Dans une revue académique internationale récente, des médecins chinois de l’hôpital Renji de l’université Jiao Tong de Shanghai ont rapporté deux cas de transplantation de reins de nourrissons pour des patients adultes souffrant d’insuffisance rénale terminale. Les reins de deux nourrissons ont été prélevés respectivement un jour et trois jours après la naissance.
Étant donné qu’il faut des semaines, voire des mois, pour que le rein d’un nourrisson soit compatible avec une greffe, les médecins pourraient cibler les bébés avant même leur naissance en utilisant le liquide amniotique pour le typage des tissus, ont déclaré des experts médicaux. Ces mêmes experts craignent que les autorités communistes ne sélectionnent les nourrissons chinois avant la naissance pour en faire des machines à produire des organes.
Des médecins de l’hôpital Renji, un hôpital affilié à l’université Jiao Tong de Shanghai, financée par l’État, ont publié en janvier dans l’American Journal of Transplantation un article faisant état de deux transplantations rénales en bloc (EBKT) « réussies » de deux reins de prématurés pesant moins de 1,2 kg à des receveurs adultes.
Le journal médical précise que les parents des deux enfants avaient accepté l’arrêt des thérapies de maintien en vie (WLST) et le don d’organes rénaux après décès circulatoire (DCD) le deuxième ou le troisième jour de la naissance de l’enfant. Ainsi, quinze minutes pour l’un et vingt-cinq minutes pour l’autre, après l’arrêt des mesures de maintien en vie, le rythme cardiaque mécanique s’est arrêté et le médecin a constaté le décès de l’enfant.
Par la suite, dans les trois à cinq jours suivant la naissance des deux nouveau-nés, leurs petits organes ont été prélevés, les tests de compatibilité entre le donneur et le receveur ont été effectués et deux adultes ont reçu une double greffe de rein.
Selon les informations publiques de l’hôpital presbytérien de New York, la durée maximale de conservation d’un rein prélevé serait de 24 à 48 heures.
Les organes du nourrisson avant la naissance
Dans les pays occidentaux, les receveurs de greffes rénales néonatales sont généralement de très jeunes enfants, mais l’un d’entre eux avait 34 ans, selon l’article de l’hôpital Renji de Shanghai. L’autre avait 25 ans, a déclaré Zain Khalpey, professeur agrégé de chirurgie, d’imagerie médicale, de sciences physiologiques et d’ingénierie biomédicale à l’université de l’Arizona.
« Cette technique n’a pas été testée et n’est pas éthique. S’il s’agit d’un enfant, oui. S’il s’agit d’un adulte, je m’interroge. Il est donc difficile d’accepter la pratique consistant à utiliser un nouveau-né parce qu’il n’a pas son mot à dire », a déclaré M. Khalpey le 4 mars à Epoch Times.
Zain Khalpey se demande si les médecins de l’hôpital Renji de Shanghai peuvent effectuer les tests de compatibilité dans les 3 à 5 jours suivant la naissance du bébé. Selon lui, on peut supposer que les tests ont été effectués à partir du liquide amniotique prélevé lorsque le bébé était encore dans l’utérus de sa mère. La compatibilité croisée d’un donneur avec un receveur compatible peut prendre des semaines après la détermination du groupe sanguin et tissulaire.
« Vous savez que le temps nécessaire pour mener à bien ces étapes dépend d’une série de facteurs, notamment de la disponibilité de l’organe, mais aussi de la complexité des tests et de l’urgence. La situation est importante. Ainsi, en général, le processus d’appariement d’un rein néonatal en vue d’une transplantation peut prendre de plusieurs semaines à plusieurs mois », a indiqué M. Khalpey.
Les informations figurant sur le site web de l’hôpital Barnes-Jewish montrent que l’évaluation des donneurs d’organes, y compris l’appariement des donneurs, prend de un à six mois. Le service de santé de l’UCLA (Université de Californie à Los Angeles) a indiqué qu’il faudrait six mois ou plus pour achever le processus de don, en fonction des résultats des tests et d’éventuelles évaluations supplémentaires.
