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Le président d’Action Logement prévient l’État d’une «bombe sociale»

mai 17, 2023 9:30, Last Updated: mai 17, 2023 9:55
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Le président d’Action Logement, Bruno Arcadipane, juge « inadmissible » que le gouvernement envisage des coupes budgétaires dans le secteur, et le presse, dans un entretien à l’AFP, d’aider à relancer la construction sous peine d’activer une « bombe sociale ».

Codirigé par patronat et syndicats, financé par une contribution sur les entreprises (PEEC), Action Logement gère plus d’un million de logements sociaux et pilote des aides à la mobilité professionnelle.

Alors que le Conseil national de la refondation (CNR) voulu par Emmanuel Macron a planché, dans un volet Logement, sur des propositions qui tardent à être officiellement présentées, plusieurs déclarations de l’exécutif inquiètent le monde du logement. Après le chef de l’État qui a fustigé la semaine dernière « un système de sur-dépenses publiques pour de l’inefficacité collective », mardi, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a prévenu que le secteur du logement serait particulièrement concerné par la baisse des dépenses publiques.

« Quand on ne peut plus loger les siens, c’est grave »

« Inadmissible », rétorque Bruno Arcadipane. « C’est surtout inconséquent au moment où le secteur dans son ensemble a besoin d’impulsion forte ». « Cela démontre l’absence de volonté, l’absence de vision en matière de logement. C’est plus qu’inquiétant socialement, mais aussi économiquement. »

Pour faire sortir de la crise les professionnels de l’immobilier, dont l’activité souffre de coûts de construction élevés et des difficultés d’accès au crédit, il réclame à l’État « une aide immédiate et extrêmement rapide ». « Beaucoup disent qu’il faut s’orienter vers la rénovation énergétique des logements, etc. (…) C’est réalisable. Mais à moyen et long terme. Il faut beaucoup de moyens, sur la formation, sur l’accompagnement des entreprises, et le temps, on n’en a pas. La crise, elle est là. »

« J’espère que l’ensemble du secteur du logement va être entendu. Si ça n’était malheureusement pas le cas, c’est une bombe sociale que j’annonce. Quand on ne peut plus loger les siens, c’est grave. En 2017, 1,7 million de demandeurs de logement social, 2,4 millions aujourd’hui ! Et on dit qu’on va retirer des moyens ? Mais c’est pas possible. »

« L’État ne peut pas être un empêcheur d’avancer alors que des solutions existent », dit-il, l’appelant à signer au plus vite le projet de convention quinquennale 2023-2027 avec l’organisme. Ce projet comporte la réduction à 1% du taux du prêt accession, contre 1,5% aujourd’hui, afin d’aider les primo-accédants à la propriété. « Ce marché n’existe plus, il est bloqué », justifie Bruno Arcadipane.

Les limites d’une extension de la garantie locative Visale

Le texte fixe également un objectif de deux millions de personnes bénéficiaires de la garantie locative Visale, contre un million aujourd’hui. « Ça va permettre de soutenir l’emploi et la réindustrialisation, tout le monde l’appelle de ses vœux », soutient-il.

En revanche, le président d’Action logement reste opposé à son extension à tous les locataires sans conditions, promise par Emmanuel Macron lors de sa dernière campagne. « Les partenaires sociaux (…) ont créé Visale avec un esprit de différenciation entre les salariés modestes et les jeunes vis-à-vis des autres. Et c’est ça le succès, et c’est là que le produit est fort, connu et reconnu par les bailleurs privés. Vous imaginez la caution financière qu’il faudrait demain (…) pour apporter une garantie universelle ? » Il se dit également prêt à débloquer un milliard d’euros supplémentaires pour le programme de revitalisation des villes moyennes Action Cœur de ville.

 

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