L’ambition du régime chinois : influencer et contrôler toutes les activités humaines

Troisième article de la série en trois parties intitulée « Le filet géopolitique et économique de la Chine »

Par Stu Cvrk
30 septembre 2021 02:29 Mis à jour: 30 septembre 2021 11:05

Commentaire

Depuis 2013, les communistes chinois sous la direction de Xi Jinping poursuivent avec diligence deux programmes stratégiques axés sur la construction d’un empire mondial et l’établissement de la Chine au rang de leader mondial : l’Initiative ceinture et route (ICR, aussi connue comme « Nouvelle route de la soie ») et Made in China 2025.

Dans le sillage de la dévastation économique causée par la pandémie de Covid-19, Xi Jinping a annoncé le 21 septembre, lors de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations unies, un troisième grand programme, appelé « Initiative pour le développement mondial » (IDM), destiné à « orienter le développement mondial vers une nouvelle étape de croissance équilibrée, coordonnée et inclusive ».

Selon le China Daily, la nouvelle initiative de Xi Jinping comporte six points : «  Donner la priorité au développement, une approche centrée sur les personnes, des avantages pour tous, un développement axé sur l’innovation, l’harmonie entre l’homme et la nature, et un engagement à mener des actions axées sur des résultats. » Apparemment, la seule phrase de la propagande standard du Parti communiste chinois (PCC) qui manque à l’annonce de Xi Jinping est l’euphémisme « vers un avenir partagé », qui souligne tout l’« altruisme » du PCC claironné ces derniers mois par les médias publics.

Si Xi Jinping souhaite réellement se montrer magnanime à travers l’Initiative pour le développement mondial (IDM), il est légitime de se questionner quant à la myriade d’initiatives et d’objectifs auxiliaires que les apparatchiks du PCC poursuivent sans relâche aux dépens du monde entier depuis quelques années. Un certain nombre d’entre eux ont déjà été résumés dans la première et la deuxième partie de cette série.

Mais peut-être  Xi Jinping a-t-il simplement « oublié » de mentionner que l’IDM, l’ICR et tous les programmes et objectifs qui leurs sont rattachés ont pour unique but d’amener le monde à s’incliner devant la toute-puissance du PCC.

Cet article complète la série en trois parties qui énumère les objectifs du régime chinois et met à nu ses véritables intentions : contrôler tous les aspects des activités humaines. L’ampleur de tous ces projets est aussi impressionnante que leur correspondance est machiavélique.

Conquérir l’espace

L’objectif est de dominer l’espace par tous les moyens, à des fins militaires et économiques avant tout. Les missions chinoises vers Mars et la Lune servent de vitrine pour mettre en avant les prouesses scientifiques et la supervision chinoise en matière de technologie spatiale avancée. Il s’agit également de masquer l’arsenalisation de l’espace par l’Armée populaire de libération (APL).

Une fusée porteuse Longue Marche-2F, transportant le vaisseau spatial Shenzhou-12 et un équipage de trois astronautes vers la nouvelle station spatiale chinoise, décolle du centre de lancement de satellites de Jiuquan dans le désert de Gobi, dans le nord-ouest de la Chine, le 17 juin 2021. (Greg Baker/AFP via Getty Images)

Gagner sans combattre

Le régime chinois cherche à atteindre tous ses objectifs, qui mènent finalement à une domination économique et militaire mondiale, sans avoir recours à la guerre active. Il s’agit d’une guerre politique et psychologique pour provoquer chez l’adversaire l’impression d’être devant un fait accompli, principalement aux États-Unis et leurs alliés.

Exploiter le Département du travail du Front uni pour gagner des amis à l’étranger

Le Département du travail du Front uni sert de couverture aux agents de renseignement (espions) opérant sous l’égide du ministère de la Sécurité d’État. Ses tentacules s’étendent jusqu’aux instituts Confucius, au programme « Mille talents », aux services de presse chinois, aux bureaux des affaires chinoises à l’étranger et à l’administration chinoise du cyberespace, dans le but d’influencer l’opinion étrangère et de gagner des amis à la politique du régime.

Chasser les États-Unis du Moyen-Orient

Cet objectif est double pour Pékin : détruire l’influence des États-Unis au Moyen-Orient et avoir accès à des réserves massives de pétrole, de gaz, de terres rares. La Chine, pauvre en énergie, investit des milliards dans le cadre de l’ICR pour développer le corridor économique Chine-Pakistan, composé d’autoroutes, de lignes ferroviaires et de pipelines allant du port de Gwadar sur l’océan Indien au Xinjiang (Turkestan oriental). Ce corridor servira de courroie de transmission vers la Chine pour le pétrole du Moyen-Orient, y compris celui de l’Iran, avec lequel le PCC a également établi une relation stratégique.

Mettre à contribution la marine marchande pour contrôler le transport maritime mondial

L’objectif est d’augmenter considérablement la marine marchande, la rendre qualifiée et expérimentée, subventionner les emplois du secteur, l’étendre sur les industries maritimes des autres pays afin de contrôler, surveiller et influencer les opérations maritimes dans le monde.

