L’Hôtel de Ville comme un phare dans le brouillard : la droite parisienne, déstabilisée par le ralliement à Renaissance de Rachida Dati, la dissolution et l’alliance d’Éric Ciotti avec le Rassemblement national (RN) pour les législatives des 30 juin et 7 juillet, se raccroche à l’espoir d’une victoire aux municipales en 2026.
« Pour nous, c’est le chant du cygne. » Candidat LR dans la 7e circonscription, dans le centre de Paris, Aurélien Véron en est persuadé : « on fait notre dernière campagne avec LR ».
« Ce qu’a fait Ciotti est irréversible », dit à l’AFP ce conseiller de Paris, dont le camp, sans député parisien depuis 2022, est « secoué » par la tempête politique née des européennes.
Dans une capitale où le RN n’est arrivé qu’en sixième position (8,54%), très loin de son score national, les partisans de « l’union des droites » prônée par le député niçois se comptent sur les doigts d’une main face au « RPR canal historique », comme le surnomme Agnès Evren, présidente de la fédération parisienne du parti.
Ils misent notamment sur Arnaud Dassier et Louis Piquet, candidats dans le 16e arrondissement, bastion de la droite où RN et Reconquête ont cumulé un quart des voix aux européennes.
Dans ces 4e et 14e circonscriptions, « il n’y a pas de risque » que le parti nationaliste l’emporte, a affirmé mardi le sénateur et ex-maire d’arrondissement Francis Szpiner, partisan d’une ligne ni RN, ni Renaissance.
Rachida Dati, « fausse droite »
Tête de liste Reconquête lors des européennes, Marion Maréchal est venue mercredi soutenir MM Dassier et Piquet, disant vouloir trouver pour les municipales de 2026 « une alternative à cette fausse droite qu’est Rachida Dati ».
En janvier, cette dernière, installée depuis 2000 dans le rôle de candidate naturelle du premier groupe d’opposition à la maire PS Anne Hidalgo, avait jeté le trouble dans ses rangs en acceptant de devenir ministre de la Culture.
Sa présence remarquée lors d’un meeting de Renaissance avait précipité le départ de Francis Szpiner, suivi par une dizaine d’élus refusant ce rapprochement imposé avec la majorité présidentielle.
Avec l’investiture par le camp d’Emmanuel Macron de Jean Laussucq, son adjoint à la mairie du 7e arrondissement, dans la 2e circonscription, Rachida Dati prépare un peu plus le terrain pour 2026.
« On a proposé un rassemblement qu’on pourrait proposer demain à Paris » avec « toutes les forces qui veulent l’alternance », explique à l’AFP M. Laussucq, dont le suppléant est un conseiller de Gabriel Attal. Et face à qui LR n’a investi aucun candidat.
Ex-LR, M. Laussucq doit toutefois se débarrasser d’une foule d’adversaires au centre et à droite : le député sortant Gilles Le Gendre, un Marcheur historique, la candidate LR de M. Szpiner et celui du parti de David Lisnard, Nouvelle Énergie.
Des candidats accusés « d’entretenir la confusion »
Pour M. Szpiner, « le choix est clair » face aux candidats « qui veulent entretenir de la confusion », dit-il en visant à la fois les pro-RN et les pro-Renaissance.
Mais le champ libre laissé par LR à Renaissance dans cette circonscription marquée à droite n’a pas fait de vagues. « À part Szpiner qui continue à taper, ce n’est pas trop un sujet », résume Aurélien Véron, qui voit le changement de cap opéré en janvier par Mme Dati justifié a posteriori : « elle a senti que Ciotti allait embarquer le parti dans le RN ».
« On a une préfiguration de ce scrutin parisien (de 2026) qui nous autorise ce genre de choses », estime Rudolph Granier, candidat dans le 18e arrondissement.
Renaissance, « ce n’est pas trop loin », valide Marc Bourguignat, un sympathisant LR du 16e arrondissement qui dit « comprendre » le choix de Mme Dati.
Pour David Alphand, autre soutien LR de Mme Dati, « la nécessité de rassemblement » est aussi renforcée par les scores du « bloc de droite » composé de Valérie Hayer et François-Xavier Bellamy, qui « a beaucoup mieux résisté aux intempéries » à Paris (environ 28%) que sur le territoire national (22%).
Et si la maire du 7e arrondissement, en tête dans les sondages ces derniers mois face à Mme Hidalgo, doit quitter la rue de Valois en cas de défaite du camp présidentiel, « son image reste une image de leader à Paris », souligne M. Véron.
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