Le régime chinois cherche à manipuler les pays occidentaux pour intensifier la persécution du Falun Gong

Des lanceurs d'alerte révèlent comment le Parti communiste chinois (PCC) cible les pays occidentaux, les médias et les influenceurs en ligne dans ses efforts pour "éliminer" le groupe spirituel

Par Petr Svab
30 août 2024 14:25 Mis à jour: 30 août 2024 18:56

Le Parti communiste chinois (PCC) intensifie sa campagne de répression transnationale contre le Falun Gong, selon trois lanceurs d’alerte, ayant accès aux informations internes du régime.

La nouvelle stratégie de Pékin consiste à manipuler des influenceurs sur les médias sociaux et les médias occidentaux pour propager de fausses informations et allégations, dans le but de semer la confusion dans l’opinion publique et de déclencher une réaction des autorités contre les pratiquants de cette discipline spirituelle, brutalement persécutée par le PCC depuis plus de deux décennies.

Si les dissidents chinois aux États-Unis sont depuis longtemps la cible du PCC, la nouvelle campagne du régime chinois semble être d’une ampleur et d’une sophistication sans précédent, voire « tend vers un territoire inconnu », selon un rapport publié le 7 août par le Falun Dafa Information Center (FDIC), une organisation à but non lucratif qui documente les persécutions menées par le régime chinois.

« Le régime chinois a pris la décision stratégique d’intensifier ses persécutions contre le Falun Gong dans le monde entier, en développant des activités de propagande, de désinformation et de répression transnationales pour cibler le Falun Gong de manière plus agressive en dehors de la Chine, et en particulier aux États-Unis », peut-on lire dans le rapport. « Cela semble être l’ultime stratégie du PCC pour détruire définitivement le Falun Gong. »

Selon les lanceurs d’alerte, les agents du PCC ont reçu l’ordre de transmettre des informations « malveillantes » et « négatives » sur le Falun Gong aux médias ainsi qu’aux personnes influentes sur les réseaux sociaux.

Selon les informations fournies par les lanceurs d’alerte, l’une des pierres angulaires de la campagne consiste à fabriquer le type d’allégations qui déclencherait très probablement une enquête du gouvernement.

Lors d’une précédente campagne aux États-Unis, deux Chinois ont plaidé coupable de corruption et d’avoir agi en tant qu’agents chinois clandestins. Les deux hommes ont mis au point un stratagème consistant à offrir 50.000 dollars à une personne qu’ils croyaient être un fonctionnaire du service des impôts (IRS), en échange de l’ouverture d’un audit sur une organisation basée à New York et dirigée par des pratiquants de Falun Gong. Le fonctionnaire était en fait un agent du FBI sous couverture.

Selon les notes des lanceurs d’alerte concernant une réunion tenue en juin par le ministère chinois de la Sécurité publique au niveau provincial, le régime cherche à « mobiliser des agents clandestins pour créer et intensifier des conflits contre le Falun Gong, pour développer sans relâche la force de frappe, la profondeur et la portée des [influenceurs des médias sociaux qui ciblent le Falun Gong] ».

Des pratiquants de Falun Gong participent à une veillée aux chandelles à la mémoire des pratiquants de Falun Gong décédés au cours des 25 années de persécution par le Parti communiste chinois en Chine, au National Mall à Washington, le 11 juillet 2024. (Madalina Vasiliu/Epoch Times)

« Ils doivent attirer une attention toujours plus forte de la société américaine et forcer le gouvernement américain à répondre sur tous les fronts, en éliminant le Falun Gong », peut-on lire dans les notes. Deux séries de notes, fournies séparément par deux lanceurs d’alerte et examinées par Epoch Times, décrivent en détail la réunion de juin. L’une des séries de notes a également révélé des informations provenant d’une réunion antérieure du ministère.

Entre-temps, les responsables du PCC ont été autorisés à « activer » leurs agents infiltrés dans les communautés du Falun Gong pour susciter des oppositions et des protestations contre le gouvernement américain et « créer des incidents » pendant les manifestations, afin de provoquer les autorités américaines, d’après les notes de la réunion de juin.

