Le taux d’infection par le Sars‑Cov‑2 pourrait dépasser les 50% dans les provinces et les grandes villes chinoises et avoir atteint les 80% dans la capitale, Pékin, ont estimé les spécialistes et les responsables sanitaires du pays. Ces derniers dressent un tableau bien plus sombre que les autorités centrales, entrainant la méfiance de la communauté internationale.
« Le taux d’infection de la vague actuelle de Covid est déjà très élevé, dépassant les 50% dans de nombreuses grandes villes », a déclaré Zhang Wenhong, directeur du Centre national des maladies infectieuses, le 29 décembre, lors d’un forum en ligne. Selon lui, ce taux pourrait atteindre les 80% pendant le Nouvel An lunaire, fin janvier, car un grand nombre de personnes se déplacent habituellement dans le pays à cette période pour retrouver leur famille.
La Chine est frappée de plein fouet par une épidémie importante de Covid‑19 qui fait suite au retrait abrupt de la politique zéro Covid. Depuis que l’épidémie a frappé Wuhan il y a trois ans, le PCC s’était engagé à éliminer toute infection au sein des communautés. Le PCC a donc imposé des tests répétés, des confinements soudains, des quarantaines prolongées et une surveillance numérique permanente, et ce, en dépit des coûts économiques et humains. Les médias et les fonctionnaires gouvernementaux n’ont cessé de mettre en garde la population chinoise contre des conséquences désastreuses (des victimes par millions) si elle abandonnait les restrictions en choisissant de vivre avec le virus comme à l’instar de l’Occident.
Mais à la suite de protestations généralisées contre le durcissement de ces mesures de restriction, fin novembre, le régime a soudainement mis fin aux efforts de contrôle de la pandémie et a démantelé l’essentiel de sa politique zéro Covid. Les médias d’État se sont empressés de dépeindre le variant Omicron comme un virus bénin de type grippal, tandis que le Covid se propageait sans relâche parmi les 1,4 milliard de Chinois, dont l’immunité naturelle est faible, après trois années de restrictions extrêmes.
Officiellement, la Chine a fait état de milliers d’infections quotidiennes et d’une poignée de décès. Mais sur le terrain, les hôpitaux mal préparés de tout le pays sont submergés de patients et les médecins malades sont obligés de travailler. Les médicaments pour faire baisser la fièvre et la toux sont en rupture de stock. Les employés des pompes funèbres annoncent un afflux de corps important en attente d’une incinération.
« Nous ne nous attendions pas à ce que la première vague soit aussi forte », a déclaré Zeng Guang, ancien épidémiologiste en chef du Centre de contrôle et de prévention des maladies, à un groupe en ligne le 29 décembre, selon les médias chinois.
Plus de 80% des habitants de Pékin, soit 17,6 millions de personnes, pourraient avoir déjà été infectés par le Covid, a estimé Zeng Guang. Ce pourcentage pourrait être encore plus élevé, a‑t‑il ajouté.
Il est difficile de connaître le nombre exact d’infections ou de décès dus au Covid en Chine. Les chiffres officiels sont souvent occultés, car leur crédibilité est mise en doute. La semaine dernière, la Commission nationale de la santé (CNS) de la Chine a cessé de publier les taux quotidiens de cas d’infections et les décès dus au Covid. Le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, qui dépend directement de la Commission nationale de la santé, publie les informations relatives aux épidémies « à des fins de référence et de recherche ».
Un taux d’infection dépassant les 50%
En l’absence de chiffres fiables du Covid, les scientifiques étrangers se sont tournés vers les données régionales, qui donnent des chiffres nettement plus élevés que le nombre d’infections et de décès enregistrés à l’échelle nationale par les autorités sanitaires centrales, pour évaluer l’impact sur l’économie mondiale et la santé du monde.
Plusieurs provinces et villes ont récemment estimé que plus de la moitié de leurs habitants étaient infectés. De la province la plus au Nord de Heilongjiang à la plus au Sud de Hainan, des dizaines de provinces et de grandes villes se sont tournées vers les enquêtes en ligne pour évaluer l’ampleur de l’épidémie après que le régime a levé l’obligation de procéder à des tests de masse et autorisé les gens à communiquer volontairement les résultats des tests antigéniques à domicile.
Une étude menée à Hainan a montré que le taux d’infection par le Covid sur l’île tropicale dépassait les 50%. Avec une population de 10 millions d’habitants, le nombre d’infectés atteindrait les 5 millions.
Les autorités sanitaires de Hainan ont envoyé une deuxième série de questionnaires sur WeChat pour sonder l’expérience des habitants avec le Covid‑19. Le 27 décembre, le Centre de contrôle et de prévention des maladies de Hainan avait reçu plus de 33.000 réponses, ont indiqué les responsables lors d’une réunion d’information le 30 décembre.
