Thomas Guénolé, politologue engagé, a estimé ce dimanche sur Franceinfo que le parti présidé par Jordan Bardella devait être interdit, en dépit du fait que près de 11 millions d’électeurs ont voté pour un candidat RN aux dernières élections législatives.
Ce dimanche 22 septembre, sur le plateau de Franceinfo, une proposition détonante a été faite par l’intellectuel Thomas Guénolé, qui n’a ni plus ni moins suggéré d’interdire une bonne fois pour toutes le Rassemblement national. Dans une séquence qu’il a relayée sur son compte X, l’auteur du livre Manuel de résistance à l’extrême droite a expliqué « penser sincèrement que le Rassemblement national doit être interdit » et qu’il n’est « jamais trop tard pour bien faire ».
« C’est prévu par le Code de sécurité intérieure, l’article L212-1, qui donne des motifs d’interdiction. Et le 6e, c’est quand vous propagez des idées qui provoquent à la discrimination et à la haine, en l’occurrence envers la population d’origine maghrébine en propageant des théories de type « submersion migratoire » et « grand remplacement » », a-t-il affirmé à l’antenne. Pourtant, si le RN dénonce régulièrement les entrées illégales massives de migrants en France, il a clairement affiché ses distances avec la théorie popularisée par Renaud Camus.
Le RN, seule cible de Thomas Guénolé ?
Sans doute un peu troublée par la violence de la proposition, la présentatrice du plateau coupe un instant le politologue : « Il y a quand même 11 millions de Français derrière, ça serait contre-productif non ? », parvient-elle à glisser au milieu de cette diatribe. « En quoi ce serait contre-productif d’interdire un parti d’extrême droite ? », lui rétorque d’emblée l’universitaire. « Je pose la question. À quel moment on considère que c’est un parti politique normal ? », avance celui qui avait pourtant critiqué les « méthodes staliniennes » de La France insoumise.
L’intellectuel engagé tente ensuite un parallèle entre le RN et le régime nazi en évoquant le paradoxe de la tolérance de Karl Popper. « Est-ce qu’on n’aurait pas dû interdire le parti nazi avant qu’il ne prenne le pouvoir et qu’il détruise la République de Weimar ? Rationnellement, son raisonnement, c’est de dire, la tolérance des systèmes démocratiques ne doit pas aller jusqu’aux forces politiques dangereusement intolérantes. » L’universitaire, adepte des questions rhétoriques, le clame haut et fort, l’interdiction du Rassemblement national est « légale » et il ne serait pas nécessaire, selon ses dires, de changer les dispositifs existants pour y parvenir.
Lundi 1er juillet, Thomas Guénolé s’était déjà exprimé sur le plateau de Franceinfo pour dévoiler la création d’un « réseau de résistance », anticipant une arrivée du RN au gouvernement à l’issue des législatives. « Les principales méthodes seront le refus d’exécuter des ordres par des fonctionnaires, la désobéissance civile et l’activisme judiciaire. Il s’agit essentiellement de fonctionnaires parce que quand l’extrême droite va gouverner ce pays, un certain nombre d’ordres porteront atteinte aux valeurs républicaines fondamentales », avait-il estimé.
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