Le régime du PCC confronté à l’instabilité au moment du 35e anniversaire du massacre de la place Tiananmen

Par Jessica Mao et Michael Zhuang
11 juin 2024 05:50 Mis à jour: 20 juin 2024 18:23

Le 4 juin de cette année, nous avons célébré le 35e anniversaire du massacre de la place Tiananmen. À mesure que cette date approchait, on a pu constater une montée des tensions au sein de la population chinoise, mais aussi parmi les hauts fonctionnaires du Parti communiste chinois (PCC) et au sein de l’armée, d’après des sources internes et des experts.

Selon Tian Ming (pseudonyme), qui a une bonne connaissance de l’armée chinoise, des changements ont récemment eu lieu au sein du commandement central du théâtre d’opérations de l’armée chinoise. En effet, depuis l’annonce par Pékin d’exercices militaires autour de Taïwan, les manœuvres de minuit sont devenues de plus en plus fréquentes. Alors que cette période était censée être un moment de repos, les troupes ont commencé à s’entraîner, et la mission principale du commandement central des opérations était de défendre Pékin.

Tian Ming vit à Hebei, en Chine, près d’une base militaire locale. Il raconte qu’après l’élection présidentielle de Taïwan en janvier, chaque foyer de sa région a reçu des kits d’urgence. À son avis, cela indique que le PCC se prépare à un conflit potentiel, avec Pékin comme première cible.

Cependant, il ne croit pas que les environs de Pékin soient un endroit sûr pour les dirigeants du PCC. Selon lui, le principal souci est la stabilité interne, car il semble que l’establishment militaire soit largement mécontent de Xi Jinping.

Depuis l’année dernière, les troubles persistent au sein de l’armée du PCC. La Force des missiles, le département de développement des équipements, le département de l’état-major interarmées de la Commission militaire centrale et d’autres branches, y compris les entreprises aérospatiales et de défense, ont été purgés, avec au moins une douzaine de hauts fonctionnaires démis de leurs fonctions. Parmi eux figuraient les anciens commandants de la Force des missiles, les généraux Li Yuchao et Zhou Yaning, ainsi que le ministre de la Défense Li Shangfu.

Le 1er juin, Lai Jianping, un ancien avocat chinois spécialisé dans les droits de l’homme et président de la Fédération pour une Chine démocratique basée au Canada, a partagé avec Epoch Times que les sentiments anti-Xi au sein de l’armée semblent être partagés par de nombreux membres du régime. Ce mécontentement ne se limite plus seulement au public chinois ordinaire.

La campagne sélective de Xi Jinping contre la corruption a conduit à de vastes purges au sein du parti et de l’armée, provoquant de vives réactions à différents niveaux », a-t-il précisé. « Ce sentiment reflète un désir plus large, au sein du parti et de l’armée, de voir Xi Jinping tomber. Même ceux qui semblent loyaux envers Xi ne sont que des personnes qui ont des intérêts dans le régime. La plupart des fonctionnaires espèrent la chute prochaine de Xi Jinping. »

Une importance primordiale accordée à la « sécurité » et à la « stabilité »

Le 28 mai, le PCC a organisé une conférence nationale sur la sécurité publique à Pékin, au cours de laquelle le dirigeant chinois Xi a rencontré des représentants de la police.

Lors d’une réunion rapportée le lendemain par Xinhua, l’agence de presse porte-parole du Parti communiste chinois, Chen Wenqing, membre du Politburo du PCC et secrétaire de la Commission centrale des affaires politiques et juridiques, a prononcé un discours dans lequel il a souligné l’importance de « créer une force de sécurité publique loyale, propre et digne de confiance » et de « mettre en œuvre tout ce qui est possible pour prévenir les risques, garantir la sécurité et maintenir la stabilité ».

Le 31 mai, Xinhua a publié un autre rapport qui mentionnait 12 fois le mot « sécurité » et 8 fois le mot « stabilité ».

Chen Pokong, un commentateur politique chinois basé aux États-Unis, a expliqué lors de son émission sur YouTube pourquoi il considère que la tenue de cette conférence sur la sécurité publique est cruciale pour deux raisons. Tout d’abord, à cause de la période du 35e anniversaire du 4 juin, une date que le Parti communiste chinois hait et redoute. Ensuite, le PCC tiendra sa troisième session plénière en juillet, ce qui pourrait entraîner des changements au sein de la direction. Chen Pokong estime que Xi Jinping souhaite accélérer ce processus, et donc cette conférence vise à assurer le contrôle face à d’éventuels défis.

D’après Lai Jianping, ces dernières années, notamment depuis la mise en place de la politique chinoise du « zéro Covid » pendant la pandémie, le PCC a causé de nombreux problèmes dans la vie économique et sociale des Chinois. Le public a accumulé de nombreux griefs à son encontre. Face à cette situation, le PCC met désormais l’accent sur la « sécurité » et la « stabilité », craignant que tout échec en la matière ne menace son régime. Selon lui, la récente conférence sur la sécurité publique vise avant tout à trouver de nouvelles stratégies pour mieux contrôler la population et ainsi maintenir le régime en place.

Néanmoins, Lai Jianping estime que ces mesures ne seront que peu efficaces.

Accueil des patients atteints du Covid-19 à la Clinique de fièvre de Pékin, le 21 décembre 2022. (Kevin Frayer/Getty Images)

Poursuite de la purge politique

Le PCC tiendra sa troisième session plénière en juillet. En attendant, le régime de Xi poursuit ses purges politiques de hauts fonctionnaires.

Le 30 mai, le site web de la Commission centrale d’inspection de la discipline et de la Commission nationale de supervision du PCC a indiqué que Gou Zhongwen, directeur adjoint de la Commission nationale des affaires ethniques, faisait l’objet d’une enquête. Il a été directeur de l’Administration générale des sports de Chine d’octobre 2016 à août 2022, supervisant des événements tels que les Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang, les Jeux olympiques d’été de Tokyo et les Jeux olympiques d’hiver de Pékin.

Gou Zhongwen a été vu en public pour la dernière fois le 22 mai, lors d’un forum sur l’idéologie de Xi. Avant sa chute, plusieurs de ses anciens subordonnés faisaient l’objet d’une enquête, ce qui soulève des questions quant à son implication.

Le 25 mai, la Commission centrale d’inspection de la discipline et la Commission nationale de surveillance ont signalé que Xu Loushe, directeur adjoint de l’Administration nationale du monopole du tabac, faisait l’objet d’une enquête. Il occupait la première place parmi les directeurs adjoints et avait servi pendant dix ans, sa dernière apparition publique remontant au 14 mai.

Parmi les hauts fonctionnaires récemment tombés, citons Liu Xingtai, vice-président de l’assemblée populaire de la province de Hainan, Wang Hao, vice-président du comité provincial de Jiangsu de la Conférence consultative politique du peuple chinois, Tang Renjian, ministre de l’Agriculture et des Affaires rurales, et Lou Wenlong, vice-président de la Banque agricole de Chine.

En outre, deux cadres supérieurs d’entreprises publiques ont récemment été très lourdement condamnés : Bai Tianhui, ancien directeur général de China Huarong International Holdings Ltd, a été condamné à mort, et He Zehua, ancien directeur adjoint de l’Administration nationale du monopole du tabac, a été condamné à la prison à vie.

Avec la contribution de Xin Ning.

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