Le prix Sakharov pour l’opposition au Bélarus qui salue une « récompense pour le peuple »

Par Epoch Times avec AFP
22 octobre 2020 16:37 Mis à jour: 22 octobre 2020 16:37

Le Parlement européen a décerné jeudi le prix Sakharov des droits de l’homme à « l’opposition démocratique » au président Alexandre Loukachenko au Bélarus, geste salué par sa figure de proue, Svetlana Tikhanovskaïa, comme une « récompense pour le peuple ».

« N’abandonnez pas votre combat. Nous sommes à vos côtés », a déclaré le président du Parlement européen David Sassoli à l’adresse des lauréats, soulignant que les représentants de l’opposition, pour la plupart emprisonnés ou poussés à l’exil, avaient « une chose que la force brute ne pourra jamais vaincre: la vérité ».

-Le président du Parlement européen, David Sassoli, annonce le prix européen Sakharov 2020 au Parlement européen à Bruxelles le 22 octobre 2020. Photo de François Lenoir / POOL / AFP via Getty Images.

Ce prix « n’est pas ma récompense personnelle, c’est une récompense pour le peuple bélarusse », a réagi la cheffe de file de l’opposition, Svetlana Tikhanovskaïa depuis Copenhague, où elle est actuellement en visite.

Après l’intellectuel ouïghour Ilham Tohti, condamné à la prison à vie en Chine pour « séparatisme », lauréat en 2019, les eurodéputés ont couronné un mouvement porté en particulier par des femmes et réprimé par le pouvoir.

Le théâtre d’une contestation de masse

Depuis le scrutin présidentiel controversé du 9 août, le Bélarus est le théâtre d’une contestation de masse inédite contre la réélection d’Alexandre Loukachenko, le président ayant établi depuis 1994 un régime inspiré du dirigisme économique et politique soviétique.

-La chef de l’opposition biélorusse Svetlana Tikhanovskaya s’adresse à des partisans à la porte de Brandebourg le 5 octobre 2020 à Berlin, en Allemagne. Photo par Sean Gallup / Getty Images.

Le prix arrive à un moment clé pour ce mouvement: Svetlana Tikhanovskaïa, ex-candidate de l’opposition au scrutin qui s’est réfugiée en Lituanie, a donné au chef de l’Etat jusqu’à dimanche pour démissionner, menaçant d’appeler à une grève générale et à intensifier les manifestations.

Le président Loukachenko est par ailleurs menacé de sanctions par l’UE, qui a déjà pris des mesures contre 40 responsables du régime accusés d’être impliqués dans la répression et le trucage de l’élection, dont l’Union ne reconnaît pas le résultat.

« L’UE appelle les autorités bélarusses à libérer tous les prisonniers et à engager un dialogue national inclusif », a exhorté Charles Michel, président du Conseil européen, institution représentant les 27, sur Twitter.

« L’Union européenne salue votre courage et soutient pleinement vos ambitions », a aussi tweeté le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell à l’adresse des lauréats.

Outre Mme Tikhanovskaïa, le Parlement distingue neuf personnalités de l’opposition, dont les deux femmes qui ont fait campagne à ses côtés, Maria Kolesnikova, aujourd’hui emprisonnée, et Veronika Tsepkalo, en exil, ainsi que la lauréate du prix Nobel de littérature Svetlana Alexievitch.

-Veronika Tsepkalo, l’épouse de la figure de l’opposition, la candidate présidentielle Svetlana Tikhanovskaya et Maria Kolesnikova, chef de campagne de Viktor Babaryko, posent lors d’une conférence de presse à Minsk le 17 juillet 2020. Photo par Sergei GAPON / AFP via Getty Images.

Mais aussi le mari de Svetlana Tikhanovskaïa, le blogueur Sergueï Tikhanovski, ainsi que Mikola Statkevitch, figure historique de l’opposition, tous deux en prison.

La quasi-totalité des personnes liées à Mme Tikhanovskaïa et au Conseil de coordination formé pour arracher une transition au pouvoir ont été incarcérées, assignées à résidence, ou contraintes à fuir à l’étranger.

Tous les dimanches, les Bélarusses sont des dizaines de milliers, malgré le risque d’arrestation et désormais la menace d’usage de balles réelles, à descendre dans les rues. Le samedi est l’occasion d’une marche de milliers de femmes, et le lundi de retraités.

Alexandre Loukachenko exclut toute concession

Soutenu par la Russie, Alexandre Loukachenko exclut toute concession d’ampleur, promettant une vague réforme constitutionnelle pour sortir de la crise, et mettant en scène un simulacre de dialogue avec des opposants en leur rendant visite en prison.

Mme Tikhanovskaïa a elle enregistré les soutiens de l’UE, d’Angela Merkel, d’Emmanuel Macron. Un appui à double tranchant, Moscou et Minsk n’ayant de cesse de dénoncer un complot occidental.

Cette femme de 38 ans, professeure d’anglais de formation et mère au foyer, s’est lancée dans la campagne présidentielle après l’arrestation de son mari Sergueï, qui s’était fait un nom sur YouTube en dénonçant le « cafard » Loukachenko et avait prévu de le défier à l’élection.

Des femmes victimes de la répression

Elle a été rejointe par Maria Kolesnikova et Veronika Tsepkalo, proches de deux autres candidats victimes de la répression.

Le trio de femmes a été proposé pour le prix Nobel de la paix 2021.

Le prix Sakharov doit être remis le 16 décembre. Doté de 50.000 euros et décerné pour la première fois en 1988 à Nelson Mandela, ce prix « pour la liberté de l’esprit » doit son nom au physicien nucléaire Andreï Sakharov, figure de la dissidence à l’époque de l’URSS. Il a plusieurs fois fait office d’antichambre du Nobel de la paix.

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