Nommé mercredi ministre italien de l’Economie et des Finances, Roberto Gualtieri est un économiste chevronné doublé d’un redoutable juriste, des compétences qu’il a démontrées depuis 2014 au poste stratégique de président de la commission des Affaires économiques du Parlement européen.
Alors que l’Italie a connu des rapports difficiles avec Bruxelles et évité de justesse cette année une procédure d’infraction pour déficit excessif, M. Gualtieri sera aux avant-postes pour négocier une très probable rallonge budgétaire pour 2020.
Cet ancien professeur d’histoire contemporaine s’y trouvera en terrain plus que connu.
Président depuis cinq ans de la commission des Affaires économiques au Parlement européen, il a poussé pour une série de réformes financières visant à renforcer la stabilité de la zone euro face à une éventuelle crise.
Il a aussi fréquemment assisté aux réunions des ministres européens des Finances et suivi de près les développements dans la zone euro, notamment lors de la crise grecque en 2015.
« Il connaît bien les institutions européennes et leur fonctionnement. Les Italiens ont été très clairs quant à leur propre lecture des règles budgétaires de l’UE et il en connaît très bien les limites. C’est un atout d’avoir quelqu’un avec cette expérience », a déclaré à l’AFP une source européenne, sous couvert de l’anonymat.
Sa nomination sera accueillie positivement tant à Bruxelles que dans les institutions internationales, alors que les rapports ont été souvent tendus avec la coalition populiste sortante, notamment avec son vice-Premier ministre Matteo Salvini, qui a régulièrement attaqué de manière frontale la Commission.
La future présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a ainsi vu dans la nomination de ce Romain de 53 ans « un bien pour l’Italie et pour l’Europe », en marge de son audition mercredi, selon des propos rapportés par les agences italiennes mercredi.
Ses compétences sont louées. « C’est un économiste sérieux et un redoutable juriste », a déclaré à l’AFP Pervenche Berès, ancienne eurodéputée socialiste française de 1994 à 2019, qui a siégé dans sa commission parlementaire. « C’est un surdoué, il a une grande agilité intellectuelle, une très grande mémoire, il lit les choses une fois et il les sait, il intègre aussitôt sa lecture dans son raisonnement », a-t-elle ajouté.
« C’est une chance pour l’Italie et pour l’Europe », a estimé Mme Berès, tout en soulignant que s’il s’agit d’un européen convaincu, il est aussi « très italien: dans une négociation, il a toujours défendu très fortement les intérêts italiens », mais il le fera dans les règles.
C’est quelqu’un de « très sûr de lui », mais « plutôt calme, raisonnable », a noté la source européenne interrogée par l’AFP, en précisant ne l’avoir « jamais entendu élever la voix ».
Il n’est pas, selon Mme Berès, « un fan du pacte de stabilité tel qu’il est actuellement ». Il plaide pour un changement des règles, comme il l’a fait par exemple pour rendre moins rigides les normes sur les aides d’Etat aux banques.
Né le 19 juillet 1966 à Rome, Roberto Gualtieri est titulaire d’un doctorat en histoire contemporaine, matière qu’il a enseignée à l’Université La Sapienza à Rome.
De 2001 à 2014, il est directeur adjoint de la fondation Istituto Gramsci et écrit de nombreuses ouvrages et articles sur l’histoire italienne et internationale au XXe siècle et sur l’intégration européenne.
D’abord cadre au sein des Démocrates de gauche, il devient en 2008 membre de la direction nationale du Parti démocrate qui lui succède. A partir de 2009, il est député européen. Et depuis 2016, il est membre du groupe de pilotage sur le Brexit et sherpa du Parlement européen pour les négociations sur le Brexit.
Côté vie privée, il est marié et a un fils. Musicien, il joue très bien de la guitare et n’a pas hésité à faire des prestations en solo lors d’événements festifs au Parlement européen.
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