Le président taïwanais : Taïwan ne se laissera pas intimider par l’expansion de l’autoritarisme chinois

"L'autoritarisme croissant de la Chine ne s'arrêtera pas à Taïwan", a déclaré Lai Ching-te.

Par Frank Fang
22 août 2024 21:36 Mis à jour: 22 août 2024 21:36

Le président taïwanais Lai Ching-te a appelé les pays démocratiques à s’unir et à prendre des mesures « concrètes » pour faire face à l’expansion de l’autoritarisme du régime chinois.

« L’autoritarisme croissant de la Chine ne s’arrêtera pas à Taïwan, qui n’est pas non plus la seule cible des pressions économiques de la Chine », a laissé entendre M. Lai dans le discours prononcé le 21 août lors du Forum Ketagalan 2024 – la conférence annuelle sur la sécurité organisée par le ministère taïwanais des Affaires étrangères.

« La Chine a l’intention de modifier l’ordre international fondé sur des règles », a-t-il poursuivi. « C’est pourquoi les pays démocratiques doivent s’unir et prendre des mesures concrètes. Ce n’est qu’en œuvrant ensemble que nous pourrons empêcher l’expansion de l’autoritarisme. »

Les tensions entre la Chine et Taïwan se sont intensifiées au cours des derniers mois, particulièrement après l’entrée en fonction présidentielle de M. Lai en mai dernier. Sa victoire électorale en janvier a inauguré un troisième mandat consécutif sans précédent pour le Parti démocrate progressiste, que le Parti communiste chinois (PCC) a qualifié de « force séparatiste » qui défie la politique de Pékin visant la « réunification » avec l’île autogérée.

Lai Ching-te a déclaré que Taïwan était « confrontée à la menace immédiate de la Chine » en raison de sa situation à un endroit clé de la première chaîne d’îles qui s’étend du Japon vers le sud, en passant par Taïwan et les Philippines jusqu’à la Malaisie. Cette chaîne d’îles est considérée comme une barrière qui empêche les forces navales et aériennes de la Chine d’accéder facilement à l’océan Pacifique.

« Taïwan ne se laissera pas intimider. Nous prendrons la responsabilité de maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan », a souligné M. Lai. Il a expliqué que l’île était confrontée aux tactiques de guerre hybride du régime chinois, notamment les cyberattaques, la guerre cognitive, la désinformation et les actions visant à influencer les élections locales.

Il a également indiqué que Taïwan est devenue moins dépendante du marché chinois, les exportations vers la Chine en pourcentage des exportations totales étant passées de 43,1 % au premier semestre 2010 à 31,2 % au premier semestre de cette année.

Les investissements taïwanais en Chine, en pourcentage du total des investissements à l’étranger de l’île, ont également atteint un niveau historiquement bas l’année dernière, passant de 83,8 % en 2010 à 11,4 % en 2023, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, les exportations de Taïwan vers 18 pays dans le cadre de la nouvelle politique gouvernementale du rapprochement avec le Sud – qui comprend les Philippines, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Vietnam – ont atteint le chiffre record de 50,2 milliards de dollars au cours du premier semestre de cette année.

M. Lai a réitéré son plan à quatre piliers pour maintenir la paix dans le détroit de Taïwan, notamment en augmentant le budget de la défense et en diversifiant les échanges commerciaux par le biais de nouveaux accords commerciaux.

Une autre partie du plan prévoit le renforcement de coopération avec des « partenaires partageant les mêmes idées », notamment en ce qui concerne les semi-conducteurs et la fabrication de ce que le président taïwanais a appelé les « puces de la démocratie ».

« Nous espérons que nos partenaires pourront s’unir pour soutenir la démocratie. Nous devons agir collectivement pour relever les défis posés par l’autoritarisme et défendre nos valeurs communes », a-t-il précisé.

Adhésion de Taïwan à l’ONU

Nikki Haley, ancienne gouverneure de Caroline du Sud et ex-ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies qui a été candidate aux primaires républicaines pour l’élection présidentielle de 2024, a également prononcé un discours lors du Forum. Elle a apprécié le rôle de premier plan joué par Taïwan dans les efforts mondiaux visant à arrêter la pandémie du Covid-19, même si l’île n’est pas membre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Nikki Haley au Forum de Ketagalan à Taipei, le 21 août 2024 (Sung Pi-lung/Epoch Times)

« Taïwan ne devrait pas se contenter d’être membre de l’OMS. Taïwan devrait être un membre à part entière des Nations unies. Vous avez le droit de vous asseoir à la même table que les autres pays du monde », a-t-elle déclaré.

Le 25 octobre 1971, Taïwan a été retiré de la liste des membres permanents des Nations unies après que l’Assemblée générale a voté la résolution 2758. Le régime communiste chinois, officiellement connu sous le nom de République populaire de Chine, a pris le siège de Taïwan à l’ONU.

Taïwan n’est pas non plus membre de l’OMS ni de plusieurs autres organisations internationales, telles que l’Organisation de l’aviation civile internationale, en raison de l’opposition de la Chine.

Mme Haley a indiqué que les pays démocratiques devraient s’unir pour soutenir Taïwan et « faire pression sans relâche » pour que l’île soit acceptée au niveau mondial.

« Nous devons soutenir Taïwan aujourd’hui et ne pas attendre que la Chine l’envahisse. Si nous prenons les mesures nécessaires maintenant, la Chine réfléchira à deux fois avant de déclencher une guerre », a-t-elle poursuivi.

L’ancienne ambassadrice a également suggéré que les États-Unis signent un accord de libre-échange avec Taïwan, soulignant que cela profiterait aux deux parties tout en « affaiblissant l’influence économique de la Chine ».

En mai dernier, quelques jours après la prestation de serment de Lai Ching-te, Pékin a lancé ce qu’il a appelé des exercices militaires de « punition » encerclant Taïwan.

Mme Haley a souligné que Taïwan représentait une lueur d’espoir pour les Chinois opprimés par le PCC. « Les 24 millions de personnes qui vivent à Taïwan prouvent que les 1,4 milliard de Chinois peuvent faire mieux que vivre sous la tyrannie communiste. »

« Tant que Taïwan reste démocratique et libre, cela rappelle aux masses asservies de la Chine continentale l’avenir qui pourrait et devrait être le leur », a-t-elle noté.

« Vous entretenez l’espoir qu’un tel avenir est à leur portée, un avenir où elles se débarrasseront enfin des chaînes de la dictature communiste et prendront enfin en main leur propre destin.

« C’est la raison pour laquelle l’Occident doit soutenir Taïwan, sans exception ni excuses. »

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