Le week‑end dernier, les ministres des Finances du G20 ont suspendu leurs travaux sans faire de déclaration commune lorsque deux d’entre eux, ceux de la Russie et de la Chine, ont refusé de condamner « dans les termes les plus forts » l’agression menée par Moscou en Ukraine. Quelques jours plus tôt, Pékin s’était également abstenu de voter une résolution similaire présentée à l’Assemblée générale des Nations unies.
Malgré le soutien mondial à l’Ukraine, le Parti communiste chinois (PCC) pense pouvoir séduire les pays européens que le diplomate de haut rang Wang Yi perçoit comme malléables : l’Allemagne, la France, l’Italie et la Hongrie. Avec ce dernier pays, dirigé par Viktor Orban, Pékin est en train de faire une percée.
Le PCC considère que la guerre est salutaire et qu’elle détourne les États‑Unis des ambitions territoriales ciblant Taïwan. Un sondage publié par Morning Consult la semaine dernière a révélé que les citoyens chinois sont fortement convaincus que la guerre menée par la Russie joue en faveur de leur pays.
Sur le plan diplomatique, Pékin cherche à utiliser la guerre comme un prétexte pour étendre son influence dans le Sud global en apparaissant comme un pacificateur neutre. En réalité, le soutien de Pékin à des négociations, alors que la Russie occupe toujours une grande partie de l’Ukraine, favorise la Russie en faisant pression sur Kiev pour lui faire faire des concessions. Une telle démarche permet d’ouvrir la voie à la future agression prévue par le PCC contre Taïwan.
Xi Jinping a probablement encouragé Vladimir Poutine au cours de leur rencontre 20 jours seulement avant l’invasion. Les deux hommes ont publié une déclaration commune faisant état d’un « partenariat sans limites » et d’une « nouvelle ère » de relations internationales, et ont convenu de 117,5 milliards de dollars d’accords pétroliers, gaziers et autres qui ont ensuite permis d’atténuer les conséquences des sanctions.
Pékin a fait preuve de soumission idéologique envers la Russie dans les jours qui ont suivi l’invasion en rejetant la faute sur les États‑Unis, en la justifiant comme une expression « légitime » de la sécurité nationale russe et en reprenant la désinformation russe prétendant que les États‑Unis ont soutenu un réseau de laboratoires secrets d’armes biologiques en Ukraine.
Pékin n’a pas trompé Kiev. « Le seul pays qui profite réellement de cette guerre en Ukraine, c’est la Chine », a déclaré Oleg Ustenko, conseiller économique du président ukrainien, en mars 2022, deux semaines après l’invasion.
La Russie, en raison de son statut de paria et des sanctions auxquelles elle est soumise, est de plus en plus dépendante de Pékin.
Sur le plan militaire, les deux pays organisent jusqu’à cinq exercices majeurs par an. Alors que l’administration Biden ne cesse d’affirmer que Pékin n’a pas encore envoyé de matériel militaire à la Russie pour sa guerre en Ukraine, la Chine a en réalité livré des pièces d’avions de chasse, des technologies de brouillage, des images satellites permettant de cibler des armes et des dispositifs à double usage tels que des puces électroniques et des drones civils qui ont atteint les lignes de front.
Le mois dernier, Pékin a publié un manifeste anti‑américain intitulé « L’hégémonie américaine et ses périls ». La Chine accuse les États‑Unis d’être responsables de la révolution orange de 2004 en Ukraine et affirme qu’en Ukraine et dans d’autres pays, « les États‑Unis répètent leurs vieilles tactiques de guerre par procuration, de basse intensité et par drones ».
Le soutien du PCC à Moscou est payant, notamment grâce à des remises importantes sur le pétrole et une subordination diplomatique, comme l’a illustré récemment l’accès diplomatique désormais facile de Pékin en Biélorussie.
C’est avec une certaine méfiance que Kiev espère que Pékin pourrait arrêter la guerre lancée par Poutine. Le mieux que l’on puisse espérer de façon réaliste est que la Chine s’oppose aux menaces nucléaires russes, ce qui pourrait inciter le PCC à augmenter ses exportations d’armes conventionnelles vers la Russie.
La nouvelle proposition de paix de Pékin montre comment le PCC favorise la Russie. Elle n’appelle pas au retrait des troupes russes, mais dénonce les « blocs » d’alliances comme l’OTAN et le recours à des sanctions « unilatérales ». Cependant, Moscou a rapidement rejeté cette proposition pro‑russe, affirmant qu’elle ne reconnaissait pas les « nouvelles réalités territoriales ».
Le président Joe Biden a réagi au plan proposé par la Chine en déclarant que l’implication de Pékin n’était « pas rationnelle » et que le plan ne profitait qu’à la Russie. Si le PCC soutenait la brutalité de Moscou en livrant des armes, les entreprises américaines quitteraient la Chine, a ajouté Biden.
Aucune solution négociée n’étant en vue, l’issue de la guerre dépendra des sanctions internationales et des ressources disponibles sur le champ de bataille. Le 26 février, Biden a annoncé une aide supplémentaire de 2,5 milliards de dollars à l’Ukraine, portant le total à 113 milliards de dollars.
Deux jours plus tôt, les États‑Unis ont pris des sanctions contre plus de 200 entités liées à la guerre en Russie, interdisant notamment à cinq groupes chinois d’acquérir des technologies américaines. L’OTAN et le G7 ont répondu par des sanctions et des menaces supplémentaires, dont certaines contre Pékin. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lancé une mise en garde contre une « troisième guerre mondiale » si la Chine fournissait des armes à la Russie.
Les risques sont énormes. Mais les partenaires de l’Ukraine ne peuvent accepter un soutien militaire ou un apaisement en faveur de Moscou. Pékin doit être tenu responsable de tout soutien qu’il apporte, y compris par des échanges non militaires. Un nouveau territoire pour la Russie encouragerait d’autres invasions par d’autres dictatures, notamment celle du PCC à Taïwan
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.