Le nouveau président de Taïwan Lai Ching-te a salué « l’ère glorieuse » de la démocratie taïwanaise après avoir prêté serment lundi et appelé la Chine à « cesser ses intimidations politiques et militaires ».
Dans son discours d’investiture au palais présidentiel de Taipei, M. Lai a évoqué de façon directe la menace de guerre après des années de pressions de la part de la Chine pour que Taïwan passe sous son contrôle.
Le nouveau président a remercié les Taïwanais d’avoir résisté à l’influence « des forces extérieures et d’avoir résolument défendu la démocratie », affirmant que « l’ère glorieuse de la démocratie taïwanaise est arrivée ».
« Face aux nombreuses menaces et tentatives d’infiltration, nous devons démontrer notre détermination à défendre notre nation, nous devons également accroître notre préparation à la défense et renforcer notre cadre juridique en matière de sécurité nationale », a relevé M. Lai après son entrée en fonction.
Un « dangereux séparatiste » pour Pékin
Issu du Parti démocrate progressiste (PDP), le même mouvement que sa prédécesseure Tsai Ing-wen, M. Lai a été décrit par Pékin comme un « dangereux séparatiste » pour ses déclarations passées en faveur de l’indépendance de Taïwan.
Il a depuis adouci son discours, et a promis lundi que son gouvernement « ne cédera pas, ne provoquera pas et maintiendra le statu quo« , c’est-à-dire un équilibre qui préserve la souveraineté de Taïwan sans pour autant déclarer une indépendance formelle. Il a aussi appelé la Chine à « cesser ses intimidations politiques et militaires contre Taïwan ».
Pékin doit « partager avec Taïwan la responsabilité envers le monde du maintien de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan », a-t-il plaidé.
Un « système démocratique résilient », félicite Blinken
S’inscrivant dans la continuité de sa prédécesseure, Lai Ching-te devrait augmenter les dépenses militaires et renforcer les liens avec certaines puissances, dont les États-Unis qui sont le principal fournisseur d’armes à Taïwan. Concomitamment, la Chine a dévoilé lundi de nouvelles sanctions contre trois entreprises américaines vendant des armes à Taïwan.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a félicité le président de Taïwan Lai Ching-te, dont l’investiture est, selon lui, le signe d’un « système démocratique résilient ». Il a dit espérer que Washington et Taipei puissent renforcer leurs relations et maintenir la « paix et la stabilité » dans la région du détroit de Taïwan.
La cérémonie, durant laquelle a été aussi investie la nouvelle vice-présidente, Hsiao Bi-khim, s’est tenue au palais présidentiel de Taipei, la capitale. En marque de soutien, huit chefs d’État, y ont assisté ainsi que 51 délégations internationales (dont les États-Unis, le Japon et le Canada). Des danses et des morceaux d’opéras traditionnels ont été interprétés par plus d’un millier d’artistes lors de la cérémonie qui comprenait aussi un défilé militaire aérien.
Indépendance et paix : « Comme l’eau et le feu »
Avant l’investiture de M. Lai, le bureau des affaires taïwanaises de Pékin, qui gère les questions liées au détroit, a déclaré que « l’indépendance de Taïwan et la paix dans le détroit » sont « comme l’eau et le feu ». Les avions de guerre et les navires chinois maintiennent une présence quasi-quotidienne autour de l’île, mais dans les jours précédant l’inauguration, il n’y a pas eu d’augmentation significative du nombre d’avions et de navires.
M. Lai a tenté de rouvrir le dialogue avec la Chine, que Pékin a rompu en 2016, mais les experts estiment qu’il risque d’être rabroué. Taïwan souffre d’un manque de reconnaissance diplomatique, ne disposant que de 12 alliés sur la scène internationale.
Bien que Washington ait abandonné la reconnaissance diplomatique de Taipei au profit de Pékin en 1979, il est resté le partenaire le plus important de Taïwan et son principal fournisseur d’armes.
L’île jouit de ses propres institutions, d’une armée et bat monnaie : le nouveau dollar de Taïwan. La majorité des habitants de Taïwan estime également disposer d’une identité propre taïwanaise, distincte de la Chine, selon des enquêtes d’opinion. En plus de la menace chinoise, Lai Ching-te devra faire face à de nombreux autres défis au cours de son mandat.
Le PDP a perdu sa majorité au parlement, où une bagarre a éclaté vendredi entre des élus des trois partis qui y sont représentés, ce qui pourrait compliquer la tâche de M. Lai pour faire adopter ses réformes.
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