L’Allemagne doit faire preuve de prudence dans ses relations économiques avec la Chine et ne pas commettre de nouveau l’erreur, comme avec la Russie, de « dépendre d’un pays qui ne partage pas [ses] valeurs », a estimé mercredi la ministre des Affaires étrangère Annalena Baerbock.
A cet égard, la cheffe de la diplomatie met en garde, dans une interview au quotidien Süddeutsche Zeitung, contre le projet d’investissement de l’armateur chinois Cosco dans un terminal du port de Hambourg.
« La Chine a changé ces dernières années, elle s’isole du monde, menace d’agir militairement contre Taïwan et tente d’imposer ses propres règles en lieu et place des normes internationales », constate Mme Baerbock.
Premier partenaire économique de l’Allemagne et marché vital pour le puissant secteur automobile, la Chine a longtemps été courtisée et ménagée par Berlin. Mais le gouvernement d’Olaf Scholz a eu tendance à durcir le ton depuis un an.
Ne pas dépendre « d’un pays qui ne partage pas nos valeurs »
La leçon à tirer des échecs politiques avec la Russie est que « nous ne devons plus dépendre existentiellement d’un pays qui ne partage pas nos valeurs », au risque de se rendre « politiquement vulnérables au chantage », poursuit la ministre.
L’Allemagne, qui avait fait de la Russie son principal fournisseur de gaz ces dernières décennies, est frappée de plein fouet par la baisse drastique des livraisons russes.
La ministre se dit sceptique vis-à-vis du projet de prise de participation de Cosco dans l’un des quatre terminaux du port de Hambourg. Le gouvernement allemand doit prochainement se prononcer dans ce dossier particulièrement sensible.
Le dossier sensible de prise de participation dans le port de Hambourg
« A chaque investissement dans une infrastructure critique allemande, nous devons nous demander ce que cela pourrait signifier dans un contexte où la Chine se dresserait contre nous en tant que démocratie et communauté de valeurs », a-t-elle averti.
Tout en souhaitant diversifier les partenaires économiques de l’Allemagne, Olaf Scholz ne compte pas tourner le dos à Pékin: « nous ne devons pas nous détacher de certains pays, nous devons continuer à faire des affaires avec certains d’entre eux – je dis expressément: également avec la Chine », a-t-il mardi devant les industriels de la fédération allemande de la construction mécanique (VDMA).
Selon plusieurs médias allemands, le chancelier envisage de se rendre en Chine en novembre, dans ce qui serait le premier voyage d’un dirigeant du G7 dans ce pays depuis le début de la pandémie de Covid-19.
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