Quand l’école contribue à la réorganisation du tissu rural

septembre 7, 2016 7:00, Last Updated: septembre 7, 2016 10:53
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« C’est bien la campagne, mais pour les écoles, c’est parfois le casse-tête ». Cette assistante maternelle et maman du petit village de Boisleux-Saint-Marc dans le Pas-de-Calais n’est probablement pas la seule en France à penser la même chose. Cette commune du Nord fait partie d’un regroupement pédagogique intercommunal (RPI), comprenant trois autres communes du département qui se partagent leurs élèves sur des niveaux dispersés sur chacune des communes. Jusqu’en novembre prochain, les CM1-CM2 de ces quatre communes se rendent à Moyenneville, les CE2-CM1 ont leur salle de classe à Boisleux-Saint-Marc et les CP-CE1 étudient à Hamelincourt. Beaucoup de trajets en bus permettent de gérer cette organisation intercommunale mise en place afin de pallier la faiblesse des effectifs de ces zones rurales.

C’est pour faire face à l’exode rural des années 70 que les RPI ont été instaurés en France. Le départ massif des populations rurales vers les grandes villes semble aujourd’hui dépassé mais les effets sont toujours présents. Ainsi, une étude de l’Insee publiée en 2014 et intitulée Trente ans de démographie des territoires, de 1982 à 2011, révélait que « les communes rurales, dans leur ensemble, ne perdent pas de population depuis trente ans : l’exode rural est achevé depuis les années 1970. Mais elles n’en gagnent que quand elles sont situées à proximité d’une ville, et d’autant plus que cette ville est grande ».

Alors qu’au niveau national, on enregistrait une hausse continue des effectifs scolaires du premier degré sur la décennie 2005-2015, les départements les plus marqués par la ruralité ont connu une baisse de l’ordre de 10 000 élèves entre 2011 et 2014, une diminution risquant de s’aggraver avec la baisse attendue de 25 000 élèves sur l’ensemble du territoire national à l’horizon 2018.

En France, environ 560 000 élèves sont scolarisés dans 4 859 regroupements intercommunaux.

Lors de la rentrée scolaire de 2003, on comptait 4 762 RPI sur tout le territoire français. En 2014, ils étaient déjà 4 859, scolarisant environ 560 000 élèves. On retrouve souvent les RPI dans les départements les plus ruraux, avec de communes de 200 à 400 habitants. En moyenne, un RPI accueille 115 élèves répartis sur 3,2 communes et 5 classes, avec un effectif par classe de 22,6 élèves.

Ces regroupements pédagogiques intercommunaux peuvent être dispersés (une classe par commune) ou concentrés (toutes les classes concentrées sur un seul site). Une récente étude de la DGESCO (Direction Générale de l’Enseignement Scolaire) de décembre 2015 établissait un lien entre une diminution des RPI dispersés au profit des RPI concentrés entre 2004 et 2014.

C’est ainsi le cas dans ce regroupement du Pas-de-Calais, lequel progressivement, va concentrer toutes ses classes dans la commune de Hammelincourt, ceci dès novembre prochain qui verra la classe de CE2-CM1 déménager de Boisleux-Saint-Marc vers les locaux fraichement agrandis de Hammelincourt.

Ce « regroupement de regroupements » semble être une tendance qui se confirme sur tout le territoire. L’objectif, selon le ministère, est de lutter contre l’isolement géographique et pédagogique des élèves et des enseignants.

C’est dans cette optique qu’ont été instaurées « les conventions ruralité » avec les élus depuis 2014. La signature de cette convention permet aux élus de garantir le maintien de postes d’enseignants dans leur commune pendant trois ans, en échange de quoi le maire s’engage à réfléchir à une « réorganisation » de son établissement : fermeture, regroupement… en tenant compte des facteurs tels que l’enclavement du territoire, l’existence de bassins de vie, le temps de transports acceptables, etc. Acceptées par certains maires qui y voient le moyen de sauvegarder la vie des régions rurales, décriées par d’autres, 18 conventions ont d’ores et déjà été signées depuis 2014, 22 autres sont en cours et 30 sont en projet. 

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