« C’est un développement alarmant », a déclaré Bradley Thayer, chercheur au Center for Security Policy, expert en évaluation stratégique de la Chine et collaborateur d’Epoch Times. « On peut se demander si le gouvernement américain a la capacité de filtrer ces informations. »

Les notes des lanceurs d’alerte tirées d’un rapport interne publié en juin par la Fondation CITIC de Chine pour les études sur la réforme et le développement, révèlent que le régime cherche à « mobiliser les ressources des médias d’État, des groupes de réflexion des universités et d’autres ressources [pour] partager activement des informations diffamatoires sur le Falun Gong avec les médias étrangers ».

La fondation CITIC fait partie du groupe CITIC, l’un des plus grands conglomérats d’État chinois possédant d’importantes participations à l’étranger, ce qui indique que l’attaque porte également sur d’importantes entités non étatiques contrôlées par le PCC. Les notes ont été fournies au FDIC par l’un des informateurs et examinées par Epoch Times.

Des membres de l’armée lors d’une session du Congrès national du peuple, à Pékin, sur une photo d’archive (Frederic J. Brown/AFP via Getty Images)

Selon les lanceurs d’alerte, le personnel du ministère de la Sécurité publique a reçu l’ordre de « couper totalement les canaux de communication entre les pratiquants de Falun Gong en Chine et ceux de l’étranger », afin d’empêcher toute nouvelle information sur les persécutions de sortir de Chine.

Le Falun Gong, une pratique qui comprend des exercices de mouvements lents et des enseignements fondés sur les principes de vérité, de compassion et de tolérance, a été présenté au public en Chine en 1992. À la fin de la décennie, on estimait que 70 à 100 millions de personnes avaient commencé cette pratique. Le dirigeant du PCC de l’époque, Jiang Zemin, qui était hostile à tout groupe échappant au contrôle du parti, a lancé une campagne d’ « éradication » du Falun Gong en 1999.

Depuis lors, des millions de personnes ont été enfermées dans des prisons, des camps de travail et des centres de détention, où elles ont subi des lavages de cerveau et des tortures pour tenter de les contraindre à abandonner leur pratique, ont rapporté des groupes de défense des droits de l’homme. Plusieurs enquêtes indépendantes ont conclu que le PCC assassinait des prisonniers de conscience pour alimenter son industrie lucrative de transplantation d’organes – les pratiquants du Falun Gong étant la principale source d’organes.

Les lanceurs d’alerte ont indiqué que le PCC disposait d’un nombre important, mais non précisé, d’agents au sein de la communauté Falun Gong à l’étranger.

Le FDIC a obtenu le témoignage d’un pratiquant européen du Falun Gong qui a été détenu l’année dernière alors qu’il rendait visite à des parents en Chine. Pendant sa détention, des agents du PCC ont tenté de convaincre cette personne de travailler pour une entité fondée par des pratiquants du Falun Gong en Europe et d’espionner pour le compte du PCC. La personne s’est vue promettre un salaire généreux et a même été encouragée à continuer à faire des commentaires anti-PCC sur les médias sociaux pour sauver les apparences. Un résumé de son témoignage a été examiné par Epoch Times.

Le régime a incité ses agents à « profiter des élections américaines et des conflits entre les deux partis » pour atteindre ses objectifs, selon les notes du rapport de la CITIC.

Le FDIC demande instamment au public et aux gouvernements d’examiner attentivement toutes les affirmations scandaleuses concernant le Falun Gong. « Il est urgent et vital que les gouvernements et le grand public reconnaissent que la source réelle des commentateurs et des incidents apparemment « indépendants », est probablement l’appareil de sécurité de la Chine », a déclaré le FDIC.

L’organisation encourage également le gouvernement américain à appliquer les lois exigeant l’enregistrement des agents étrangers et des entreprises de médias sociaux « pour détecter et limiter la propagation de la désinformation du PCC ciblant le Falun Gong ».

En réponse à une demande de commentaire concernant certaines des informations fournies par les lanceurs d’alerte, le département d’État a exhorté la République populaire de Chine (RPC) de mettre fin à sa persécution du Falun Gong. « La répression de la RPC s’étend souvent au-delà de ses frontières, les autorités s’engageant dans une répression transnationale pour surveiller, menacer et harceler les ressortissants de la RPC, y compris les pratiquants du Falun Gong, afin de réduire au silence ceux qui ont fui la persécution en raison de leur identité religieuse ou ethnique et qui cherchent la sécurité à l’étranger », a déclaré le département d’État américain dans un communiqué adressé à NTD, un média partenaire d’Epoch Times.

