Le régime communiste chinois a exporté l’idéologie communiste et les systèmes de contrôle autoritaires vers les pays en développement sous le couvert de programmes de « formation commerciale », selon le nouveau rapport du Global China Hub de l’Atlantic Council, intitulé A Global South with Chinese characteristics (Un Sud mondial avec des caractéristiques chinoises).
Le Sud mondial fait référence aux pays en développement qui se trouvent principalement (mais pas exclusivement) dans l’hémisphère sud, notamment l’Inde, l’Indonésie, le Brésil, le Pakistan ainsi que la plupart des pays d’Afrique et d’Amérique latine. La Chine est également incluse.
Le rapport révèle que 795 séminaires en ligne ont été proposés à des fonctionnaires étrangers dans ces pays en 2021 et 2022, financés et organisés par le ministère du Commerce du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir, afin de promouvoir « une approche autocratique de la gouvernance » et de faire passer l’idée que le contrôle autoritaire est essentiel au développement économique.
Les conclusions se fondent sur 1691 dossiers obtenus auprès de l’Academy for International Business Officials (AIBO, Académie des responsables du commerce international), qui dépend du ministère du commerce du PCC. L’AIBO, qui forme les cadres du PCC au sein du ministère, a travaillé en coordination avec les ambassades du PCC pour promouvoir ses séminaires en ligne dans les pays du Sud. Selon le rapport, 21.123 personnes ont participé aux séminaires en ligne du PCC au cours de ces deux années.
L’auteur du rapport, la chercheuse Niva Yau, a classé les programmes de formation en six groupes en fonction de leur contenu afin d’analyser la manière dont ils servent « les ambitions plus larges de la Chine de saper les normes démocratiques libérales qui sous-tendent actuellement l’ordre mondial ».
Les deux premiers groupes sont qualifiés de « clairement autoritaires » et de « potentiellement autoritaires » et contiennent des leçons sur les pratiques du PCC qui violent la liberté individuelle, y compris des « pratiques de régime non démocratique » telles que le « contrôle administratif des médias, de l’information et de la population ».
« Les programmes fournissent également une assistance pratique aux pays hôtes afin d’accélérer l’adaptation aux pratiques chinoises », peut-on lire dans le rapport.
Les programmes de formation classés dans deux autres groupes, « accès aux opérations d’information » et « accès à la sécurité », sont axés sur des activités qui servent les « objectifs de collecte de renseignements » du PCC et contribuent à renforcer l’accès du régime chinois aux opérations d’information et à l’infrastructure de sécurité des pays étrangers.
L’idéologie du PCC, dont les écrits du chef du régime Xi Jinping, est incluse dans le programme de formation. Il en va de même pour la promotion de l’initiative « la Ceinture et la Route » du régime chinois, un vaste programme de prêts d’infrastructures pour les pays en développement qui sert à étendre l’influence politique du PCC.
Le rapport souligne que le modèle chinois, promu dans les formations et les activités, est enraciné dans l’idéologie politique du PCC, notamment la centralisation du pouvoir et de l’économie.
D’après le rapport, ces formations visent à susciter de la part des fonctionnaires des pays du Sud un intérêt plus marqué pour les discours chinois. Elles s’inscrivent dans la volonté plus générale du Parti communiste chinois de promouvoir une image positive du pays et des bénéfices d’une coopération avec lui.
Selon l’analyse, les programmes rappellent sans cesse aux participants que le PCC doit son succès aux pratiques de gouvernance autoritaires, tout en critiquant les pratiques et les principes démocratiques.
Le rapport note que la tendance à promouvoir l’autocratie et à saper la démocratie dans les pays en développement se poursuivra probablement, étant donné que le PCC multiplie ce type de programmes.
Démocratie contre autoritarisme
Les programmes de formation contribuent à renforcer l’objectif d’expansion du PCC dans les pays les plus pauvres du monde. Xi Jinping a réitéré sa solidarité avec ces pays le 12 juin dans un discours vidéo prononcé lors de la cérémonie d’ouverture du 60e anniversaire de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement.
Il a déclaré que « la Chine sera toujours un membre du Sud et du monde en développement » et qu’elle « cherchera activement une augmentation des importations en provenance d’autres pays en développement, ainsi qu’une intensification de la coopération en matière de commerce, d’investissement et de développement ».
Cheng Cheng-ping, professeur d’économie à l’Université nationale des sciences et technologies de Taïwan, estime que ces programmes de formation, qui sont gérés par le ministère du Commerce à la consonance neutre, démontrent que le PCC dirigé par Xi a une « approche systématique pour influencer et dominer l’ordre mondial qui dépasse notre imagination ».
