Le vote RN progresse dans les villes et conquiert de nouvelles catégories sociales

Par Epoch Times avec AFP
12 juin 2024 16:50 Mis à jour: 12 juin 2024 16:54

Le Rassemblement national a renforcé lors des élections européennes son ancrage dans les territoires ruraux et périurbains comme dans les cités petites et moyennes.

Avec un vote RN (31,4% des voix) en tête dans 93% des communes, difficile d’échapper à la vague bleu marine.

« On assiste à un effet d’enracinement du vote RN dans les territoires (…) et si on l’associe au vote Reconquête! on a des scores tout à fait spectaculaires », observe Emmanuel Négrier, directeur du Centre d’études politiques et sociales de Montpellier.

« En moyenne, le RN réalise des scores homogènes, au-dessus de 30% des suffrages en moyenne, quelque soit la taille des communes, et arrive même tête dans les villes de plus de 200 000 habitants (26% de moyenne) », analyse Public Sénat. “Ce parti ne représente plus seulement la France des périphéries mais son ancrage territorial ressemble à celui de la droite historique avec des spécificités propres au RN”, commente Tristan Haute, maître de conférences en sciences politiques à l’université de Lille, et spécialiste des comportements électoraux.

Le RN maintenant aussi en tête dans beaucoup de villes petites et moyennes

Élément nouveau, des zones rurales historiquement acquises à la gauche ne sont plus hermétiques à la droite nationaliste, comme dans le Languedoc où, selon le politologue, la partition entre « littoral extrême-droitisé » et « arrière-pays qui résiste » a disparu.

Souvent citée pour expliquer la vague RN, l’idée d’une fracture territoriale entre territoires ruraux délaissés, reprise par le RN dans ses arguments de campagne, et grandes métropoles prospères mondialisées, fait aujourd’hui débat parmi les chercheurs.

« L’éloignement des grandes villes continue d’être un facteur d’adhésion à l’extrême droite », relève Yves Sintomer, professeur de sciences politiques à l’université Paris 8. Mais, ajoute-t-il, le RN « arrive aussi en tête dans beaucoup de villes petites et moyennes de province où le score n’était jusqu’ici pas aussi haut, ainsi qu’en périphérie des grandes agglomérations comme en Seine-et-Marne ». Une progression qui s’explique, selon lui, par le vote des retraités, jusqu’ici peu acquis la droite nationaliste, et fortement représentés en milieu rural.

La « conquête de nouvelles catégories sociales comme les classes moyennes, voire supérieures »

« Ce qui est nouveau, c’est que le RN progresse quelle que soit la taille des communes », abonde Tristan Haute, maître de conférences à l’université de Lille. Il l’explique notamment par « le basculement à l’extrême droite de bastions de la droite républicaine, avec des populations à la fois un peu moins diplômées et un peu moins précaires ».

Très présent dans les périphéries urbaines dans les années 1980-1990, avec un discours politique centré sur l’immigration et l’insécurité, le RN se pose depuis l’arrivée à sa tête de Marine Le Pen en 2011 comme l’ardent défenseur de l’agriculture et des services publics en milieu rural.

« On assiste aujourd’hui à un rééquilibrage du rural vers l’urbain, avec une progression du RN y compris dans les villes de 20.000 ou 30.000 habitants et dans certaines grandes villes », analyse Gilles Ivaldi, chargé de recherche au Cevipof. Une tendance qui correspond, à ses yeux, à la « conquête de nouvelles catégories sociales comme les classes moyennes, voire supérieures ».

Autrefois considéré comme honteux, le vote RN est aujourd’hui respectable et assumé, notamment en milieu rural. « Le haut des catégories populaires et aussi les artisans, les commerçants (…) disent aujourd’hui fièrement voter RN », selon le sociologue Benoît Coquard.

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