« Nous demandons instamment au gouvernement de la RPC de respecter ses engagements internationaux et les promesses faites dans sa propre constitution de protéger la « liberté de croyance religieuse » et de mettre fin à sa campagne d’éradication du Falun Gong, qui dure depuis 25 ans. »

Le gouvernement américain s’oppose de plus en plus activement à la persécution du Falun Gong par le PCC. Ces dernières années, plusieurs agents du PCC ciblant des pratiquants ont été arrêtés ; le département d’État a publié plusieurs déclarations appelant le PCC à libérer les pratiquants du Falun Gong emprisonnés ; en juin, la Chambre des représentants a adopté le Falun Gong Protection Act, un projet de loi qui imposerait des sanctions aux étrangers impliqués dans le prélèvement forcé d’organes en Chine. Un projet de loi similaire a été présenté au Sénat en juillet.

Prendre Shen Yun pour cible

Une grande partie des informations divulguées décrivent la stratégie du PCC pour saboter Shen Yun Performing Arts, une compagnie de danse classique chinoise basée à New York et fondée par des pratiquants du Falun Gong en 2006.

Selon la FDIC, Shen Yun est considérée comme une menace par le régime communiste parce qu’elle présente la culture chinoise sans subir l’influence du régime. « En une seule représentation, Shen Yun montre la magnificence de la culture chinoise avant l’avènement du communisme et, ce faisant, offre une vision de ce que pourrait être la Chine sans le PCC », peut-on lire dans le rapport.

Shen Yun Performing Arts présente la beauté de la culture chinoise traditionnelle telle qu’elle existait avant le communisme. (Avec l’aimable autorisation de Shen Yun Performing Arts)

Certaines des pièces de danse de Shen Yun dépeignent des histoires contemporaines, comme celles des pratiquants de Falun Gong persécutés en Chine.

La compagnie est devenue une force culturelle majeure, avec huit compagnies de danse, chacune dotée de son propre orchestre, qui se produisent devant un public d’environ un million de spectateurs par an. Epoch Times est un partenaire médiatique de la compagnie.

Selon Casey Fleming, directeur général de BlackOps Partners et expert en cybersécurité, risque stratégique et analyse des menaces pour les entreprises, Shen Yun a été l’une des principales cibles du PCC. « La simple présence de Shen Yun humilie le PCC », a-t-il déclaré à Epoch Times.

La nouvelle stratégie du PCC se concentre sur la création d’allégations susceptibles de déclencher une enquête du gouvernement américain sur la compagnie d’arts du spectacle, selon les informations fournies par le lanceur d’alerte.

Casey Fleming, directeur général de BlackOps Partners Corporation, s’exprime lors de la conférence Borderless Cyber à Washington le 4 octobre 2018. (Samira Bouaou/The Epoch Times)

Le moyen utilisé de cette campagne de diffamation apparaît être des influenceurs des médias sociaux, en particulier deux individus qui ont produit et promu des contenus anti-Falun Gong et anti-Shen Yun sur YouTube au cours des dernières années. L’un d’entre eux est un ancien employé d’un média géré par le PCC, basé au Japon. L’autre est un immigrant chinois aux États-Unis qui a fait plusieurs commentaires menaçants à l’égard du personnel de Shen Yun dans ses vidéos. L’année dernière, le FBI a averti les autorités locales de New York que l’homme était « potentiellement armé et dangereux », après avoir été repéré près du centre d’entraînement de Shen Yun. Il est actuellement accusé de possession illégale d’armes à feu.

Les notes du lanceur d’alerte de la réunion de juin indiquent que « tous les gouvernements provinciaux [doivent] fournir des ressources pour soutenir pleinement [les deux influenceurs et d’autres] dans leur lutte contre le Falun Gong ». « Fournir toutes les informations malveillantes sur le Falun Gong recueillies par le ministère de la Sécurité publique », indiquent les notes.

Selon le rapport du FDIC, les deux YouTubers ont interviewé plusieurs anciens artistes mécontents de Shen Yun qui ont été licenciés pour avoir enfreint les règles ou n’avoir pas réussi à atteindre le niveau artistique requis. « Semblant en vouloir à Shen Yun, ces personnes mélangent souvent des mensonges flagrants et des déformations d’événements ou de personnes, pour créer une image très trompeuse de Shen Yun », indique le rapport du FDIC.

Le FDIC a déclaré que « le résultat final de ces histoires fantastiques est un récit conçu pour inciter la population à se retourner contre Shen Yun et le Falun Gong ».

