Explosion à Beyrouth : le Président libanais rejette toute enquête internationale

Par Epoch Times avec AFP
7 août 2020 23:51 Mis à jour: 8 août 2020 11:59

Le Président libanais rejette toute enquête internationale réclamée par Emmanuel Macron, car selon lui, elle « diluerait la vérité ».

Vendredi 7 août, le Président Michel Aoun a rejeté toute enquête internationale sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth, affirmant qu’elle pourrait avoir été causée par la négligence ou par un missile, tandis que les secouristes s’activaient toujours pour retrouver des survivants. « Il est possible que cela ait été causé par la négligence ou par une action extérieure, avec un missile ou une bombe », a déclaré vendredi à la presse M. Aoun, désormais premier dirigeant libanais à évoquer une piste extérieure.

Les autorités affirmaient en chœur jusqu’à présent qu’un incendie dans un dépôt de 2 700 tonnes de nitrate d’ammonium en était à l’origine. Cette substance chimique dangereuse était stockée depuis six ans « sans mesures de précaution », de l’aveu même du Premier ministre. M. Aoun a indiqué avoir été informé de la présence de cette marchandise le 20 juillet et avoir demandé à ce que le Conseil supérieur de Défense fasse le nécessaire.

Après des accusations à son encontre dans les médias et sur les réseaux sociaux, l’influent mouvement du Hezbollah a « nié catégoriquement » posséder un « entrepôt d’armes » dans le port de Beyrouth. « Ni entrepôt d’armes, ni entrepôt de missiles (…) ni une bombe, ni une balle, ni nitrate », a martelé le chef de l’organisation chiite Hassan Nasrallah.

Le Président du Liban Michel Aoun. (Photo : Drew Angerer/Getty Images)

Appel à une mobilisation antigouvernementale ce samedi

Le Président français Emmanuel Macron a réclamé une enquête internationale « transparente » lors d’un déplacement jeudi à Beyrouth, tout en appelant les dirigeants libanais à « changer le système ». M. Aoun, à la tête d’un pouvoir conspué par une grande partie de l’opinion publique, a rejeté vendredi les appels à l’ouverture d’une enquête internationale car, selon lui,  elle « diluerait la vérité ». Le Président libanais a d’ailleurs reconnu vendredi qu’il était nécessaire de revoir un régime politique « paralysé » car « basé sur le consensus ».

Cette puissante déflagration, la plus dévastatrice jamais survenue au Liban, a attisé la colère de la population contre les dirigeants du pays. Un soulèvement populaire inédit a commencé à l’automne 2019, mobilisant des centaines de milliers de citoyens. Jeudi soir, des dizaines de personnes ont manifesté et des appels circulaient sur les réseaux sociaux pour une mobilisation antigouvernementale ce samedi.

« Des personnes haut placées » ciblées

Jeudi, le procureur militaire a évoqué la présence, outre le nitrate d’ammonium, de « matériaux hautement inflammables et des mèches lentes ». Il est en train d’interroger des dizaines de personnes, a indiqué vendredi une source judiciaire, assurant que « des personnes haut placées » pourraient être arrêtées.

Par ailleurs, une vingtaine de fonctionnaires du port et des douanes ont été interpellés, selon des sources judiciaire et sécuritaire. Parmi eux, le directeur général des douanes Badri Daher et le président du conseil d’administration du port Hassan Koraytem. Autorités portuaires, douanières et certains services de sécurité savaient que des matières chimiques dangereuses étaient entreposées sur le port, mais ils se rejettent désormais mutuellement la responsabilité.

Selon le dernier bilan, l’explosion a fait au moins 154 morts, plus de 5 000 blessés, des dizaines de disparus et des centaines de milliers de sans-abri.

 

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