« Empreintes de vie » : en Équateur, les histoires d’une immense collection de baskets

Par Epoch Times avec AFP
10 août 2024 08:30 Mis à jour: 10 août 2024 11:51

De longues rangées de milliers de baskets aux design, couleurs et histoires divers remplissent les étagères d’un collectionneur équatorien. Des légendes du football comme Maradona, des icônes de la musique ou des membres de gangs y sont dépeints au travers de leur style de chaussures.

« Chaque paire évoque une certaine période de la vie de ces personnes, mais également une période de notre réalité dans son ensemble, de l’histoire », explique à l’AFP Esteban Del Hierro, qui a accumulé plus de 7000 paires de « sneakers » au cours des 45 dernières années. « Le fait de marcher est une partie essentielle de nos vies », souligne-t-il. M. Del Hierro finance ses achats grâce à ses fonds personnels et souhaite désormais faire don de sa collection au profit du monde de l’art et du sport.

Sur une colline au nord de Quito, un logement d’environ 400 m2 est entièrement pensé pour accueillir sa collection sur des rangées d’étagères d’une longueur totale de 3,3 kilomètres, où l’on navigue par des couloirs étroits. Elles contiennent environ 5500 paires. « Ça a une odeur de magasin de chaussures, pas de pieds », plaisante-t-il.

Il loge dans une maison voisine, qui contient elle 1500 paires, dit-il en présentant un exemplaire de « Nike Cortez », célèbre modèle créé en 1972 en l’honneur du conquérant espagnol Hernan Cortés, souvent porté par les membres du redoutable gang Mara Salvatrucha (MS-13) au Salvador.

Adidas, Puma, Reebok, Gucci ou Louis Vuitton

L’amateur de baskets montre cette paire blanche style rétro, avec son emblématique « swoosh » (logo Nike) couleur céleste : c’est le premier modèle de la sorte. La paire a aussi été utilisée au cinéma, notamment dans Forrest Gump (1994) lorsque le personnage principal, incarné par Tom Hanks, entreprend de courir pendant trois ans sans s’arrêter. Le MS-13 arbore des Cortez « comme (les) tatouage(s) » qui le caractérisent, explique M. Del Hierro, en précisant que des couleurs distinctes sont associées aux différents territoires du gang.

Esteban Del Hierro pose avec sa collection de plus de 7 000 paires de baskets et de chaussures de sport à Quito le 25 juillet 2024. (GALO PAGUAY/AFP via Getty Images)

Le gang d’origine américaine Latin Kings, qui opère dans plusieurs pays, a adopté lui comme emblème d’appartenance les Timberland à la languette inversée. Elles figurent aussi dans la collection de M. Del Hierro, tout comme d’autres paires de marques Adidas, Puma, Reebok, Gucci ou Louis Vuitton.

Le lieu est parsemé de modèles qui peuvent paraître étonnants, notamment des collaborations inattendues avec des marques de voitures de luxe : Ferrari, Porsche, Mercedes-Benz… Des chaussures de bateau Skipper, « emblématiques en Amérique latine », selon M. Del Hierro, intègrent également la collection. Un modèle porté par le mythique boys band portoricain Menudo et des groupes argentins de cumbia villera, un genre musical né en Argentine.

Certaines baskets sont devenues des objets de collection et rapportent des millions aux vendeurs en vertu d’un marché florissant et d’une abondance de ventes aux enchères. « C’est là la puissance de la mode », se réjouit M. Del Hierro, qui a acheté à crédit une paire d’Adidas TRX à l’âge de dix ans, sa première paire de marque étrangère qu’il a conservée.

Un « élément essentiel »

Il espère se voir attribuer un record Guinness grâce à son immense assortiment : le record actuel est de 2388 paires appartenant à l’Américain Jordy Geller. Sa collection comprend environ 1000 paires de chaussures de football, dont certaines fabriquées à partir de peau de kangourou, ou du même type que celles portées par des joueurs légendaires comme Pelé ou Maradona. Selon lui, il n’existe pas de record de collection de chaussures de football et la sienne pourrait lui valoir un tel titre.

Une autre paire attire l’attention: les chaussures en fibre de carbone produites en 2008 pour le footballeur Cristiano Ronaldo. C’est la paire numéro 147 des 999 de ce même modèle mises en vente pour le public.

M. Del Hierro aimerait créer un musée et un centre culturel urbain afin de soutenir les artistes, sportifs, enfants et jeunes membres des gangs en espérant leur permettre de renoncer à l’illégalité. « Les chaussures ont une symbolique très intéressante ». Par exemple, les chaussures noires du pape François seraient « un symbole d’humilité », note-t-il.

L’ancien président équatorien Guillermo Lasso (2021-2023), qui a désormais 68 ans, portait une paire de tennis rouges durant sa campagne afin de conquérir les jeunes électeurs. Donald Trump, candidat républicain et ancien président des États-Unis, a lancé en février sa ligne de chaussures de sport, couleur dorée, décorées de la bannière étoilée du drapeau américain. « Les chaussures laissent des empreintes. Elles sont un élément essentiel de l’être humain », conclut le collectionneur.

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