques qui se produisent à l’Est peuvent tout aussi bien influencer l’Ouest.
Lorsque son éditorial a été publié, de nombreuses personnes ont estimé qu’en raison du manque de crédibilité du PCC, il serait impossible pour la Chine de « construire un nouvel ordre médiatique mondial ». Les gens se demandaient en plaisantant : « Comment cela est-il possible si les journalistes objectifs sont remplacés par des porte-parole du PCC ? »
Plus de dix ans se sont écoulés depuis que Li Congjun a publié son éditorial, et le PCC a progressé dans la manipulation de la façon dont le reste du monde perçoit la Chine.
Les faux médias étrangers de la Chine
Lors de la conférence des « deux sessions » du PCC en 2018, Zhang Huijui, directrice exécutive de l’American Multimedia Television USA (AMTV), a posé une longue question flatteuse à des responsables chinois. Pendant qu’elle parlait, les caméras de télévision ont fait un panoramique sur une journaliste qui se tenait derrière Zhang. La journaliste, de l’émission « First Financial News » de Shanghai TV, a levé les yeux au ciel comme pour dire : « Ce que dit Zhang est connu pour être faux et trompeur ».
L’incident a déclenché des enquêtes publiques qui ont permis de révéler une vérité embarrassante. Bien que Zheng ait qualifié AMTV d’organe de presse enregistré aux États-Unis, l’enregistrement étranger ne fait que masquer la vérité. Malgré son enregistrement aux États-Unis, AMTV est parrainée par le PCC et fonctionne sous son influence. Dans des déclarations antérieures, des responsables d’AMTV ont même parlé de la Chine comme de « notre pays ».
Nan Su, commentateur de presse, a déclaré à Epoch Times le 27 avril que les faux médias étrangers comme AMTV jouent un double rôle. Ils font croire à la population chinoise que les médias étrangers soutiennent le PCC. Ils propagent également la rhétorique de lavage de cerveau du PCC parmi les étrangers et les communautés chinoises à l’étranger. En cas de conflit entre la Chine et les États-Unis, les faux médias étrangers incitent le public à favoriser la Chine. Le PCC sait que si ses médias d’État tentaient de le faire, le public serait moins enclin à croire ce qu’on lui dit.
En 2001, la Fondation Jamestown, basée à Washington, D.C., a publié un article affirmant que le PCC utilise le pouvoir de l’argent pour financer son influence à l’étranger. Les médias de langue chinoise aux États-Unis ont été achetés par la Chine ou se sont conformés à ses exigences, de peur d’offenser le PCC. Leur volonté de se conformer explique pourquoi le contenu de leurs informations a commencé à refléter celui des médias chinois. L’article de Jamestown énumère quatre journaux chinois aux États-Unis qui sont contrôlés directement ou indirectement par le PCC : le World Journal, le Sing Tao Daily, le Ming Pao et le Qiao Bao. Ensemble, ces journaux ont un tirage total de plus de 700.000 exemplaires.
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