Le gouvernement du Rwanda a décidé de synchroniser les dates de ses élections parlementaires et présidentielles, a indiqué le cabinet du Premier ministre dans un communiqué, ce qui les repousserait à 2024.
Lors d’une réunion vendredi présidée par le président Paul Kagame, les ministres ont approuvé sa proposition d’amender la constitution, « permettant l’harmonisation des calendriers des élections parlementaires et présidentielles », a-t-il précisé. Les élections devraient donc en principe avoir lieu en août 2024, la date initialement fixée pour l’élection présidentielle, retardant ainsi le scrutin parlementaire jusque-là prévu pour septembre 2023.
Cette décision – qui doit encore être entérinée par le Parlement – a été révélée dans un communiqué qui a aussi confirmé que la peine de 25 ans de prison de l’opposant Paul Rusesabagina, pour terrorisme, avait été commuée par décret présidentiel. Rusesabagina, 68 ans, a été libéré vendredi soir à la résidence de l’ambassadeur du Qatar à Kigali où il devrait rester quelques jours avant de s’envoler pour Doha puis pour les États-Unis, a déclaré un responsable américain.
Alors que le Rwanda prétend être l’un des pays les plus stables d’Afrique, des groupes de défense des droits humains accusent Kagame de gouverner dans un climat de peur, d’étouffement de la dissidence et de la liberté d’expression. Kagame est devenu président en avril 2000, bien que l’ancien chef rebelle soit de facto considéré comme le leader depuis la fin du génocide de 1994. Il a été réélu – avec plus de 90 % des voix – lors des élections de 2003, 2010 et 2017. Sa dernière victoire fait suite à des amendements constitutionnels contestés qui lui ont permis de remplir un troisième mandat et pourraient le voir gouverner jusqu’en 2034.
Rentable pour l’État et les partis politiques
La décision d’harmoniser les élections a été initialement lancée en février par le nouveau chef de la Commission électorale nationale (NEC), Oda Gasinzigwa, qui est un membre controversé du Front patriotique rwandais (FPR) au pouvoir de Kagame. Le secrétaire général de la NEC, Charles Munyaneza, a déclaré aux médias locaux que le changement permettrait d’économiser de l’argent. « Nous ne dépendons plus du financement des donateurs pour organiser nos élections. Et quand nous regardons nos élections, que ce soit les élections législatives ou les élections présidentielles, vous constatez que chacune coûte environ sept milliards de francs rwandais (environ 6 millions de dollars) », a-t-il déclaré. « Pourtant, environ huit milliards de francs (7 millions de dollars) suffiraient si elles étaient tenues simultanément », selon lui.
L’opposition, qui n’a qu’une faible représentation au parlement après que le FPR et les petits partis alliés ont remporté les élections législatives de 2018, a également salué cette décision. « Ce sera rentable à la fois pour l’État et pour les partis politiques », a déclaré à l’AFP Frank Habineza, chef du Parti démocratique vert du Rwanda. « Donc, si les deux ont lieu en même temps, l’État pourra économiser l’argent des contribuables qui pourrait être utilisé pour construire plus de routes, plus d’écoles ou d’hôpitaux ».
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