« Il semble donc extrêmement étrange que cela ait été fait. Cela semble ‘fabriqué’ », a ajouté le Professeur Khalpey, faisant référence à une transplantation conçue à l’avance, afin de pouvoir « fabriquer » une vie éphémère ou un organe.
L’hôpital Renji a réalisé « avec succès » 22 transplantations de reins de nouveau-nés, selon un communiqué de presse publié le 27 février sur le site web de l’université Jiao Tong de Shanghai.
Goulets d’étranglement techniques et préoccupations éthiques
La première transplantation rénale de l’histoire de l’humanité a eu lieu en 1954. Elle a été réalisée par le Dr Joseph Murray du Brigham and Women’s Hospital, un établissement affilié à la Harvard Medical School, où Khalpey a été formé à la chirurgie cardiaque.
En 1963, le Dr Murray a réalisé la première transplantation néonatale. Un bébé a reçu une greffe de rein de son jumeau identique, mais il est mort d’une infection au bout de deux ans et demi.
« Depuis lors, la transplantation rénale néonatale est devenue une procédure de routine pour les nourrissons, les bébés, souffrant d’insuffisance rénale. Le taux de réussite des transplantations rénales néonatales est élevé, certaines études faisant état d’un taux de survie des greffons à un an supérieur à 90 % ».
« Cependant, l’utilisation de reins néonatals pour des greffes chez l’adulte est rare » en Occident en raison de problèmes techniques et éthiques, a déclaré M. Khalpey.
Il a souligné que l’un des défis techniques est l’inadéquation clinique potentielle entre le donneur et le receveur : « Les reins néonatals sont plus petits que ceux des adultes, et l’inadéquation de taille peut entraîner des complications telles que la thrombose ou la sténose et l’obstruction des veines rénales ». En outre, les reins néonatals sont moins développés que les reins adultes, ce qui peut entraîner des différences de fonction et donc exposer le patient à des lésions.
Une autre difficulté réside dans le fait que les enfants peuvent naître avec des anomalies congénitales.
« Les anomalies congénitales sont fréquentes chez les nouveau-nés et certaines d’entre elles peuvent affecter la fonction du rein de ces derniers. Ainsi, par exemple, le rein d’un donneur présentant une anomalie congénitale peut être plus sujet aux infections ou avoir une capacité de filtrage réduite. L’utilisation des reins pour une transplantation chez l’adulte peut donc entraîner des risques accrus de complications ».
En outre, la transplantation d’organes de nourrissons à des adultes pose des problèmes éthiques, selon le Professeur Khalpey.
« Les nouveau-nés sont vulnérables. L’utilisation de leurs organes à des fins de transplantation soulève des questions concernant la coercition du consentement éclairé. Dans certains cas, les parents peuvent se sentir poussés à donner les organes de leur enfant, en particulier si on leur dit que le don sauvera la vie d’un adulte. Cette pression peut être exacerbée si les patients sont issus de milieux défavorisés ou n’ont pas accès aux soins de santé. L’utilisation de reins néonatals pour des greffes chez l’adulte affecte donc de manière disproportionnée certaines populations, ce qui soulève des questions d’équité et de justice. »
Un autre problème éthique majeur, selon M. Khalpey, est « la commercialisation des greffes de reins néonatals. En effet, l’utilisation de reins néonatals pour des greffes chez l’adulte peuvent être considérées comme un moyen d’augmenter l’offre d’organes pour les greffes dans les pays où les listes d’attente pour une greffe sont longues. Ce qui peut conduire à la marchandisation et à l’exploitation des organes néonatals ».
D’autres préoccupations éthiques concernent le consentement éclairé des parents ou des tuteurs des nouveau-nés prélevés, qui ne comprennent pas les implications du don, et l’abus des ressources médicales, comme le trafic d’organes de nouveau-nés décédés, a ajouté M. Khalpey.
Pourquoi cibler des organes de nourrissons ?
Malgré ces problèmes techniques et éthiques, l’hôpital Renji de Shanghai vante son nombre croissant de donneurs de nouveau-nés destinés à fournir des organes pour des greffes chez l’adulte.
Selon l’analyse du Professeur Khalpey, cela pourrait être dû à une « plus-value » des organes d’enfants en bas âge.
