Le nombre officiel de décès dus au Covid-19 en Chine est loin d’être exact, à en juger par la croissance de l’industrie funéraire, selon un ancien microbiologiste de l’armée américaine. Le régime communiste continue de dissimuler le nombre effectif de décès pour faire valoir le succès de sa politique du « zéro Covid ».
Lorsque le régime communiste chinois a brusquement mis fin à sa politique du zéro Covid en vigueur depuis trois ans, une épidémie sans précédent du virus s’était déjà déclarée au cours des derniers mois de sa mise en œuvre.
« On aurait dit un cyclone explosif du virus », a déclaré le Dr Sean Lin, ancien microbiologiste de l’armée américaine, actuellement professeur adjoint au département des sciences biomédicales du Collège Feitian à Middletown, dans l’État de New York, et membre de la Commission sur le Danger Immédiat : la Chine.
La nouvelle vague d’infection au Covid-19 en Chine est si grave qu’elle a touché une grande partie du pays, a précisé M. Lin dans une interview accordée à l’émission « Crossroads » d’EpochTV le 2 février.
Au 8 janvier, le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CCDC) n’a signalé qu’un total cumulé de 5272 décès imputables au Covid-19 depuis le début de la pandémie.
Néanmoins, après avoir assoupli les restrictions « zéro Covid », la même institution a soudainement annoncé que du 8 décembre 2022 au 12 janvier 2023, la Chine a enregistré près de 60.000 décès causés par l’infection au Covid-19. Ce chiffre est extrait d’un rapport du CCDC.
Dissimulation
Le Parti communiste chinois (PCC) a dissimulé le nombre réel d’infections depuis le début de la pandémie, a affirmé M. Lin. « Nous ne savons donc pas réellement, depuis le début de l’épidémie à Wuhan, combien de personnes sont mortes à cause de cette première vague d’infection. »
Au cours des trois dernières années, le PCC n’a cessé de répéter qu’en raison de sa politique très stricte du zéro Covid, le régime a « réussi à contenir l’infection » et « a permis de sauver la vie de nombreuses vies », a souligné M. Lin.
Cependant, sur les réseaux sociaux, beaucoup de gens parlent du nombre de personnes qui ont été infectées ou testées positives au Covid dans leurs villes. Beaucoup sont allés à l’hôpital, beaucoup ont eu des symptômes graves et beaucoup sont morts à cause du Covid, a poursuivi M. Lin.
Des rapports font également état de longues files d’attente pour les services funéraires et de personnes qui apportent les cadavres de leurs proches aux crématoires en utilisant leur propre voiture, a ajouté M. Lin. « Je vois tant de vidéos différentes dans tant de villes différentes, le nombre ne peut absolument pas correspondre à la version du gouvernement. »
« Je pense qu’un nombre considérable de personnes sont mortes en Chine, ne serait-ce qu’au cours des deux derniers mois, mais le gouvernement continue de mentir à ce sujet. Et c’est une situation vraiment, vraiment tragique qu’un si grand nombre de personnes meurent alors que le gouvernement ne les comptabilise même pas parmi les victimes du Covid », a déclaré M. Lin.
Le régime chinois ne cesse de restreindre la définition des décès causés par le Covid, a-t-il constaté. Aujourd’hui, les crématoriums vont jusqu’à dire aux familles qui apportent les corps de leurs proches qu’elles ne peuvent pas inscrire la mention Covid-19 en guise de cause du décès, sans quoi les corps ne pourraient pas être incinérés, a expliqué M. Lin. « Les gens sont donc obligés de mentir, sans quoi le corps de leur proche ne pourrait pas être incinéré. Il s’agit donc là d’une opération de dissimulation très, très lourde ».
M. Lin a analysé les données publiées par l’administration civile chinoise, qui faisaient état du développement des services de crémation et des services funéraires, de l’augmentation du nombre d’incinérateurs et de la croissance de l’emploi dans les services funéraires.
« Tous ces chiffres ont connu un bond significatif en 2020 et 2021 », a-t-il relevé. M. Lin pense que ces données ne peuvent s’expliquer que par l’augmentation du nombre de décès ces deux ou trois dernières années, lorsque la Chine a mis en œuvre sa politique du zéro Covid. « Il est impossible de l’expliquer autrement ».
