Accusé d’être derrière les attaques les plus meurtrières en Afghanistan ces dernières années, le réseau Haqqani est une voix qui compte chez les talibans. Deux de ses représentants assistent à Kaboul aux discussions sur un nouveau gouvernement afghan, parmi les dirigeants du mouvement désormais à la tête du pays.
Malgré sa réputation sanglante, ce groupe qualifié de terroriste par les Etats-Unis est voué à jouer un rôle majeur au sein du nouveau régime taliban ayant pris le pouvoir la semaine dernière.
Ce groupe armé a été formé par Jalaluddin Haqqani, qui s’est fait connaître dans les années 1980 comme un héros du jihad antisoviétique. En pleine guerre froide, le patriarche est un atout précieux de la CIA contre l’URSS. Les États-Unis et leurs alliés, comme le Pakistan, financent et arment directement les moudjahidines.
Kabul, the capital city of Afghanistan, is currently under control of nearly 6,000 jihadis of the Haqqani Network led by Khalil al-Rahman Haqqani, brother of Jalaluddin Haqqani, the founder of the networkhttps://t.co/ANVzwcgoUa
— OpIndia.com (@OpIndia_com) August 21, 2021
Pendant ce conflit long dix ans, dont le coût sera déterminant dans l’implosion de l’Union soviétique, puis après le retrait russe, Jalaluddin Haqqani entretient des liens étroits avec des jihadistes étrangers, dont Oussama ben Laden.
Il s’allie ensuite aux talibans, qui prennent le contrôle de l’Afghanistan en 1996, après une guerre civile farouche entre seigneurs de guerre qui fait des dizaines de milliers de victimes et détruit Kaboul. Il devient ministre du régime islamiste jusqu’à ce que celui-ci soit renversé en 2001 par une coalition internationale menée par les États-Unis, suite aux attentats du 11 septembre.
Le fils Sirajuddin le remplace à la tête du réseau
Jalaluddin Haqqani meurt en 2018 après une longue maladie. Son fils Sirajuddin le remplace à la tête du réseau.
Grâce à sa puissance financière et militaire et sa réputation sanglante, le réseau Haqqani est considéré comme semi-autonome tout en restant dans le giron des talibans.
100s of people in Kabul Pul-e-Kheshti Mosque pledge allegiance & support to Taliban at the hand of a very Senior Taliban Commander Haji Khalil ur Rehman Haqqani, brother late Jalaluddin Haqqani pic.twitter.com/RHDkWu0CQP
— Saleem Mehsud (@SaleemMehsud) August 20, 2021
Principalement basé dans l’est de l’Afghanistan – il disposerait de bases de l’autre côté de la frontière, dans le nord-ouest du Pakistan -, le groupe armé prend du galon au sein des talibans. Sirajuddin Haqqani est nommé chef adjoint en 2015.
Son frère cadet Anas, autrefois emprisonné et condamné à mort par le précédent gouvernement afghan, a tenu des pourparlers avec l’ancien président Hamid Karzaï et l’ex-chef de l’exécutif Abdullah Abdullah depuis la chute de Kaboul le week-end dernier.
Le réseau Haqqani est accusé d’être derrière certaines des attaques les plus meurtrières des dernières années contre les forces de sécurité afghanes et de la coalition.
Il est désigné comme groupe terroriste par les États-Unis et est également soumis à des sanctions des Nations Unies.
Les Haqqani ont la réputation d’utiliser fréquemment des kamikazes, souvent les conducteurs de voitures ou de camions bourrés d’explosifs ou les assaillants d’un lieu symbolique dont ils savent qu’il ne pourront ressortir vivants. Ils savent mener des attaques complexes, faisant de nombreuses victimes, contre des cibles importantes, notamment des installations militaires.
Les Haqqani ont le vent en poupe au sein des talibans
En octobre 2013, les forces afghanes ont intercepté l’un de leurs camions dans l’est de l’Afghanistan, qui transportait près de 28 tonnes d’explosifs, selon le Centre national américain de lutte contre le terrorisme. Les Haqqani sont accusés de multiples assassinats – dont une tentative contre l’ancien président Hamid Karzaï en 2008 -, d’enlèvements de fonctionnaires et de citoyens occidentaux, pour obtenir des rançons et forcer des échanges de prisonniers.
Ils sont également soupçonnés depuis longtemps d’entretenir des liens avec l’armée pakistanaise, que l’ancien régime afghan a toujours accusé d’œuvrer à la déstabilisation de l’Afghanistan. L’amiral américain Mike Mullen les a décrits comme un « véritable bras » des services de renseignement d’Islamabad en 2011. Une allégation que nie le Pakistan.
Former Afghan President Ashraf Ghani’s brother Hashmat Ghani swore allegiance to the Islamic Emirate of #Afghanistan at the hands of Jalaluddin Haqqani’s brother Khalil-ur-Rehman Haqqani. pic.twitter.com/RwFbm0PwoN
— Malik Ali Raza (@MalikAliiRaza) August 21, 2021
Le réseau Haqqani a énormément contribué aux avancées des talibans, dont ils sont les « forces les plus prêtes au combat », selon un rapport de l’ONU publié en juin. Dans ce même rapport, le groupe armé est qualifié de « principal lien » entre les talibans et Al-Qaïda.
Les Haqqani ont le vent en poupe au sein des talibans. Deux de leurs dirigeants sont actuellement présents à Kaboul alors que se discute la formation d’un futur gouvernement.
La promotion de Sirajuddin Haqqani au rang de chef adjoint des talibans a encore ancré ce rôle, selon plusieurs analystes.
Abouti au retrait des troupes américaines
La libération en 2019 de son frère Anas, détenu par les autorités afghanes, a été perçue comme un moyen d’aider à lancer les pourparlers directs entre les États-Unis et les talibans, qui ont finalement abouti au retrait des troupes américaines.
Sirajuddin Haqqani s’est même fendu d’une tribune dans le New York Times l’année dernière, pour exposer dans des termes très diplomatiques la position des talibans sur les négociations avec les Américains et le conflit en Afghanistan.
Alors qu’Anas Haqqani s’entretenait avec Hamid Karzaï, son oncle Khalil dirigeait des prières vendredi à Kaboul.
Sirajuddin et Khalil sont recherchés par les États-Unis, qui offrent plusieurs millions de dollars à quiconque fournira des informations permettant de les capturer.
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