« Le PCC, de concert avec la Russie, tente de modifier l’ensemble de l’ordre mondial fondé sur la démocratie, la liberté, l’individualisme et l’État de droit. C’est pourquoi, grâce à sa propre réussite économique, il souhaite attirer les pays du Sud à l’aide de ces programmes de formation complets », explique M. Cheng.
Il souligne que la collaboration entre le PCC et les pays du Sud a déjà eu un impact sur la confrontation avec l’Occident démocratique.
« L’influence de la Chine dans de nombreux domaines est désormais supérieure à celle des États-Unis. Pour autant qu’il y ait un vote aux Nations unies, les États-Unis perdent presque à chaque fois », affirme M. Cheng. « C’est pourquoi toutes les organisations internationales refusent d’accepter Taïwan ».
Il met également l’accent sur l’attrait du modèle chinois promu dans les programmes de formation.
« Il y a plus de 100 pays en développement, pays pauvres et pays autocratiques dans le monde. Leur première priorité est de maintenir leur propre domination politique », précise-t-il. « L’économie chinoise s’est bien développée et le régime semble très stable, ce qui représente une double tentation pour eux. Si l’économie se développe bien, le régime autoritaire peut être plus autoritaire. Leur domination est non seulement légitimée, mais elle se renforce également. »
Chen Shih-min, professeur agrégé de sciences politiques à l’Université nationale de Taïwan, a expliqué à Epoch Times le 14 juin : « La Chine fournit aux pays du Sud des fonds et des prêts dans le cadre de l’initiative ‘la Ceinture et la Route’. Contrairement aux pays occidentaux, la Chine ne leur demande pas de promettre la liberté politique et les droits de l’homme à leur population. »
Chen Shih-min fait remarquer que cela pourrait conduire certains des pays les moins développés du monde, en particulier en Afrique, où de nombreux gouvernements sont des dictatures, à se rapprocher de la Chine.
En revanche, il souligne que l’économie chinoise s’est effondrée, en particulier depuis la pandémie du Covid-19.
« La bulle immobilière est en train d’éclater. Tout le monde prédit que l’économie chinoise va continuer à décliner et que la situation ne changera pas dans un avenir proche. »
« Pendant ce temps, Xi resserre son emprise sur la société chinoise. Le mythe de la Chine ou l’histoire de la bonne Chine est de plus en plus difficile à raconter. Sa capacité à distribuer d’énormes quantités d’argent aux pays en développement a également diminué. »
En ce qui concerne la concurrence d’influence avec l’Occident, M. Cheng a déclaré que « l’Occident a toujours un avantage absolu, pas seulement en termes de puissance économique ; les valeurs qu’il représente — la démocratie, les droits de l’homme, l’État de droit, la liberté et l’ouverture, et la concurrence du marché libre — sont la bonne voie vers la paix et la prospérité dans le monde ».
Contrer l’influence du PCC
M. Cheng affirme que la confrontation entre l’autoritarisme et les valeurs démocratiques occidentales est clairement illustrée dans les programmes de formation du PCC destinés aux fonctionnaires du Sud.
« Les pays occidentaux doivent être plus unis et plus stratégiques. Ils devraient ensuite consacrer davantage de ressources, d’aide et d’efforts pour aider ces vastes régions, pays et peuples qui ont longtemps été dominés par la pauvreté, le chaos et l’autoritarisme. Si les pays occidentaux ne se préoccupent que de leur propre société, des forces maléfiques comme la Chine et la Russie entreront [dans le Sud] et auront une plus grande influence. »
« Certains pays du Sud, après avoir réussi à se débarrasser de la pauvreté [avec l’aide de l’Occident], suivront alors progressivement les valeurs occidentales et se rapprocheront de l’alliance occidentale. »
M. Chen propose une approche de ce genre pour contrer l’influence du PCC.
« Les pays occidentaux ne devraient pas hésiter à fournir davantage d’aide au développement des pays du Sud, en particulier pour la construction d’infrastructures. »
Il appelle aussi l’Occident à mieux informer sur le PCC et la Chine afin de contrer la propagande chinoise dans la guerre cognitive contre le régime chinois.
« De nombreux pays du Sud peuvent être trompés par les opérations délibérées du Front uni et de la guerre cognitive du PCC, et surtout ne pas comprendre la situation de ces deux ou trois dernières années — la Chine est de plus en plus confrontée à une série de problèmes économiques et sociaux », explique-t-il. « Les pays occidentaux doivent en faire largement état et expliquer clairement la situation par le biais des médias et d’autres moyens. »
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