Le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou ne sera pas reconduit pour un deuxième mandat à la tête du groupe ferroviaire mais poursuivra sa mission pendant l’été « afin de garantir la bonne organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques », a annoncé le gouvernement mardi.
Après la compétition, « la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat seront saisis par le président de la République du nom du successeur envisagé de M. Jean-Pierre Farandou », qui préside le groupe depuis 2019, a détaillé le communiqué.
Jean-Pierre Farandou avait jusqu’ici toujours fait savoir son intention de poursuivre pour un second mandat de président de la SNCF. Il aurait alors dû quitter ses fonctions en juillet 2025, car atteint par la limite d’âge (68 ans).
Il avait été nommé en novembre 2019 avec comme mission première le rétablissement des comptes de la SNCF et la mise en œuvre de la réforme ferroviaire de 2018. Sous son mandat, le statut des cheminots a disparu en janvier 2020 – conséquence de la réforme – et son entreprise a été confrontée à deux mouvements de grève importants contre la réforme des retraites, en 2019-2020 puis en 2023.
Des résultats historiques
M. Farandou a aussi dû affronter la crise du Covid-19 et l’arrêt total des TGV puis l’organisation de trains sanitaires pour transporter les malades et décharger les hôpitaux de certaines régions particulièrement touchées. Il est aussi celui qui a ramené les comptes de la SNCF dans le vert avec des résultats historiques en 2022 et 2,4 milliards d’euros de bénéfice puis 1,3 milliard d’euros en 2023.
La SNCF fait face à un engouement inédit des Français pour le ferroviaire qui se traduit par des fréquentations record dans les trains, mais aussi une pénurie de rames.
Récemment, M. Farandou a été sous le feu des critiques de la droite et d’une partie du gouvernement pour un accord sur les fins de carrières des cheminots signé par la direction avec l’ensemble des syndicats du groupe. Il prévoit un échelon d’ancienneté supplémentaire pour les salaires vu l’allongement des carrières et des reconversions possibles pour les postes correspondant aux critères de pénibilité.
Il prévoit aussi la possibilité pour certains métiers comme les conducteurs ou les contrôleurs de partir en retraite anticipée avec des mesures financières avantageuses. Jeudi dernier, Bruno Le Maire annonçait même la convocation du PDG de la SNCF à Bercy pour s’expliquer, notamment sur le financement de la mesure, évaluée à environ 35 millions d’euros selon des sources ferroviaires.
« Deux poids, deux mesures »
« OK, cette annonce est faite mais maintenant, c’est quoi le projet du gouvernement pour la SNCF et le corps social cheminot », s’est interrogé auprès de l’AFP le secrétaire général de la CFDT-Cheminots Thomas Cavel, inquiet de voir partir le PDG qui avait annoncé la mise en place d’une « plateforme de progrès social » en février pour désamorcer la crise provoquée par la grève des contrôleurs.
L’annonce de la fin du mandat de M. Farandou « semble mettre un frein à cette ambition et ce n’est pas un bon signe », a-t-il déploré. « C’est du deux poids, deux mesures. Le gouvernement préfère convoquer un dirigeant d’entreprise qui a négocié et qui a respecté le dialogue social de l’entreprise pour éviter des grèves et des désagréments pour les usagers », a déclaré le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel.
Du côté de Sud-Rail, syndicat en pointe dans les luttes sociales au sein de la SNCF, « j’ai un sentiment ambivalent », a confié à l’AFP Fabien Villedieu. « C’est un PDG avec lequel on s’est beaucoup opposés. Mais je trouve que là, il y a quand même un coté un peu injuste », a-t-il déclaré. « Il a fait le job, dans le sens ou t’as une SNCF qui aujourd’hui génère beaucoup d’argent et pour de basses raisons politiques, on le vire », a-t-il développé.
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