Tournant les talons après presque un demi-siècle dans le club européen, le Royaume-Uni a entamé vendredi, en même temps que 2021, sa nouvelle vie d’après le Brexit, sans perturbations immédiates mais avec de nombreuses inconnues.
Grand artisan du Brexit, le Premier ministre Boris Johnson a promis dans le Daily Telegraph « une année de changement et d’espoir », quatre ans et demi après le référendum qui a déchiré le Royaume-Uni, vantant l’accord de libre-échange qu’il a conclu juste avant Noël avec Bruxelles.
Officiel depuis fin janvier 2020 mais prenant corps jeudi soir avec l’abandon des règles européennes à l’issue des onze mois de la période de transition, le Brexit offrira des « opportunités pour transformer » le pays, selon lui.
Dans les transports, quelques jours au moins seront nécessaires pour faire un premier état des lieux des conséquences de la sortie du marché unique et de l’union douanière, car entre jour férié et pandémie, ce vendredi, le calme règnait.
The deal is done. pic.twitter.com/zzhvxOSeWz
— Boris Johnson (@BorisJohnson) December 24, 2020
Formalités douanières
« Ce n’est pas plus compliqué qu’avant le Brexit », constate à la gare londonienne de Saint-Pancras Clémence, entourée de ses enfants, à sa descente dans l’après-midi du premier Eurostar du jour en provenance de Paris.
Vendredi, le trafic autour du port anglais de Douvres s’est fait sans vagues, sans les encombrements tant redoutés avec l’entrée en vigueur de nouvelles formalités des deux côtés de la Manche.
Près de 200 camions ont aussi emprunté le tunnel sous la Manche dans la nuit, « sans aucun problème » malgré le rétablissement de formalités douanières, selon son exploitant Getlink.
« No deal » évité
Si l’accord commercial conclu in extremis avec Bruxelles ne prévoit ni quotas ni droits de douane et évite un « no deal » dévastateur, le bouleversement est réel. La libre circulation des biens et des personnes pour passer sans entrave la frontière a cessé – sauf entre l’Espagne et l’enclave britannique de Gibraltar, ainsi qu’entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande.
Malgré ces nouvelles contraintes avec le principal marché du Royaume-Uni, le conservateur Boris Johnson a fait miroiter à ses compatriotes une nouvelle ère pleine de promesses et une place renforcée dans le monde pour son pays, comme champion du libre-échange.
Avec la présidence du G7 et l’organisation de la grande conférence sur le climat COP26 cette année, 2021 sera « une année très importante » pour le rayonnement du Royaume-Uni, a-t-il assuré sur Twitter.
Proud that the UK is taking over the 2021 Presidency of the G7 today. Hosting both the G7 Summit and @COP26 will make this a hugely important year for Global Britain and I look forward to welcoming our friends and allies as we beat COVID and build back better from the pandemic.
— Boris Johnson (@BorisJohnson) January 1, 2021
Londres a déjà signé des accords commerciaux avec une soixantaine de pays, dont le Japon, mais le compromis tant convoité avec les Etats-Unis pourrait buter sur le départ de Donald Trump, Brexiter convaincu contrairement à son successeur à la Maison Blanche, Joe Biden.
Dans l’immédiat, c’est un pays gravement endeuillé par la pandémie – plus de 73.500 morts, l’un des pires bilans en Europe – et frappé par sa pire crise économique en trois siècles qui a quitté l’orbite européenne.
Les Britanniques déchirés
Boris Johnson doit aussi tourner la page d’une saga orageuse qui lui a permis de conquérir le pouvoir, mais a déchiré les Britanniques. L’unité du Royaume est fissurée, en particulier du côté de l’Ecosse qui a voté à une large majorité pour rester dans l’UE et clame de plus en plus fort son désir d’indépendance et d’Europe.
La reprise de l’activité à plein régime la semaine prochaine laisse augurer des perturbations autour des ports en raison des nouvelles formalités qui risquent de ralentir la circulations et allonger les files de camions.
Ainsi, le port de Holyhead, important terminal au Pays de Galles, proche de l’Irlande, pourrait connaître « des retards au cours des prochaines semaines », a prévenu sur Twitter le centre d’information routière gallois. Six chargements y ont été refusés vendredi car ils n’étaient pas en règle.
« Nous allons désormais voir les 80 milliards d’euros d’échanges commerciaux à travers la mer d’Irlande entre le Royaume-Uni et l’Irlande perturbés par beaucoup plus de contrôles et de déclarations, de la bureaucratie et de la paperasserie, et des coûts et retards », a regretté le chef de la diplomatie irlandaise, Simon Coveney, sur la BBC.
En Irlande, une association de transporteurs a dit craindre des semaines de « pagaille » dans les ports.
Contrairement à l’UE, le gouvernement britannique a décidé de mettre en oeuvre graduellement les contrôles douaniers. Ils ne concerneront toutes les marchandises qu’à partir de juillet.
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