Si le rein d’un nourrisson est transplanté, il peut durer très longtemps chez le receveur car les reins des nouveau-nés ont peu d’anticorps qui peuvent attaquer les tissus du receveur (c’est-à-dire provoquer la maladie du greffon contre l’hôte), « c’est pourquoi l’hôpital Renji devient si attractif lorsqu’il s’agit de nouveau-nés ». Ainsi, cet hôpital a tout intérêt à procéder à des transplantations d’organes de nouveau-nés.
M. Khalpey a fait des recherches sur l’adaptation et l’inadéquation des greffons à la Harvard Medical School et a cosigné un article sur le sujet avec Jeffrey L. Platt, professeur de chirurgie de transplantation à l’université du Michigan.
M. Khalpey a été choqué par le fait que l’American Journal of Transplantation ait accepté l’article de l’hôpital Shanghai Renji. Il estime que les rédacteurs du magazine auraient dû poser quatre questions aux auteurs : les parents du bébé étaient-ils au courant et avaient-ils donné leur consentement ? Les parents étaient-ils des objecteurs de conscience ou des membres d’un groupe vulnérable ? Le rein transplanté présentait-il une anomalie congénitale ?
La question la plus importante est la suivante : Les médecins étaient-ils au courant de l’existence des 22 patients et ont-ils effectué le test de compatibilité croisée au moins un mois avant la réalisation des greffes ? S’ils ont effectué 22 transplantations de reins de nourrissons et que leur article n’en mentionne que deux, qu’est-il advenu des 20 autres ? Pourquoi l’article ne mentionne-t-il que deux cas ?
Les premiers auteurs de l’article sur la transplantation néonatale sont Li Dawei et Wu Haoyu, médecins titulaires au département d’urologie de l’hôpital Renji. Les coauteurs sont Zhang Ming, directeur adjoint du département d’urologie du même hôpital, et Bei Fei, directeur du département de néonatologie du Shanghai Children’s Medical Center.
Le PCC ouvre une brèche dans les greffes et les prélèvements d’organes
Le Parti communiste chinois (PCC) est depuis longtemps accusé de violer la réglementation internationale en matière de transplantation.
En avril 2022, l’American Journal of Transplantation a publié une « analyse textuelle computationnelle pour effectuer un examen judiciaire de 2838 articles tirés d’un ensemble de données de 124.770 publications de transplantation en langue chinoise. Notre algorithme a recherché des preuves de déclarations problématiques de mort cérébrale lors de l’obtention d’organes. Dans 71 de ces rapports, répartis dans tout le pays, nous avons trouvé des preuves que la mort cérébrale n’avait pas été correctement déclarée. »
Selon la Commission Tom Lantos des droits de l’homme du Congrès américain, « l’analyse (…) permet de conclure que les chirurgiens transplantologues de la République populaire de Chine (RPC) ont prélevé des organes, notamment des cœurs et des poumons, en violation de la règle du ‘donneur mort’ internationalement reconnue, c’est-à-dire avant que les donneurs aient été (ou puissent être) déclarés ‘en état de mort cérébrale’ ».
Le PCC a été largement accusé de pratiquer le prélèvement forcé d’organes. Depuis 2015, les responsables communistes chinois affirment que les organes ne sont prélevés que sur des donneurs volontaires, mais l’intégrité de cette affirmation est sujette à caution. Les données montrent que les hôpitaux chinois effectuent un nombre de transplantations nettement plus élevé que les estimations les plus hautes de donneurs d’organes ne le permettraient.
En mars 2020, un tribunal indépendant a rendu son verdict final sur le prélèvement forcé d’organes sur des prisonniers de conscience par le PCC. Le 14 juin 2021, 12 fonctionnaires des Nations unies se sont déclarés « extrêmement alarmés » par les informations faisant état de prélèvements d’organes. Ces prélèvements d’organes sont pratiqués, selon de multiples rapports et enquêtes internationales, principalement, sur des pratiquants du Falun Gong (bouddhistes), mais aussi, des Ouïghours, des Tibétains, d’autres minorités ethniques et des chrétiens détenus en Chine. Ils ont appelé le gouvernement communiste chinois à « autoriser une surveillance indépendante par les organisations internationales de défense des droits de l’homme ».
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