« L’école, cible de la mouvance islamiste »: « un échec collectif » après qu’un proviseur d’un lycée de Paris a quitté ses fonctions

Par Vincent Solacroup
27 mars 2024 16:30 Mis à jour: 28 mars 2024 08:29

Des responsables politiques ont déploré mercredi un « échec » face à la « mouvance islamiste », après le départ du proviseur de la cité scolaire Maurice-Ravel à Paris, menacé de mort sur internet après une altercation avec une élève fin février à qui il demandait de retirer son voile. Il sera reçu mercredi après-midi à Matignon par Gabriel Attal.

Un mois après les faits intervenus le 28 février, le proviseur a quitté ses fonctions « pour des raisons de sécurité », selon un message envoyé aux enseignants, élèves et parents. Le rectorat a, lui, évoqué « des convenances personnelles » et un « départ anticipé » en retraite « au vu des événements qui ont marqué ces dernières semaines ».

« C’est inadmissible, notre proviseur a juste appliqué la loi en demandant à cette élève d’enlever son voile », a réagi sur CNEWS une professeure de musique du lycée Maurice-Ravel.

« Un échec collectif »

Des responsables politiques ont déploré mercredi un « échec » face à la « mouvance islamiste », après le départ du proviseur. « Voilà à quoi aboutit le pas de vagues, voilà où nous mènent les petites lâchetés et les grands renoncements », a réagi le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.

« On ne peut pas l’accepter », a déclaré le chef des députés socialistes Boris Vallaud, estimant que c’était « un échec collectif ».

« C’est surtout une défaite de l’État » face à « la gangrène islamiste qui prospère », a estimé sur Sud Radio la tête de liste Reconquête! aux élections européennes, Marion Maréchal.

La maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, qui a eu le proviseur au téléphone pour « l’assurer de son soutien total et de sa solidarité », est « atterrée et consternée » « mais comprend sa décision de se protéger », selon son cabinet.

Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France, a aussi apporté son « soutien » au proviseur. « Ses agresseurs doivent être mis hors d’état de nuire », a-t-elle écrit sur le réseau social X.

« L’école, cible favorite de la mouvance islamiste » titrait l’Opinion. « La cible des Frères musulmans, c’est l’École, pas le vêtement », a déclaré dans le média le chercheur, spécialiste du jihadisme, Hugo Micheron.

Didier Lemaire, professeur de philosophie placé sous protection judiciaire suite à des menaces pour avoir alerté sur la montée de l’islamisme, considère qu’une des principales raisons du manque de soutien du proviseur par les serviteurs des services publics tient « à la perte de sens de la mission de services publics dans tous les domaines, que ce soit l’école, la justice, la police, la santé. Nos représentants ont aujourd’hui oublié que ces services publics sont le ciment de la nation » a t-il déclaré sur CNEWS. Il pointe également dans une interview au Figaro, une absence de courage politique pour les (terroristes islamistes ndlr) affronter : « Identifier correctement la nature de leur projet et les stratégies mises en œuvre pour le réaliser, neutraliser ceux qui peuvent passer à l’acte en adaptant nos lois à un état qui n’est plus tout à fait un état de paix, restaurer l’autorité de l’État et proposer aux Français un plan de lutte à long terme pour éliminer ce fléau. »

La plainte de l’élève classée sans suite

Le proviseur avait « rappelé (le 28 février) à trois élèves leur obligation de retirer leur voile » islamique dans l’enceinte de l’établissement afin de respecter la loi interdisant les signes religieux ostentatoires, selon le parquet. « L’une d’elles, majeure et scolarisée en BTS », avait « ignoré le proviseur, ce qui a provoqué une altercation », d’après la même source.

Des menaces de mort à l’encontre de ce proviseur avaient ensuite été proférées sur internet. L’élève de BTS avait dit au Parisien avoir été « tapée violemment au bras » par le proviseur. Un jeune homme de 26 ans, originaire des Hauts-de-Seine, a été arrêté et doit être jugé le 23 avril à Paris pour avoir menacé de mort le proviseur sur internet.

La plainte déposée par l’élève qui accusait le proviseur de l’avoir violentée lors d’un incident lié au voile a été classée sans suite, a indiqué, ce mercredi, le parquet de Paris.

Gabriel Attal recevra mercredi après-midi à Matignon le proviseur de la cité scolaire Maurice-Ravel à Paris, ont annoncé les services du Premier ministre.

La ministre de l’Éducation Nicole Belloubet, qui participera à ce rendez-vous, s’était rendue début mars au lycée Ravel pour soutenir le proviseur et déplorer des « attaques inacceptables ». Elle avait souligné qu’une « série de mesures » avait été prise pour protéger le proviseur, « de la protection fonctionnelle à un travail sur les réseaux sociaux, en lien avec la plateforme Pharos » de signalement des contenus illicites en ligne, en passant par « la sécurisation de l’établissement ».

Le ministère de l’Éducation nationale a assuré mercredi qu’il « n’abandonn(ait) jamais ses agents » face aux menaces. « Après la décision du proviseur, compréhensible au regard de la gravité des attaques dont il a fait l’objet, toutes les équipes de l’Éducation nationale demeurent mobilisées », a-t-il ajouté dans un communiqué. « Les services de l’académie de Paris continueront à l’accompagner dans l’ensemble de ses démarches ».

Le nouveau proviseur de la cité scolaire, qui a pris ses fonctions lundi, a expliqué avoir été « missionné par la direction académique » pour assurer l’« intérim jusqu’au mois de juillet prochain », dans son message adressé à la communauté éducative. Il y ajoute qu’il sera « aidé (…) par l’équipe de direction et l’ensemble de la communauté scolaire du lycée », « soudés pour faire face à cette situation exceptionnelle ».

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