Au cœur d’une enquête pour corruption, l’ancien monarque a annoncé sa décision de quitter l’Espagne dans une lettre adressée à son fils, le roi Felipe VI.
L’ancien roi d’Espagne Juan Carlos, longtemps révéré pour avoir mené la transition de la dictature de Franco à la démocratie, s’est résolu le 3 août à l’exil après que la justice de son pays a ouvert contre lui une enquête pour corruption.
Âgé de 82 ans, Juan Carlos a annoncé sa décision de quitter l’Espagne dans une lettre adressée à son fils, le roi Felipe VI qui le remercie et accepte sa décision. « Guidé à présent par la conviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que Roi, je t’informe de ma décision réfléchie de m’exiler, en cette période, en dehors de l’Espagne », a écrit l’ancien souverain dans le communiqué cité par la Maison Royale.
Juan Carlos explique à son fils sa décision par la volonté de « faciliter l’exercice de (ses) fonctions », devant « les conséquences publiques de certains événements passés de (sa) vie privée », une allusion transparente à l’enquête ouverte contre lui en juin par le parquet de la Cour suprême.
Des comptes secrets en Suisse
Le scandale remonte à 2018. Dans des enregistrements publiés alors par des médias espagnols, Corinna Larsen (qui porte aussi le nom de son ex-mari zu Sayn-Wittgenstein), une ancienne maîtresse de Juan Carlos a affirmé qu’il détenait des comptes secrets en Suisse et avait touché une commission d’une centaine de millions de dollars lors de l’attribution de la construction d’un TGV en Arabie saoudite à un consortium d’entreprises espagnoles. Le parquet anti-corruption mène une enquête sur cette affaire depuis décembre 2018.
En mars dernier, le parquet de la Cour suprême, seule compétente pour éventuellement juger l’ancien souverain, a annoncé en juin se saisir de l’enquête pour établir s’il y avait eu un délit et, si oui, s’il pouvait être imputable à Juan Carlos. L’ex roi est couvert par l’immunité pour tous les actes commis pendant son règne, jusqu’à son abdication en 2014.
« Respect absolu pour la décision de la Maison Royale »
Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a clairement laissé entendre ce mardi que le roi d’Espagne Felipe VI avait poussé son père Juan Carlos à s’exiler, en raison des soupçons de corruption qui pèsent contre lui. « Le gouvernement et moi-même manifestons un respect absolu pour la décision de la Maison Royale de prendre ses distances avec la conduite soit-disant contestable et répréhensible » d’un membre de la famille royale, a déclaré M. Sanchez lors d’une conférence de presse. « Les médias ont joué leur rôle en dénonçant ces pratiques présumées irrégulières, les juges et les procureurs agissent et (…) la Maison Royale a pris ses distances avec ces conduites présumées, et je souligne présumées, qui pourraient être irrégulières », a ajouté M. Sanchez.
« Ce n’est pas un roi qui fuit. C’est un roi qu’on jette dehors »
En attribuant la décision de l’exil à la Maison royale, M. Sanchez a confirmé l’interprétation faite par de nombreux analystes politiques selon lesquels l’ancien monarque avait été contraint de partir. M. Sanchez a affirmé ne pas savoir où était parti Juan Carlos, alors que le Palais royal se refuse à tout commentaire. Selon plusieurs médias, il s’est rendu en République dominicaine pour séjourner chez un ami, un riche homme d’affaires.
« Ce n’est pas un roi qui fuit. C’est un roi qu’on jette dehors », a déclaré Abel Hernandez, auteur de plusieurs livres sur le roi.
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