Le Baha Mar Resort and Casino devait devenir l’un des lieux de villégiature les plus prestigieux des Bahamas. Aujourd’hui, plus de quatre ans après son lancement, ce projet de 3,2 milliards d’euros financé et construit par la Chine fait face à de nombreux problèmes – tandis que son promoteur local s’est déclaré en faillite aux États-Unis.
Cet ambitieux projet que le régime communiste chinois espérait concrétiser afin d’acquérir davantage de contrats dans le marché américain de la construction, est devenu un vrai désastre pour la Chine.
Baha Mar est un projet dirigé par le promoteur et entrepreneur Sarkis Izmirlian vivant aux Bahamas, tandis que son financement provient de la Banque d’import-export de Chine et que les travaux de construction sont sous-traités par la China State Construction. Une fois terminée, la station balnéaire devait avoir près de 2 000 chambres d’hôtel, 300 appartements en copropriété et des casinos du style de Las Vegas.
Les travaux ont commencé en 2011 et la station devait ouvrir ses portes en décembre 2014. Par la suite, cette date a été reportée jusqu’en mars 2015. Cette date n’a pas été non plus respectée, et les travaux de construction sont actuellement arrêtés.
Comme cet énorme complexe balnéaire était pratiquement terminé, au début de l’année courante le projet Baha Mar a commencé à embaucher en anticipation de son ouverture au mois de mars. Cependant ses nombreuses échéances manquées ont abouti à une crise des liquidités, et le 29 juin dernier, son promoteur a dû se déclarer en faillite aux États-Unis.
Sarkis Izmirlian a accusé China Construction America – la succursale locale de la société China State Construction qui a signé le contrat de construction de la station – de retards ayant provoqué des pertes d’argent.
Un travail « à la chinoise »
Sarkis Izmirlian, dont la famille est l’une des plus riches des Bahamas, a travaillé pendant plus d’une décennie (en étroite collaboration) avec le gouvernement des Bahamas, pour réaliser le projet de Baha Mar. Selon le Wall Street Journal, après que la crise financière ait retardé le projet, la Chine est intervenue pour assurer son financement.
Faisant face à des possibilités de financement réduites, le gouvernement des Bahamas avait alors remis le contrat à la Chine. Une fois terminé, la méga-station devait assurer l’emploi à 5 000 habitants locaux et apporter jusqu’à 12 % de PIB du pays.
La Banque d’import-export de Chine a financé le projet avec un prêt de 2.3 milliard d’euros accordé au promoteur. Sarkis Izmirlian a investi 775 millions d’euros dans la participation au capital et une entreprise de construction chinoise 135 millions d’euros.
La China Construction America (CCA ) a amené de Chine continentale des milliers d’ouvriers du bâtiment qui vivaient et travaillaient sur place. Une des conditions du financement prévoyait que la construction devait être effectuée par une société chinoise, ce qui donnait peu d’avantages aux entrepreneurs locaux. Cependant au début de cette année, un conflit salarial avec l’entrepreneur a conduit à l’arrêt des travaux, ce qui a retardé le projet.
Le complexe hôtelier et les casinos financés par la Chine devaient devenir l’un des lieux de villégiature les plus prestigieux des Bahamas – maintenant ils sont en plein désastre.
Le promoteur a accusé la CCA des retards. « Cela a causé à la fois des coûts de retard importants et a contraint la station à reporter son ouverture. Étant incapable d’ouvrir ses portes, la station a été laissée sans source de revenu suffisante pour poursuivre ses activités », a déclaré Sarkis Izmirlian le 29 juin dernier. Les demandes de poursuites pour compenser les dommages et intérêts ont été déposées contre la CCA et ses sociétés affiliées à Delaware et à Londres.
Baha Mar accuse la CCA de couper l’électricité sur le site de construction, de gonfler les dépenses et de voler la documentation de la construction. Sans ces documents, Baha Mar est incapable de prendre un autre entrepreneur pour terminer le projet.
De son coté, la CCA a accusé le promoteur de sa mauvaise gestion du projet. Selon la déclaration du 7 juillet, cela inclus le « remplacement du principal architecte après le début de la construction, la livraison tardive et incomplète des plans et plus que 1 300 changements dans les directives de construction ».
Le projet de station balnéaire, qui employait environ 2 400 ouvriers avant le dépôt de bilan payait des salaires mensuels de plus de 6,8 millions euros. Dans son dépôt de bilan, Baha Mar a déclaré que la banque chinoise a refusé de lui avancer plus de 100 millions d’euros qui faisaient partie du prêt initial de 2.3 milliards.
Un projet perdant-perdant
Perry Christie, Premier ministre des Bahamas a déclaré le 16 juillet que le gouvernement cherchait à prendre le contrôle du projet et entamer une procédure de faillite aux Bahamas. Sarkis Izmirlian prévoit réorganiser la société en vertu des lois américaines. La Cour suprême des Bahamas devait se prononcer le 20 juillet sur la demande de Sarkis Izmirlian d’entamer une procédure de faillite selon la juridiction des États-Unis.
Le dépôt de bilan prévu remet en question l’avenir de la station Baha Mar, bien que Sarkis Izmirlian et le gouvernement des Bahamas semblent déterminés à achever le projet étant donné son importance pour l’économie et la politique locale.
La CCA, pour sa part, semble avoir investi dans le projet, au début juillet, elle annonçait y avoir déjà remis 200 millions d’euros.
Toutefois, le projet Baha Mar est devenu une épine dans le pied pour la Chine. La Chine voulait l’utiliser comme un tremplin pour gagner plus de contrats avec les Amériques. Les bénéfices devaient augmenter le PIB du pays et stimuler une partie de ses ouvriers migrants à aller chercher des emplois à l’étranger.
Pour les Bahamas et ses hommes politiques, la suspension de Baha Mar fournit de nouvelles munitions aux critiques qui mettaient en garde contre la «vente» du pays à la Chine – la Chine cherchant de plus en plus d’opportunités d’investissement en Amérique latine et dans les Caraïbes. Les pays qui acceptent les prêts ou les investissements chinois, doivent alors se conformer à être redevables à la Chine et à ses intérêts à l’étranger.
Adrian Gibson, chroniqueur au Bahamas Tribune, a précisé : «Sans doute, maintenant nous devons nous rendre compte que rien n’est gratuit.»
Article original : China’s Biggest Offshore Commercial Real Estate Investment Is in Limbo
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