Mettre en place une gouvernance mondiale des océans

L’objectif du PCC est de remplacer les conventions internationales, telles que la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, qui déterminent actuellement la conduite, les responsabilités et le droit maritime sur les mers du monde, par les normes, la technologie et les protocoles de la Chine. Cet effort implique également le développement d’un réseau de satellites de surveillance capables de contrôler le trafic maritime dans le monde entier, ainsi que de convaincre d’autres paysd’utiliser le système de navigation par satellite Beidou au lieu d’autres systèmes commerciaux de navigation par satellite.

Un garçon regarde le système de navigation par satellite BeiDou lors d’une exposition au Musée national de Chine à Beijing, le 27 février 2019. (Wamg Zhao/AFP via Getty Images)

Collecter et exploiter l’ADN du monde entier

Plusieurs conseillers du gouvernement américain ont averti que le régime chinois collectait des données génétiques afin de dominer l’industrie pharmaceutique mondiale. Selon un article de Reuters, cet effort pourrait « potentiellement conduire à des soldats génétiquement améliorés ou à des agents pathogènes modifiés pour atteindre la population ou l’approvisionnement alimentaire des États-Unis ».

Dominer l’espace indopacifique

Le but est d’étendre les bases militaires chinoises dans toute la zone indopacifique pour contrer la domination géopolitique des États-Unis. Il s’agit aussi d’exercer des pressions sur les principaux alliés des Américains présents dans la région, comme l’Inde, l’Australie et le Japon (qui, avec les États-Unis, forment le Quad).

Remplacer les marques américaines par des marques chinoises

Le PCC cherche à renverser les marques américaines. Bien qu’il puisse s’agir apparemment d’une simple concurrence classique, la question est beaucoup plus complexe. L’enjeu est crucial, car les marques à succès exercent une influence culturelle et psychologique. Le but est d’inscrire la domination chinoise dans les mentalités.

Être la plus grande usine du monde

Reconnaissant les grandes avancées réalisées au cours des dernières décennies vers cet objectif, le Quotidien du Peuple déclare que « la Chine est le premier producteur mondial de plus de 220 types de produits industriels ». La domination chinoise en termes de production renforce son influence et lui donne un avantage géopolitique considérable (l’objectif sous-jacent).

Remplacer la démocratie de type occidentale par la « démocratie totale » chinoise

Il s’agit d’un jeu psychologique du PCC visant à tirer parti du soutien de l’Occident à la démocratie, pour la substituer par une version ayant des « caractéristiques chinoises ». Le mot « totale » suggère que la démocratie occidentale traditionnelle est en quelque sorte incomplète, tandis que la version du PCC est « optimale ».

Contrôler toutes les données et informations

L’objectif ici est de limiter l’échange de données et d’informations entre les citoyens et les organismes aux seuls échanges approuvés par l’État… et uniquement par l’État. Le but est d’établir le « 1984 » orwelliens sur l’ensemble du monde, mais avec des caractéristiques chinoises.

Transformer la mer de Chine méridionale en un « lac chinois ».

L’objectif de Pékin est de prendre le contrôle des ressources naturelles de la région et d’intimider les pays voisins. Dans ce but, la Chine s’engage dans des conflits de souveraineté et dans la construction d’îles artificielles contrôlées par l’Armée populaire de libération.

Des dragueurs chinois travaillent à la construction d’îles artificielles sur et autour du récif Mischief dans les îles Spratly de la mer de Chine méridionale, le 2 mai 2015. (Marine américaine)

Promouvoir la « prospérité commune » par le contrôle total du secteur privé

La prospérité commune est un autre de ces euphémismes marxistes abstraits, dont le sens est obscur et obscurci. Le PCC l’utilise pour décrire ses efforts nationaux visant à améliorer le niveau de vie grâce à la « direction avisée » du collectivisme des comités communistes chinois.

Exploiter les ressources naturelles des grands fonds marins

La Chine détient le quasi-monopole des terres rares (ETR) et cherche à récupérer les nouveaux gisements, notamment ceux des grands fonds marins. Le contrôle de la production d’ETR lui permet d’exercer une influence économique et géopolitique considérable sur les autres nations industrielles. Elle peut exercer des pressions sur les autres pays en « perturbant leur chaîne d’approvisionnement » à sa guise, en particulier les pays de l’Union européenne pauvres en ETR.

Subvertir l’environnementalisme tout en masquant son expansion économique

Cet objectif vise à réduire la compétitivité des États-Unis tout en augmentant l’avantage concurrentiel de la Chine. Par ailleurs, il est question d’accroître la dépendance du monde à l’égard de la production chinoise. Enfin agrandir le marché des « produits verts » tels que les panneaux solaires, les véhicules électriques et les batteries, tous produits en Chine, forme également un enjeu important. Si les écologistes occidentaux croient aux promesses du PCC selon lesquelles la Chine atteindra son objectif déclaré de « zéro émission nette » d’ici 2060, il semble évident néanmoins qu’il s’agit d’une nouvelle feinte du PCC pour parvenir à la domination économique.