Les efforts déployés par le PCC pour promouvoir de faux récits dans les médias américains semblent avoir été couronnés de succès. Depuis plus de six mois, deux journalistes du New York Times travaillent sur un article basé sur les affirmations des artistes mécontents, a rapporté Epoch Times en mars.

L’immeuble du New York Times à New York le 5 février 2024. (Samira Bouaou/Epoch Times)

« Il semble y avoir un croisement entre les personnes interrogées par [l’un des YouTubers] et les journalistes du New York Times, ce qui soulève la question de savoir si les reportages du journal sont influencés par une campagne de diffamation soutenue par le PCC », peut-on lire dans le rapport du FDIC.

Le FDIC a noté une augmentation des incidents visant Shen Yun au cours des derniers mois, y compris des comptes X usurpant l’identité de membres du personnel de Shen Yun et faisant des « déclarations scandaleuses ». « Les comptes ont été supprimés par l’entreprise de médias sociaux après que des plaintes ont été déposées, mais ils indiquent une campagne plus large visant à manipuler l’opinion publique en ligne, en particulier parmi les Chinois », indique le rapport.

Tentatives antérieures

Le FDIC avait déjà documenté plus de 100 tentatives du PCC pour saboter Shen Yun, le plus souvent en faisant pression sur les théâtres ou les responsables gouvernementaux pour qu’ils annulent les représentations de la compagnie sous peine de mettre en péril les relations avec la Chine.

Il est également arrivé que les pneus des bus de tournée de Shen Yun soient crevés de telle sorte qu’ils auraient éclaté en cours de route. Plusieurs cas d’intrusion et de destruction de biens sur le campus de la compagnie au nord de l’État de New York ont été signalés. Des membres de la famille des artistes en Chine ont été persécutés.

Le 15 mars 2024, le service de police de Costa Mesa a signalé une « entaille d’environ 18 cm sur la paroi latérale » d’un pneu d’un bus de tournée de Shen Yun. Le pneu a été coupé de manière à ce qu’il ne se dégonfle pas, mais qu’il éclate sur l’autoroute. (Avec l’aimable autorisation de la sécurité de Shen Yun)

Les deux agents du PCC qui ont tenté de corrompre un agent du FBI se faisant passer pour un fonctionnaire de l’IRS en mai dernier ont également cherché à utiliser une action en justice sous un prétexte environnemental visant les installations d’entraînement et les écoles de Shen Yun pour « empêcher » leur croissance, selon des documents judiciaires. Entre-temps, un Américain ayant des liens commerciaux avec la Chine a intenté ces dernières années des actions en justice sans fondement contre Shen Yun en rapport avec l’environnement.

En mars, le campus de Shen Yun ainsi que les lieux où se déroulent ses représentations aux États-Unis et à Taïwan ont été la cible d’une série d’alertes à la bombe envoyées par courrier électronique et d’une menace de fusillade de masse.

Les métadonnées des courriels, obtenues par Epoch Times, suggèrent que certaines des menaces provenaient de comptes réels du ministère taïwanais de la justice. Le coupable a donc dû soit accéder aux comptes, par exemple en les piratant, soit les usurper pour donner l’impression qu’il s’agit de courriels officiels, ont déclaré plusieurs experts en cybersécurité.

Les danseurs de Shen Yun répètent un numéro de danse classique chinoise dans leurs installations du comté d’Orange, dans l’État de New York, sur cette photo d’archives. (Avec l’aimable autorisation de Shen Yun)

Après avoir examiné les métadonnées avec son équipe, un expert a conclu que le PCC était le coupable le plus probable, tout en précisant qu’une attribution définitive nécessite un processus minutieux qui pourrait prendre des mois. « À première vue, il faut voir qui a le plus à gagner, qui a la plus grande animosité, et c’est très probablement le PCC », a-t-il déclaré.

Gary Miliefsky, spécialiste de la cybersécurité et l’un des membres fondateurs du département de la sécurité intérieure (Department of Homeland Security des États-Unis, DHS), a exprimé un sentiment similaire. « S’il marche comme un canard, s’il cancane comme un canard, s’il ressemble à un canard, c’est probablement un canard », a-t-il déclaré par courrier électronique. « Je ne veux pas me mêler de politique internationale, mais il est évident que la source ne se trouve pas à Taïwan. »

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