Le taux d’infection dans la province du Sichuan (sud‑ouest), qui compte plus de 84 millions d’habitants, est de plus de 63%. Le taux réel devrait être beaucoup plus élevé étant donné que près de 30% des 158.000 personnes interrogées présentant de la fièvre, de la toux ou d’autres symptômes du Covid‑19 n’ont pas effectué de tests antigèniques ou de PCR, ont déclaré les autorités dans un communiqué du 26 décembre.
Ce chiffre correspond à un compte‑rendu de la principale agence sanitaire du pays ayant fuité lors d’une réunion en interne. La moitié des habitants du Sichuan et de Pékin ont été testés positifs au cours des 20 premiers jours du mois de décembre, selon le document. De nombreux médias occidentaux ont confirmé l’existence de ce compte‑rendu.
Dans bien des régions, la vague d’infections n’a pas encore atteint son apogée. Wu Zunyou, épidémiologiste en chef de la Chine, a déclaré lors de la conférence de presse du 29 décembre que l’épidémie à Pékin, à Tianjin et à Chengdu (Sichuan) avait peut‑être atteint son pic. Mais à Shanghai et dans plusieurs provinces du Centre et du Sud de la Chine, on observe toujours une recrudescence des infections liées aux Covid, a‑t‑il ajouté.
Les données officielles face au scepticisme
Au funérarium de Hankou, dans la banlieue de Wuhan, des vagues successives de personnes en deuil et de corbillard ont afflué le jour du Nouvel An.
Le personnel à l’entrée fortement gardée refusait de faire tout commentaire. Mais les salons funéraires d’autres villes de Chine, dont Chengdu et Pékin, ont déclaré être plus occupés que jamais depuis la levée soudaine des restrictions par le régime le mois dernier.
Ce sombre tableau contraste fortement avec le bilan officiel ridicule des décès. Dimanche, le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies a signalé un nouveau décès dû au Covid‑19 le 30 décembre, pareil pour le 31.
La Chine n’a reconnu que 11 décès dus au Covid depuis le 7 décembre, date à laquelle le régime a brusquement assoupli sa politique zéro Covid. Les responsables de la santé ont récemment expliqué qu’ils ne comptaient que les personnes décédées d’une insuffisance respiratoire causée par le Covid‑19, excluant les décès dus à d’autres maladies et affections, même si le défunt avait été testé positif au virus.
« Je pense que la définition [des décès dus au Covid] en Chine est assez restreinte », a déclaré Mike Ryan, directeur des urgences à l’Organisation mondiale de la santé, lors d’une réunion d’information le 21 décembre. De tels critères « sous‑estimeront très largement le véritable bilan des décès liés au Covid », a‑t‑il ajouté.
Airfinity, une société d’analyse des données de santé basée en Grande‑Bretagne, a estimé à 9000 le nombre de personnes en Chine mourant probablement quotidiennement du Covid. Le nombre de décès cumulés en Chine depuis le 1er décembre a probablement atteint les 100.000, avec un total de 18,6 millions d’infections, ont déclaré les chercheurs le 29 décembre.
Face au scepticisme croissant quant à la fiabilité des statistiques officielles, Wu Zunyou a fait une déclaration aux journalistes, lors de la même séance d’information jeudi dernier. Il a déclaré que la différence entre le nombre de décès liés à la vague actuelle d’infections et le taux de mortalité pour la même période dans les années sans pandémie serait examinée afin de calculer la « surmortalité » et évaluer toute sous‑estimation potentielle des décès dus au Covid‑19.
L’inquiétude se propage dans le monde
Depuis le début de la pandémie, le régime a été de plus en plus critiqué pour avoir dissimulé les informations relatives au Covid afin de minimiser les nouvelles qu’il jugeait nuisibles à son image. Dans le contexte de l’épidémie actuelle, le manque de transparence des données a suscité l’inquiétude de la communauté internationale car il est possible qu’un nouveau variant malin émerge de Chine.
L’Australie et le Canada sont les derniers pays en date à avoir exiger des voyageurs en provenance de Chine des tests Covid‑19 négatifs à leur arrivée. Les États‑Unis, la Grande‑Bretagne, la France, la Corée du Sud et plusieurs autres pays ont tous imposé des mesures similaires. Le Maroc va imposer une interdiction aux personnes en provenance de Chine, a déclaré son ministère des Affaires étrangères.
Global Times, un tabloïd chinois, s’est insurgé contre le nombre croissant de gouvernements étrangers qui imposent des tests Covid aux voyageurs en provenance de Chine, qualifiant ces restrictions de « discriminatoires ».
Les nouvelles exigences d’entrée pour les arrivées en provenance de Chine sont intervenues alors que le régime a annoncé la semaine dernière qu’il rouvrirait ses frontières à partir du 8 janvier.
« Je tiens à souligner que le gouvernement se félicite de la reprise des voyages entre l’Australie et la Chine … Je tiens également à souligner qu’il s’agit d’une mesure temporaire, reflétant le manque d’informations complètes à l’heure actuelle sur la situation en Chine », a déclaré le ministre australien de la santé, Mark Butler.
Reuters a contribué à cet article.
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