Le président turc Erdogan compte adhérer pleinement au bloc régional dirigé par Moscou

Malgré son appartenance de longue date à l'OTAN, la Turquie d'Erdogan a gardé de bonnes relations avec la Russie

Par Adam Morrow
13 juillet 2024 21:05 Mis à jour: 14 juillet 2024 17:50

La Turquie, membre de l’OTAN, espère rejoindre à terme l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS : Shanghai Cooperation Organization) dirigée par Moscou, a déclaré cette semaine le président Recep Tayyip Erdogan.

« Notre objectif est de devenir un membre permanent [de l’OCS], et non un observateur », a déclaré M. Erdogan à la presse le 11 juillet.

Depuis 2013, la Turquie est un « partenaire de dialogue » de l’OCS, généralement considéré comme une première étape vers une éventuelle adhésion à l’organisation.

La Turquie, a déclaré M. Erdogan, « devrait maintenant rejoindre les Cinq de Shanghai en tant que membre permanent ».

Il a déjà soulevé la question, a-t-il dit, avec les dirigeants russe et chinois.

Le président turc a fait ces remarques après avoir participé au sommet de l’OTAN qui s’est tenu pendant trois jours à Washington et qui portait principalement sur le conflit russo-ukrainien en cours.

En 1996, Moscou et Pékin ont fondé les « Cinq de Shanghai » pour contrer l’influence occidentale perçue en Eurasie.

Outre la Russie et la Chine, les membres fondateurs de l’organisation sont le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizistan.

Lorsque l’Ouzbékistan l’a rejoint en 2001, le bloc régional a officiellement changé de nom pour devenir l’Organisation de coopération de Shanghai.

L’Inde et le Pakistan sont devenus membres du bloc en 2017 malgré leurs rivalités historiques, et l’Iran y a adhéré en 2023.

Lors d’un important sommet de l’OCS qui s’est tenu au Kazakhstan la semaine dernière, le Belarus, allié clé de la Russie en Europe de l’Est, est devenu le dixième membre de l’organisation.

Le sommet, qui s’est tenu les 3 et 4 juillet, a réuni la plupart des chefs d’État de l’OCS et les dirigeants de la Turquie, de l’Azerbaïdjan, du Qatar et des Émirats arabes unis.

Selon sa charte fondatrice, l’OCS promeut la coopération politique, économique et commerciale entre les États membres.

Toutefois, l’organisation s’intéresse également à la défense et à la sécurité communes.

L’été dernier, des militaires des États membres de l’OCS ont participé à des exercices sur le terrain, dans la région centrale de Tcheliabinsk, en Russie.

Cette semaine, Bakhtiyer Khakimov, attaché de Moscou pour les affaires de l’OCS, a annoncé que l’organisation planifiait des exercices conjoints de lutte contre le terrorisme l’année prochaine.

Les exercices sont « menés par les forces armées [des membres de l’OCS] et conçus pour lutter contre le terrorisme », a-t-il précisé à l’agence de presse russe TASS le 9 juillet.

« En 2025, le ministère de la Défense [russe] a prévu un autre exercice de ce type », a ajouté M. Khakimov, sans préciser où les exercices se dérouleraient.

Lors du sommet de l’OCS de la semaine dernière, le président russe Vladimir Poutine a réitéré ses appels pour une « nouvelle architecture de coopération, une sécurité indivisible et le développement de l’Eurasie ».

Cette « nouvelle architecture », a-t-il déclaré dans les médias d’État, est destinée à remplacer « les modèles eurocentriques et euro-atlantiques obsolètes qui conféraient des avantages unilatéraux à certains États ».

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’exprime lors d’une conférence de presse organisée en marge du sommet du 75e anniversaire de l’OTAN au Walter E. Washington Convention Center à Washington, le 11 juillet 2024. (ROBERTO SCHMIDT/AFP via Getty Images)

Une position unique

Le mois dernier, Poutine a déclaré que l’OCS était ouverte à tous les États eurasiens, notamment aux membres de l’OTAN comme la Turquie, qui a rejoint l’alliance occidentale en 1952.

Sous la direction de M. Erdogan, la Turquie a entretenu de bonnes relations avec la Russie, avec laquelle elle partage des liens commerciaux importants et une longue frontière maritime.

Ankara a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, mais a refusé de soutenir les sanctions occidentales contre Moscou, au grand dam de ses alliés de l’OTAN.

La Turquie entretient également de bonnes relations avec Kiev, lui permettant à l’occasion de jouer le rôle de médiateur.

Cependant, le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a semblé jeter un froid sur les espoirs de la Turquie de rejoindre l’OCS, du moins à court terme.

« Nous sommes conscients de l’ambition de la Turquie de rejoindre l’OCS », a déclaré M. Peskov le 12 juillet, selon les médias publics.

« Mais il existe un conflit d’intérêts entre les engagements pris par la Turquie en tant que membre de l’OTAN et l’idéologie exprimée dans les documents fondateurs de l’Organisation de coopération de Shanghai », a-t-il déclaré aux journalistes.

« Certaines questions doivent être discutées », a-t-il ajouté sans donner plus de détails.

Au moment de la publication, Ankara n’avait pas encore répondu aux remarques formulées par le porte-parole du Kremlin.

Avec Reuters

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