Modèle chinois
De nombreux responsables de la santé publique du monde entier, y compris des fonctionnaires de haut rang, ont suivi le modèle chinois pour faire face à la pandémie de Covid-19 en mettant en œuvre des mesures telles que le confinement, les quarantaines et la distanciation sociale dans leurs pays, a indiqué M. Lin.
Ils ont fondé leurs décisions sur les données officielles du régime chinois, la seule source d’information sur le Covid de Chine qu’ils ont pu obtenir.
Nombreux sont ceux qui pensent que, même si la politique du zéro Covid a été trop sévère et a causé quelques dommages collatéraux, elle a au moins permis de contenir la pandémie, a expliqué M. Lin. « C’est en fait une illusion vraiment fausse que beaucoup de gens nourrissent, car le PCC n’a cessé de mentir à ce sujet au cours des trois dernières années ».
M. Lin a souligné que l’approche « zéro Covid » rendait l’ensemble de la population chinoise plus vulnérable à la maladie, car elle privait les gens d’un mode de vie sain. Selon lui, les gens ont besoin d’être exposés à l’environnement naturel, de respirer de l’air frais et d’avoir une alimentation normale.
De plus, les personnes confinées dans leur immeuble ont subi un stress mental et une anxiété importants. Pour s’en libérer, de nombreuses personnes confinées dans leurs tours résidentielles criaient le soir depuis leurs fenêtres et leurs balcons.
L’article suivant contient un clip vidéo qui montre des personnes à Shanghai en train de scander « We want supplies ! » (Nous voulons des provisions) lors d’un confinement prolongé au Covid à travers la ville.
Conséquences de la politique du zéro Covid
Selon M. Lin, l’ensemble de la population chinoise souffre en fait d’un syndrome de stress post-traumatique (SSPT) dû aux longues périodes de confinement. Le système immunitaire de la plupart des Chinois a été gravement affaibli pendant cette période. De ce fait, beaucoup ont été gravement infectés lorsque la grande infection virale a explosé en Chine.
La situation a encore été aggravée par la grande pénurie de médicaments de base, notamment les médicaments destinés à faire baisser la fièvre, a indiqué M. Lin. La production de médicaments en Chine est entièrement contrôlée par le régime communiste, qui n’a pas réussi à produire une quantité suffisante de ces médicaments pendant la période zéro Covid, a-t-il expliqué.
En Chine, de nombreuses entreprises pharmaceutiques et pharmacies qui produisaient et vendaient des médicaments contre le rhume et la grippe ont fait faillite en raison de la mise en œuvre des mesures zéro Covid. Les usines restantes n’ont pas été prévenues suffisamment à l’avance pour se préparer correctement à une augmentation soudaine de la demande consécutive à la levée des restrictions.
En outre, les pharmacies chinoises ont reçu l’ordre d’interdire ou de contrôler la vente de ces médicaments dans le cadre de la politique du zéro Covid afin d’empêcher les habitants d’utiliser des médicaments en vente libre pour réduire ou masquer la fièvre, un symptôme du Covid-19. En dissimulant une fièvre, les Chinois tentaient de contourner les mesures sévères de lutte contre le Covid, telles que les tests PCR obligatoires ou le passage forcé dans des installations de quarantaine centralisées.
En conséquence, les personnes infectées par le Covid ne pouvaient pas se procurer de médicaments pour faire baisser la fièvre, de sorte que davantage de personnes ont présenté des symptômes graves, ont été admises dans des unités de soins intensifs et sont mortes, a expliqué M. Lin.
Impact sur la population âgée
Trois sociétés pharmaceutiques chinoises fabriquent des vaccins Covid-19 – Sinovac et Sinopharm produisent des vaccins à virus inactivés, tandis que CanSino Biologics produit un vaccin basé sur un adénovirus génétiquement modifié – mais aucune d’entre elles ne dispose de données sur les effets de ces vaccins chez les personnes âgées de plus de 60 ans, a déclaré M. Lin. « Il n’y a pas d’essai clinique [en Chine] recrutant ce type de personnes pour les tester ».
Aujourd’hui, le PCC affirme que la campagne de vaccination n’a pas suffisamment porté sur les personnes âgées et que c’est la raison pour laquelle davantage de personnes âgées présentent des symptômes graves de Covid-19, a déclaré M. Lin.
Bien que l’efficacité des vaccins chinois soit relativement faible, ils sont promus en Chine et à l’étranger parce que le PCC soutient leur promotion auprès de l’Organisation mondiale de la santé, a ajouté M. Lin.
