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Le port de Beyrouth a eu la « chance » d’échapper à d’autres explosions (société allemande)

février 11, 2021 15:14, Last Updated: février 11, 2021 15:14
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Le port de Beyrouth, dévasté par une déflagration meurtrière en août qui a ravagé plusieurs quartiers de la capitale libanaise, a eu la « chance » d’éviter l’explosion d’autres matières dangereuses, selon la société allemande ayant traité une cinquantaine de conteneurs de produits chimiques.

Michael Wentler, expert en matières chimiques qui dirige le projet pour l’entreprise Combi Lift, affirme que des milliers de litres de substances dangereuses étaient stockées au port de Beyrouth depuis plus d’une décennie dans des conteneurs en très mauvais état.

« Nous avons trouvé des substances qui auraient provoqué une explosion si elles avaient été mélangées », explique M. Wentler à l’AFP. « Le port a eu de la chance, les conteneurs étaient distants » les uns des autres, souligne-t-il.

52 conteneurs de substances chimiques dangereuses

Combi Lift, spécialiste du transport de poids lourds, a traité 52 conteneurs de substances chimiques dangereuses en vertu d’un contrat signé en novembre avec les autorités libanaises.

Nous devons le dire tel quel: « ce que nous avons trouvé ici était une deuxième bombe de Beyrouth », déclare Heiko Felderhoff, directeur général de Combi Lift, qui a été chargé de se débarrasser des produits chimiques dans le port de Beyrouth après la catastrophe.

« Je n’ai jamais été confronté à une telle situation », assure M. Wentler.

« Une mer ou une rivière de substances jaunes et vertes s’est déversée » de plusieurs conteneurs, raconte-t-il. « Les produits chimiques bouillonnaient », dit-il.

Des conteneurs, de substance dangereuse, dans une zone à ciel ouvert

Stockés dans le port depuis plus de dix ans à sept endroits différents, la plupart des conteneurs se trouvaient dans une zone à ciel ouvert, à l’opposé du site de l’explosion survenue le 4 août.

Ils auraient pu facilement prendre feu lorsque plusieurs incendies aux origines encore inconnues se sont déclenchés à travers le port après le drame qui a fait plus de 200 morts et plus de 6.500 blessés.

Beyrouth aurait été « anéantie » si cela s’était produit, relevait en novembre le directeur par intérim du port Bassem al-Kaissi.

La gigantesque explosion a été causée par le stockage, sans mesures de précaution, de l’aveu même des autorités libanaises, d’une grande quantité de nitrate d’ammonium.

Pas de registre clair sur l’origine des produits

Les autorités n’ont toujours pas explicité les motifs de l’accostage au Liban du navire qui transportait cette cargaison ni son entreposage pendant plus de six ans.

Selon l’équipe de Combi Lift, les substances chimiques qu’elle a traitées ne disposaient pas non plus de registre clair sur leur origine ni sur les causes de leur abandon.

A l’exception de leur date d’entrée au port, « aucune des autorités ne semble savoir quoi que ce soit à propos de ces cargaisons », affirme Michael Wentler.

« Je ne pense pas que les autorités portuaires sachent ce qu’elles ont sur place », regrette l’expert.

Conteneurs en mauvais états

La déflagration a fortement endommagé les conteneurs pris en charge par la société, dont beaucoup étaient déjà auparavant en mauvais état et avaient parfois même été perforés par les substances acides qu’ils renfermaient.

« Il n’a pas été possible de soulever ou de déplacer de nombreux conteneurs en raison de leur piètre état », affirme Michael Wentler.

Les experts ont donc dû les décharger manuellement.

Une opération non sans risques. Le chef du projet affirme avoir été sauvé par sa combinaison spéciale lorsque de l’acide chlorhydrique s’est déversé au sol après avoir rongé le fond d’un baril qu’il soulevait.

Produits toxiques, corrosifs et explosifs

Cette substance corrosive et toxique représentait 60% des produits chimiques découverts, indique M. Wentler.

L’entreprise a également extrait des milliers de litres d’acétone, hautement inflammable, et du peroxyde d’hydrogène, une substance oxydante utilisée notamment comme agent de blanchiment. Mises en contact, ces deux matières peuvent entraîner une forte explosion, selon l’expert.

Mais les conteneurs d’acétone et de peroxyde d’hydrogène avaient été stockés dans des endroits séparés, précise-t-il.

Le produit chimique « le plus dangereux » traité par la société reste l’acide fluorhydrique, une substance corrosive pouvant entraîner la mort si elle pénètre la peau et le système sanguin, selon M. Wentler.

Toutes les substances récupérées ont été stockées dans des conteneurs spéciaux que Combi Lift prévoit de transporter fin février vers l’Allemagne.

Mais le gouvernement libanais n’a toujours pas versé les deux millions de dollars qu’il doit à l’entreprise, dont un million devant être payé en préalable à l’expédition des conteneurs, affirme Michael Wentler.

 

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