Pas de changement de nom pour « La Négresse » : le tribunal administratif de Pau a rejeté jeudi la requête de l’association Mémoires et Partages visant à faire débaptiser ce quartier de Biarritz, à l’intitulé « raciste et sexiste » selon elle.
Dans le jugement rendu, il est estimé que la dénomination de ce quartier et d’une rue de la ville ne peut être vue comme « une atteinte au principe de sauvegarde de la dignité humaine », en dépit de « l’évolution sémantique du terme ‘négresse’ vers une connotation péjorative ».
« C’est ahurissant, ce terme est bien plus que péjoratif, il est raciste. Personne ne peut contester qu’une dénomination à caractère raciste ne soit pas attentatoire à la dignité », a réagi l’avocat de l’association, Me William Bourdon, pointant une décision « timorée » du tribunal administratif palois « qui n’a pas pris ses responsabilités ». Il annonce faire appel de la décision.
Pour Karfa Diallo, le directeur et fondateur de l’association plaignante et quelques militants réunis en fin de journée devant une fresque représentant une femme noire, dans le quartier « La Négresse », cette décision « n’est qu’une étape ».
Faire débaptiser la barrière de péage dite « La Négresse »
M. Diallo annonce l’ouverture « d’un nouveau front » contre Vinci Autoroutes, pour faire débaptiser la barrière de péage dite « La Négresse », à l’entrée de la ville.
En 2020, l’association bordelaise avait demandé à la maire de Biarritz, Maider Arosteguy, d’introduire à l’ordre du jour du conseil municipal l’abrogation de deux délibérations, celles fixant le nom « La Négresse » pour un quartier proche de la gare, en 1861, et une deuxième introduisant une nouvelle « rue de la Négresse » en 1986.
« Perspective mémorielle » sans « motif raciste »
Or « la maire de Biarritz n’a pas commis d’erreur de droit en refusant » cette demande, a estimé le tribunal administratif. S’appuyant sur l’historique du nom de ce quartier biarrot, qui voudrait que « La Négresse » soit un surnom donné par les soldats napoléoniens aux alentours des années 1812-1813 à une femme qui servait dans une auberge du quartier, le tribunal y a vu « une perspective mémorielle, en hommage à la personne considérée et à l’histoire locale » et non pas le but « de présenter de manière dégradante, humiliante ou avilissante une esclave ou descendante d’esclave à la peau noire ou de stigmatiser les membres d’une communauté pour un motif raciste ».
« Je suis effaré qu’un juge puisse dire que c’est un hommage », s’indigne auprès de l’AFP le directeur de Mémoires et partages.
Le tribunal a, en outre, relevé qu’il n’était pas établi que le nom « La Négresse » avait été de nature à heurter la sensibilité des habitants de la commune. « Il y a une frilosité de la mairie, mais il faudra accompagner le changement, que la population ne se sente pas acculée ou accusée », veut rassurer Karfa Diallo.
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