Le régime chinois utilise de faux comptes Twitter et des comptes piratés pour diffuser sa propagande sur la pandémie

Par Frank Fang
31 mars 2020 16:35 Mis à jour: 31 mars 2020 16:35

Selon une étude récente, le régime chinois utilise des milliers de faux comptes Twitter et de comptes Twitter piratés pour mener sa campagne de désinformation sur le virus du PCC.

Dans une étude publiée le 26 mars, le média à but non lucratif ProPublica, basé à New York, a suivi plus de 10 000 comptes Twitter suspectés d’être faux ou piratés et a découvert qu’ils étaient « impliqués dans une campagne d’influence coordonnée ayant des liens » avec le régime chinois depuis le mois d’août 2019.

Beaucoup de ces comptes qui visaient auparavant les dissidents politiques et les manifestations de Hong Kong ont maintenant commencé à publier « de la propagande et de la désinformation sur l’épidémie du coronavirus », selon ProPublica.

Epoch Times désigne le nouveau coronavirus, responsable de la maladie du Covid-19, comme le « virus du PCC », car la dissimulation et la gestion déplorable du Parti communiste chinois (PCC) ont permis au virus de se propager dans toute la Chine et de créer une pandémie mondiale.

Ces 10 000 comptes n’ont pas agi de manière indépendante. À l’aide de programmes informatiques, ProPublica a découvert que ces faux comptes faisaient partie d’un réseau interconnecté de plus de 2 000 comptes.

Cependant, ProPublica a lancé un avertissement : « L’ampleur réelle de cette campagne est probablement beaucoup plus importante ; notre enquête montre que les comptes que nous avons identifiés ne représentent qu’une partie de l’opération. »

COUVERTURE SPÉCIALE : VIRUS DU PCC

Tactique

Les faux témoignages visent à créer « une dynamique pour des histoires particulières », explique ProPublica. D’abord, les comptes centraux, ceux qui ont « des histoires en apparence plus légitimes », ont créé des messages accrocheurs. Ensuite, d’autres comptes, manifestement faux, interagissaient avec ces messages, par exemple en les ré-affichant ou en laissant des commentaires positifs.

Qu’il s’agisse des manifestations de Hong Kong ou de l’épidémie de virus actuelle, ces messages ont utilisé des mots clés pour « gagner en visibilité pour un compte qui avait peu de followers ».

Parfois, « les posts utilisent des mots-clés propres au réseau d’influence, sans doute pour essayer de les rendre tendance sur Twitter », ajoute ProPublica.

L’étude a répertorié plusieurs comptes piratés connus, tels qu’un professeur en Caroline du Nord, un étudiant à l’université du Nebraska Omaha, un concepteur de sites web au Royaume-Uni et un analyste commercial australien.

« Il est difficile de savoir si les titulaires actuels de faux comptes ont piraté les comptes eux-mêmes ou les ont achetés ailleurs », indique l’étude.

Certains des comptes examinés par ProPublica ont depuis été suspendus par Twitter.

Liens vers le régime chinois

ProPublica a montré que Pékin avait une influence sur nombre de ces comptes.

Par exemple, il a souligné que le réseau d’influence « a soudainement déplacé son attention vers l’épidémie de coronavirus » le 29 janvier, soit 6 jours plus tard, lorsque les autorités ont imposé un confinement à Wuhan, l’épicentre de l’épidémie de virus.

Le même jour, OneSight, une société de marketing internet basée à Pékin et ayant des liens avec le régime chinois, a annoncé le lancement d’une nouvelle application qui va permettre de suivre les informations liées aux virus et de contribuer à « transmettre la bonne voix de la Chine » au monde.

Le PDG de l’entreprise a travaillé auparavant au département de la propagande internationale de la ville de Pékin. Ses clients sont des médias d’État et des entreprises favorables au régime, comme Huawei et Alibaba.

L’année dernière, ProPublica a obtenu une copie d’un contrat remporté par OneSight pour stimuler le suivi sur Twitter de l’agence de presse publique China News Service. Selon la Fondation Jamestown, l’agence « gère aussi secrètement des organisations médiatiques étrangères ».

Cette agence est la branche médiatique internationale du Bureau des affaires chinoises à l’étranger, un bureau chargé d’influencer les Chinois à l’étranger. Ce bureau est à son tour dirigé par le département du travail du Front uni, un organe du parti qui se consacre à la diffusion de l’agenda de Pékin à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine.

« Notre examen d’un groupe de comptes imbriqués dans nos données a permis de relier l’effort à OneSight », a ajouté ProPublica.

L’étude a noté que le contenu et le comportement des faux comptes étaient similaires à ceux trouvés par un rapport de 2019 de L’Institut australien de politique stratégique. Par exemple, les posts étaient souvent faits pendant les heures de travail à Pékin.

De nombreux messages de soutien à Pékin ont été rédigés sur la base de faux comptes, en utilisant le même texte que celui publié par les médias publics chinois.

« Les textes des commentaires ont souvent été repris mot pour mot dans les éditoriaux des États, qui ont longtemps servi de vitrine politique aux agences gouvernementales et aux responsables du parti », a déclaré ProPublica.

Les comptes-rendus sont devenus « les pom-pom girls du gouvernement chinois, qui appellent les citoyens à s’unir pour soutenir les efforts de lutte contre l’épidémie et les incitent à ‘dissiper les rumeurs en ligne' ».

Argent

ProPublica a découvert que dans certains cas, des agents chinois présumés offraient de l’argent à des utilisateurs chinois influents de Twitter en échange de la publication de messages favorables à Pékin.

L’étude a mis en lumière le cas de Badiucao, un caricaturiste politique chinois vivant en Australie.

Badiucao a déclaré avoir été approché par un compte prétendant être une « société d’échange internationale », qui a offert au dessinateur 1 700 yuans (environ 217 euros) par publication pour tweeter un contenu spécifique.

Au cours de fausses négociations avec la société, Badiucao a déclaré avoir reçu un échantillon de ce qu’on lui demandait de tweeter : une vidéo de propagande de 15 secondes, montrant que Pékin « a vaincu le coronavirus et que tout est à nouveau sur les rails ».

Badiucao a ajouté qu’en se basant sur les interactions qu’il a eues avec l’entreprise, il était convaincu que cette dernière travaillait pour le régime chinois.

La société n’a finalement pas fourni de contrat à Badiucao, avec l’explication suivante : « Après vérification, votre style de publication ne correspond pas au sujet de la promotion. »

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