Depuis quelques années, à la faveur du Grenelle de l’Environnement, le marché de la construction en bois est en forte croissance, au détriment du béton et du métal qui restent tout de même encore largement dominants.
Les architectes redécouvrent ce matériau souvent mal connu, allant jusqu’à imaginer la construction de nouveaux centres commerciaux (Marques Avenue à Aubergenville), de quartiers entiers (écoquartier de 300 maisons en bois à Ballainvilliers dans l’Essonne), voire de tours de plus de 30 étages (projet tour Baobab à Paris imaginée par Michael Green Architecture, ou la tour LifeCycle Tower en Autriche).
Une tendance de fond
Selon une enquête publiée fin 2013 par le CODIFAB (Comité de Développement des Industries Françaises de l’Ameublement et du Bois), la part de marché du bois qui était de 7 % fin 2012 devrait passer à 20 % en 2020. On prévoit que celle du secteur des maisons individuelles qui était de 12 % fin 2012 atteidra les 50 % en 2020 : soit une maison neuve sur deux. Ce n’est pas une mode passagère, mais bien une tendance de fond : ainsi, dans la foulée de l’Allemagne, la France rejoint le groupe des pays du nord de l’Europe où la part de marché globale est actuellement de 35 % et celle des maisons individuelles de 90 %.
Cependant, alors que la forêt française reste la plus importante d’Europe, elle est encore mal exploitée, en grande partie à cause de l’émiettement des propriétés, de la lourdeur administrative et de l’absence d’incitations fiscales, de sorte que la France continue à importer une part importante de son bois de construction. C’est la raison pour laquelle l’usage du bois dans la construction fut déclaré d’intérêt général en janvier 2014 et intégré dans les 34 filières d’avenir lancées en septembre 2013 par Arnaud Montebourg, lesquelles ont été regroupées récemment en 10 solutions de relance industrielle par le ministre de l’Économie Emmanuel Macron.
Un « puits de carbone » bénéfique dans la lutte contre le changement climatique
Quelles sont les raisons de ce regain d’intérêt pour un matériau connu depuis toujours et pourtant si décrié ces dernières années ? Les émissions de gaz à effet de serre à l’origine du changement climatique ? La nouvelle réglementation thermique des bâtiments et la nécessité de faire des économies d’énergie ? Les qualités naturelles intrinsèques de ce matériau naturel ? La hausse continue des allergies respiratoires ou son lien avec la qualité sanitaire des espaces ? En fait, toutes contribuent à la réhabilitation du bois.
Le bois présente tout d’abord un grand avantage en faveur de la lutte contre le changement climatique : c’est un capteur naturel du principal gaz à effet de serre, le CO2, de sorte qu’il peut être considéré comme un « puits de carbone » s’il est issu de forêts correctement gérées, c’est-à-dire replantées et bénéficiant de labels tels que FSC (Forest Stewardship Council) ou PEFC (Pan European Forest Certification). Ceci est à l’opposé de la fabrication du béton, de l’acier et de l’aluminium qui nécessite énormément d’énergie fossile et présente des bilans C02 très négatifs. Le bois est aussi un matériau naturellement isolant (15 fois plus que le béton), capable de réguler naturellement l’humidité intérieure, de même qu’il permet d’assurer une meilleure isolation acoustique.
La redécouverte des vertus d’un matériau victime d’idées reçues
À l’opposé du béton, les nouvelles techniques de constructions en bois sont pour la plupart quasi entièrement préfabriquées en usine, ce qui permet de construire avec des délais très réduits et très peu de nuisances de chantier (acoustiques, laitances de béton, …), d’où une très bonne adaptation aux contraintes de construction en milieu urbain. De même, les structures en bois, plus solides que le béton à épaisseur équivalente, autorisent de plus grandes surfaces habitables et résistent très bien aux séismes. Sa légèreté et sa solidité en font également un matériau de choix pour les surélévations d’immeubles existants ou les prouesses architecturales, car il est rarement nécessaire de renforcer la structure existante.
Contrairement aux idées reçues, la résistance d’une structure bois à l’incendie est plus longue et plus prévisible qu’une structure béton ou acier. De même, les traitements dont elle bénéficie en usine lui donnent une grande résistance aux agressions naturelles telles que l’humidité, les termites, ou le vieillissement accéléré et permettent de réduire fortement les coûts d’entretien.
Enfin, côté sanitaire et qualité de l’air intérieur, les additifs bois et produits de protection ont beaucoup évolué depuis plusieurs années et les nouvelles normes interdisant l’utilisation de produits cancérigènes ou obligeant l’étiquetage de la qualité sanitaires des produits permettent actuellement d’utiliser des bois quasiment exempts de Composés Organiques Volatils (COV) ou de formaldéhydes et de lui redonner l’image d’un produit sain.
Un matériau plus économique en « coût global »
Sur le plan économique, le coût brut de l’ossature bois est légèrement plus élevé (de 5 à 7 %) que les autres matériaux, avec par exemple des ratios de 1 200 € HT/m² pour une maison individuelle (5 pièces de 96 m²) tous corps d’état et de 1 350 € HT/m² pour un logement collectif. Ce différentiel est cependant en baisse depuis que la filière s’est structurée et que des industriels français tels que Techniwood ou Woddeum, ont investi le marché. Cependant, si l’on calcule le « coût global » de l’ouvrage, c’est à dire en intégrant les autres coûts d’exploitation tels que la maintenance et le chauffage sur la durée de vie de l’ouvrage (30 ans), la solution bois s’avère plus compétitive qu’une solution traditionnelle en béton, parpaing ou acier. Ce que nos voisins européens du nord et américains ont déjà compris depuis longtemps.
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