La Chine compte déjà une énorme population de personnes âgées en raison de sa politique de l’enfant unique, et les personnes âgées sont plus exposées aux symptômes graves du Covid, de sorte que leur protection devrait être au centre des politiques de santé publique.
La politique de l’enfant unique introduite en Chine en 1979 a duré près de quatre décennies et a fait de la société chinoise un modèle non viable sur le plan démographique, a expliqué M. Lin.
Le régime a assoupli la politique de l’enfant unique en 2016, autorisant une limite de deux enfants par famille, puis une limite de trois enfants en juillet 2021. Un an plus tard, les autorités ont même autorisé les couples de certaines régions à avoir jusqu’à quatre enfants, sous certaines conditions.
Malgré ces efforts, la Chine comptait 191 millions de personnes âgées de plus de 65 ans en 2020, soit 13,5% de sa population. D’ici 2057, le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans en Chine devrait atteindre un pic de 425 millions, représentant 32,9% à 37,6% de la population totale du pays.
Le nombre de personnes âgées nécessitant des soins en Chine a dépassé les 45 millions et devrait atteindre 60 millions d’ici à 2030, selon une étude récente.
Selon M. Lin, « le gouvernement chinois [est] en train de profiter du développement de la pandémie pour adopter une nouvelle stratégie lui permettant de réajuster la structure de la société. »
La politique commune du régime chinois semble aujourd’hui consister à faire en sorte que tous ceux qui peuvent être infectés le soient, et à créer les conditions nécessaires pour que davantage de personnes soient infectées, a poursuivi M. Lin.
Beaucoup de personnes âgées ont des problèmes de comorbidité, donc beaucoup d’entre elles mourront du Covid-19. Si l’on en juge par les quelques publications sur les réseaux sociaux que nous recevons de Chine, avec les vidéos de funérailles et de familles en deuil dans les villes et les campagnes, nous savons que de nombreuses personnes âgées sont mortes en Chine.
De nombreuses personnes âgées sont infectées, et beaucoup d’entre elles présentent des symptômes graves, mais elles ne peuvent pas être traitées parce que les hôpitaux sont surchargés, a expliqué M. Lin. « Dans les campagnes, le système général de soutien sanitaire est plus fragile encore. »
Pourquoi l’efficacité des mesures Covid-19 varie-t-elle ?
« L’une des plus grandes leçons que nous devrions tirer des trois dernières années de pandémie est que ce que nous comprenons du virus est très limité », a déclaré M. Lin. Il est impossible de prévoir le début de l’épidémie, les variants qui apparaîtront et leur mode d’action dans les différentes régions.
On ne sait pas combien de virus ont effectivement touché chaque zone au moment où l’infection a atteint son apogée, et il n’existe aucun modèle permettant de le prévoir, a expliqué le microbiologiste.
Il a comparé la propagation du virus à une tempête de sable caractérisée par l’arrivée de particules de sable sur une zone particulière, sauf que les virus sont microscopiques, beaucoup plus petits que les particules de sable et invisibles à l’œil humain.
La charge virale était si importante lorsque le virus est arrivé en Chine qu’elle couvrait pratiquement tout le pays, mais personne ne pouvait la voir, a expliqué M. Lin.
Il était si facile pour les Chinois d’être infectés. Des personnes qui restaient le plus souvent à la maison ont été testées positives au Covid alors qu’elles étaient à peine sorties.
La gravité de la pandémie variait considérablement d’une région et d’un pays à l’autre et dépendait de la quantité de virus qui arrivait dans une région particulière, a déclaré M. Lin. Par conséquent, l’efficacité des mesures appliquées en réponse à la pandémie a également varié, a-t-il expliqué.
Certains pays, comme l’Afrique, où des mesures très souples ont été appliquées, n’ont pas été très touchés par la pandémie, tandis que d’autres, y compris certains pays occidentaux qui ont adopté des politiques de confinement et de distanciation sociale très strictes, ont tout de même enregistré des vagues d’infection de la maladie, a expliqué M. Lin.
« Je pense que de nombreux aspects de l’épidémiologie doivent être révisés. Nous devons ouvrir nos esprits pour voir que notre compréhension est très limitée et [essayer] de comprendre l’épidémiologie du virus à grande échelle », a-t-il conclu.
Rita Li, Jenny Li, Sean Tseng, Anne Zhang, Angela Bright, Makai Allbert, Stephanie Zhang et Yuhong Dong ont contribué à cet article.
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