Le Parti communiste chinois (PCC) vient de prendre une nouvelle décision économique stupide. Embarrassé par l’augmentation du taux de chômage des jeunes, qui a doublé en un an environ, Pékin a décidé de ne plus publier de données à ce sujet.
Plutôt que de dissimuler la source de cet embarras, cette décision ne fera qu’aggraver le sentiment croissant d’échec du gouvernement chinois sur le plan économique. Pire encore, elle entravera directement tout espoir de reprise de l’élan économique, puisque la dissimulation des réalités économiques va augmenter les incertitudes des entreprises et, par conséquent, décourager les dépenses d’investissement et l’expansion dont la croissance est tributaire. À un niveau encore plus fondamental, les taux élevés de chômage des jeunes – qu’ils soient cachés ou non – soulignent clairement les faiblesses du système économique centralisé chinois.
Le problème du chômage des jeunes dans le pays s’envenime depuis longtemps et s’est particulièrement aggravé cette année. En décembre dernier, le taux de chômage des 16-24 ans s’élevait à 16,7%. Depuis, le pourcentage a augmenté mois après mois, si bien qu’au mois de juin, le dernier mois pour lequel le bureau des statistiques de Pékin a fourni des données, le taux s’élevait à 21,3%. Le problème est particulièrement grave pour les diplômés de l’université qui ne peuvent tout simplement pas trouver un emploi correspondant à leur niveau d’études.
Les diplômés ont souffert de trois vents contraires dans leurs efforts pour trouver un emploi. La pandémie de Covid-19 a entraîné l’arrêt de la production et de l’embauche, et certainement de tous les plans de développement des entreprises. Les diplômés des promotions 2020 et 2021 sont arrivés dans un monde où les perspectives d’emploi étaient rares, voire inexistantes. La politique zéro Covid du PCC menée dans les années qui ont suivi le plus fort de la pandémie a aggravé le problème pour les diplômés, qu’ils aient obtenu leur diplôme pendant la pandémie elle-même ou qu’ils l’aient obtenu par la suite.
Plus récemment, les mesures réglementaires prises par Pékin à l’encontre des technologies ont assombri les perspectives d’emploi pour des milliers de diplômés en sciences et en ingénierie qui semblaient autrefois si redoutables aux yeux des médias occidentaux. Depuis, la décision de Washington de faire tout ce qui est en son pouvoir pour entraver les progrès technologiques en Chine a encore réduit les possibilités d’emploi des diplômés chinois.
Les derniers chiffres officiels sur le chômage des jeunes semblent assez graves, mais la situation pourrait être pire. Après avoir pris en compte le nombre de personnes frustrées qui ont abandonné la recherche d’un emploi, un professeur d’économie de l’université de Pékin estime que le taux de chômage des jeunes en Chine avoisine les 46,5%. Caixin, une publication financière chinoise respectée, a présenté son analyse sur son site web durant un certain temps mais, tout comme le chiffre officiel le plus bas, les autorités l’ont censurée pour qu’elle n’apparaisse plus sur le site.
Sur un plan plus fondamental, le problème que le PCC veut cacher reflète une planification extrêmement médiocre ou, plus généralement, l’échec de la planification centrale comme approche économique. Pendant des années, les planificateurs de Pékin ont supposé qu’un avenir économique plus sophistiqué nécessiterait un plus grand nombre de diplômés universitaires, en particulier dans les domaines qui, aux États-Unis, sont appelés STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques). Ces planificateurs ont encouragé un plus grand nombre de personnes à entrer à l’université et ont construit une infrastructure pour soutenir cet effort.
Avec un tel nombre de diplômés censés sortir des universités, les planificateurs auraient bien fait d’encourager également le développement du secteur des services dans l’économie chinoise. Des efforts mettant l’accent sur la conception et le travail intellectuel auraient permis d’absorber ces diplômés dans des emplois rémunérateurs et utiles. Au lieu de cela, les planificateurs ont continué à miser sur le modèle de croissance chinois d’exportation de longue date, offrant au monde des coûts de production peu élevés pour des produits plus ou moins simples, allant des jouets et des jeux aux textiles et aux assemblages pour les entreprises technologiques américaines, japonaises et européennes.
Les planificateurs ont eu beau parler de mettre l’accent sur les services, il ne s’agissait que de paroles en l’air. En effet, le chef du PCC, Xi Jinping, a contredit les besoins en exprimant son désir de voir la Chine dominer le monde dans la production de certains produits manufacturés, comme les véhicules électriques et les batteries. Si la Chine s’était fiée aux signaux du marché, les contradictions dans ces deux lignes d’encouragement auraient forcé un ajustement, mais les planificateurs ne se sont pas fiés à ces signaux. Aujourd’hui, le pays se retrouve avec un grand nombre de diplômés sans emploi et une pénurie de jeunes travailleurs en usine.
Ces erreurs passées sont aujourd’hui une réalité douloureuse, même si ce ne sont pas, hélas, les planificateurs qui en souffrent, mais les diplômés. Aujourd’hui, ces mêmes planificateurs conseillent aux diplômés de chercher un emploi d’ouvrier. Le Quotidien du Peuple, porte-parole de Pékin, déclare désormais : « Plus vous êtes ambitieux, plus vous devez être terre-à-terre ». Un bon conseil pour le moment, mais un bien maigre réconfort pour les millions de jeunes qui ont suivi les conseils très différents des planificateurs il y a quelques années et qui entendent aujourd’hui qu’ils doivent ignorer les efforts déployés par le passé sur l’ordre de ces mêmes planificateurs.
Outre le fait qu’elle souligne l’ineptie de la planification centrale chinoise, la décision de Pékin de cacher la mauvaise nouvelle que représente le chômage des jeunes va entraver tous les efforts entrepris pour y remédier, ou pour résoudre les autres problèmes économiques du pays, au demeurant. Après tout, les perspectives d’emploi – et la croissance en général – dépendent des efforts déployés par les entreprises pour s’agrandir. Déjà hésitants en raison des incertitudes engendrées par les mesures « zéro Covid » de Pékin et de l’hostilité de Washington, ces plans d’expansion souffriront encore plus des incertitudes implicites résultant de la décision du PCC d’obscurcir les données économiques et d’empêcher leur collecte par des sources privées. Les blessures économiques de la Chine semblent avoir été infligées principalement par Pékin.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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