Le président du syndicat national des gynécologues refuse de pratiquer des IVG : « Nous ne sommes pas là pour retirer des vies »

13 septembre 2018 19:13 Mis à jour: 13 septembre 2018 20:18

Interrogé dans l’émission Quotidien, le président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France (Syngof) a expliqué qu’il refusait désormais de pratiquer l’Interruption volontaire de grossesse (IVG).

Interrogé par Valentine Oberti, chroniqueuse de l’émission Quotidien diffusée sur TMC, le président du Syngof a déclaré qu’il refusait désormais de pratiquer des IVG.

« Moi, je fais un métier avec mes tripes. Je me lève à n’importe quelle heure. La nuit, je fais des opérations très difficiles, avec mes tripes. Et donc, les choses auxquelles je ne crois pas, je ne les fais plus », a confié Bertrand de Rochambeau.

« Nous ne sommes pas là pour retirer des vies », a-t-il ajouté.

Valentine Oberti a alors souligné que l’IVG n’était pas considérée comme un homicide en France, rappelant que « un enfant à naître n’est pas une vie au sens juridique ».

Une réponse qui n’a pas ébranlé les convictions du praticien :

« En tant que médecin, je ne suis pas forcé d’avoir votre opinion et, si je ne l’ai pas, la loi me protège – et ma conscience aussi. »

Une clause de conscience garantie par la loi

Les gynécologues-obstétriciens ont en effet parfaitement le droit de refuser de pratiquer des IVG, comme l’article L2212-8 du Code de la santé publique les y autorise :

« Un médecin n’est jamais tenu de donner suite à une demande d’interruption de grossesse ni de pratiquer celle-ci mais il doit informer, dès la première visite, l’intéressée de son refus. Sous la même réserve, aucune sage-femme, aucun infirmier ou infirmière, aucun auxiliaire médical, quel qu’il soit, n’est tenu de concourir à une interruption de grossesse », précise l’article de loi.

Bien que les propos de Bertrand de Rochambeau soient conformes à la loi, Agnès Buzyn – ministre de la Santé – et Marlène Schiappa – secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes – ont condamné « fermement » ses déclarations.

« L’IVG est un droit trop souvent menacé pour lequel il convient de ne relâcher aucun effort », ont-elles affirmé dans un communiqué.

Pour les deux membres du gouvernement, les propos du président du Syngof représenteraient une « attaque […] contre le droit des femmes ».

Afin d’éteindre la polémique, Bertrand de Rochambeau a tenu à préciser qu’il avait exprimé une opinion à titre personnel :

« C’est ce que j’ai voulu dire, c’est mon avis personnel et pas celui de la profession. »

Sur franceinfo, le médecin a d’ailleurs estimé avoir été piégé par l’équipe de l’émission Quotidien :

« Je m’exprime en tant que président du syndicat [des gynécologues et obstétriciens de France] dans une première partie de l’interview, et dans la deuxième [partie] on me demande mon point de vue personnel et on le présente comme celui du syndicat. »

Une clause régulièrement remise en question

Cet été, Marlène Schiappa et Agnès Buzyn avaient déjà critiqué la décision de trois gynécologues-obstétriciens d’un hôpital de la Sarthe, ces derniers refusant eux aussi de pratiquer des IVG comme leur clause de conscience les y autorisait.

Nadine Grelet-Certenais, sénatrice de la Sarthe, en avait d’ailleurs profité pour remettre en cause l’existence de cette clause qui permet aux médecins d’agir selon leur conscience :

«  […] Il est intolérable que les femmes ne puissent pas exercer leur droit essentiel parce que des médecins, au mépris de l’accès aux soins, font valoir des réticences d’ordre personnel ou éthique », avait déclaré l’élue socialiste.

Des propos auxquels le Syngof et son président n’avaient pas manqué de réagir :

« Ce n’est pas en retirant leur éthique et leur conscience aux médecins que la nation permettra un égal accès à l’avortement pour les Françaises qui le demandent. Comme Madame la Sénatrice a une éthique et une conscience, qu’elle souffre que les médecins en aient une et que l’État la respecte. »

Selon Le Point, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes – une institution consultative créée pendant la présidence de François Hollande et placée sous l’autorité du Premier ministre – a déjà préconisé la suppression de cette clause à deux reprises, en 2013 et en 2017.

Une proposition dont Bertrand de Rochambeau avait souligné les dérives potentielles l’an dernier :

« Aujourd’hui, avec le diagnostic prénatal, il est possible de connaître, dans les délais de l’IVG, les caractéristiques d’un embryon. Rien n’empêcherait une femme d’avoir recours à l’IVG pour choisir le sexe de son bébé et la loi ne balise pas cela. »

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