Dominer l’information mondiale

La Chine a investi d’énormes ressources pour acquérir une domination totale de l’information dans l’arène internationale afin de faire valoir ses décisions. La domination de l’information implique un examen et une analyse de toutes les données et informations pertinentes. C’est un des enjeux les plus importants, puisque l’aboutissement de toutes les manœuvres chinoises en dépend.

Fomenter la discorde aux États-Unis

Susciter la discorde et la division aux États-Unis – le principal rival de la Chine sur la scène mondiale – est un objectif constant du PCC depuis des décennies. Dresser les Américains les uns contre les autres, exploiter les disparités et les « injustices » économiques, promouvoir le marxisme culturel dans l’ensemble de la société américaine, autant de facettes de l’attaque incessante du PCC contre l’Amérique.

Construire l’infrastructure d’un empire communiste chinois mondial par l’acquisition de biens immobiliers à l’étranger

Depuis des années, Pékin réalise des investissements stratégiques dans des propriétés à l’étranger à des fins diverses, notamment pour assurer la sécurité des investissements de l’ICR, construire des bases pour l’armée et la marine chinoises, acquérir des ressources naturelles en vue d’une exploitation future, intimider et faire pression sur d’autres nations pour qu’elles tiennent compte des intérêts chinois. Au fil du temps, toutes ces acquisitions forment l’infrastructure et le réseau initial de « l’empire mondial » communiste chinois.

Une vue générale du vieux port de Trieste en Italie, le 2 avril 2019. La ville historique de Trieste se prépare à ouvrir son nouveau port à la Chine, l’Italie devenant la première nation du Groupe des Sept à adhérer au projet d’infrastructure ICR de la Chine. (Marco Di Lauro/Getty Images)

Nouvelle stratégie économique : la « double circulation »

Désormais, la Chine stimule le marché intérieur tout autant que le marché extérieur. En se recentrant, l’économie chinoise espère devenir moins dépendante des technologies de pointe et des chaînes d’approvisionnement étrangères. Les entreprises chinoises souhaitent s’émanciper du « savoir-faire étranger », créer des produits chinois fabriqués localement demandés dans le monde entier.

Monopoliser et contrôler l’approvisionnement énergétique mondial

Le PCC a conscience que le contrôle de l’approvisionnement énergétique du futur lui donne un levier géopolitique pour atteindre d’autres objectifs. En proposant des tarifs défiant toute concurrence, il espère s’emparer du marché de la production d’énergie dans le monde. Contrôler les ressources énergétiques mondiales, c’est contrôler toutes les économies du monde.

Dominer le marché très fermé des réacteurs nucléaires

Bien que l’« énergie verte » soit acclamée, la seule véritable énergie capable de réduire les émissions carbone est l’énergie nucléaire. La Chine est en train de s’approprier rapidement le marché des réacteurs nucléaires et lorsqu’elle vend sa technologie à différents pays, elle propose également un financement, sous forme de prêts à long terme.

Contrôler et manipuler mondialement les produits stratégiques

Une matière première stratégique est une ressource ou un produit agricole indispensable pour l’économie d’un pays, de sorte que l’économie souffrirait considérablement si le commerce et l’approvisionnement de cette ressource étaient interrompus. Depuis des années, Pékin achète en très grande quantité des matières premières essentielles. Elle se constitue des réserves et se protège d’une inflation (tout en la générant). Elle manipule les marchés pour fragiliser les pays et étendre son emprise.

Contrôler les récits étrangers grâce à l’intelligence artificielle et aux faux médias sociaux

Pékin utilise des stratagèmes belliqueux agressifs pour fausser l’information. Il s’agit de contrôler les dirigeants étrangers, les diplomates et autres décideurs clés. Le PCC exploite les médias sociaux et l’intelligence artificielle pour créer de faux comptes et réseaux grâce à des bots visant à influencer les décideurs étrangers.

Conclusion

Cette série dresse la liste de 52 initiatives et objectifs interdépendants poursuivis par le PCC dans le monde. Le filet économique et géopolitique tendu par la Chine vise à contrôler tous les secteurs d’activité : le secteur financier, juridique, médical, celui de la sécurité, du tourisme, de la culture, et bien d’autres. Plus encore, il s’agit de prendre le contrôle de toutes les activités de la vie humaine, et d’initier un endoctrinement idéologique et psychologique à l’échelle mondiale. La « bienveillance chinoise » et l’« altruisme chinois », tels qu’exprimés par Xi Jinping et les cadres du PCC, se situent diamétralement à l’opposé de leurs intentions véritables. À l’insu des populations, cette « bienveillance » se répand au détriment des libertés personnelles et économiques.

Stu Cvrk a pris sa retraite en tant que capitaine après avoir servi 30 ans dans la marine américaine dans diverses fonctions d’active et de réserve, avec une expérience opérationnelle considérable au Moyen-Orient et dans le Pacifique occidental. Fort de sa formation et de son expérience en tant qu’océanographe et analyste de systèmes, Stu Cvrk est diplômé de l’Académie navale des États-Unis, où il a reçu un enseignement libéral classique qui sert de base à ses commentaires politiques.

Partie 1 : Le filet géopolitique et économique de la Chine
Partie 2 : Les objectifs à long terme du Dragon-araignée pour dominer le monde

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.